Né le 1er juin 1907 à Meiningen (Allemagne), massacré le 4 avril 1944 à Saint-Ybard (Corrèze) ; victime civile d’origine juive.

Fuyant le nazisme, Martin Aul avait trouvé refuge à Uzerche (Corrèze). Il trouva la mort dans les circonstances suivantes.
Du 3 au 6 avril 1944, la ville d’Uzerche fut occupée par un détachement d’environ 400 soldats de la division Brehmer. Celle-ci poursuivait une action commencée le 26 mars et qui se prolongea jusqu’au 16 avril 1944. La division Brehmer, ou division « B », de l’initiale du patronyme de son chef, le général Walter Brehmer, mena des opérations de ratissage et de répression des maquis et de persécutions des Juifs de nature génocidaire en Dordogne, puis en Corrèze et en Haute-Vienne. Cette division était une unité de marche temporaire constituée pour cette mission. Hétéroclite, elle réunissait pour un effectif total de 8 000 hommes - deux régiments de sécurité dont le 95e basé à Périgueux, deux bataillons motorisés dont le 958e bataillon de DCA, un bataillon d’infanterie de Géorgiens (Ost bataillon 799) en garnison à Périgueux puis à Tulle, deux brigades d’intervention de la Feldgendarmerie de Périgueux et de Bergerac, une unité SS-Sipo-SD commandée par le capitaine SS Kurt Holler détaché du SD de Lyon et chargé de la liaison avec August Meïer, SS-Obersturmbannführer (lieutenant-colonel), Kommandeur de la Sipo-SD de Limoges. Certaines actions furent conduites avec la participation de la Brigade ou Phalange nord-africaine de la Gestapo parisienne placée sous le commandement d’Alexandre Villaplane et intégrée à la Hilfspolizei. Elle disposait de 24 véhicules blindés et d’une douzaine de pièces d’artillerie légère.
Elle bénéficiait d’informations collectées par des délateurs, collaborationnistes ou non, et par la Milice (2e service) et l’administration de Vichy. Le modus operandi de la Brehmer consistait à encercler les bourgs, à rassembler la population, désigner des otages – notamment les édiles –, obtenir des renseignements (liste des Juifs, identité des réfractaires au STO et des résistants, localisation des maquis). Les suspects et les hommes juifs étaient abattus, les femmes et les enfants d’origine juive arrêtés et emmenés pour être déportés. De nombreux bâtiments furent pillés et incendiés.
À Uzerche, pendant trois jours, l’action des Allemands fut exclusivement dirigée contre les Juifs. Avec quatre gendarmes requis, ils multiplièrent les visites domiciliaires et raflèrent dès le 3 avril 1944 28 personnes d’origine juive. 22 furent transférées à Drancy via Limoges. 21 furent déportées le 29 avril 1944 à Auschwitz-Birkenau, par le convoi n° 72. Le 22e partit par le convoi n° 73 à destination des pays baltes. Parmi les 28 personnes arrêtées, deux hommes, Martin Aul et Jean Lipski, furent emmenés en voiture à proximité du village du Claux, sur la commune de Saint-Ybard et abattus. Dans un procès-verbal en date du 5 avril 1944 établi par les gendarmes d’Uzerche, Vigneron, Chassagne et Visticot, ces derniers relatent la découverte de deux cadavres identifiés comme étant ceux de Jean Lipski et de Martin Aul, tous deux Juifs étrangers. « Les gendarmes détaillent la découverte des corps et racontent que les deux victimes ont été arrêtées par la police allemande le 3 avril 1944. Le lendemain, on les a vus à bord d’une voiture allemande se dirigeant vers le lieu du crime. Une demi-heure plus tard, ils ne s’y trouvaient plus. Une rafale de mitraillette a été entendue mais personne ne veut témoigner. » [Mémorial de la Shoah-CDJC, cote CCXVIII-37]. Leurs noms sont inscrits sur le monument aux Morts d’Uzerche.
L’on ignore encore le sort dévolu à quatre personnes : Alexandre Alter, 40 ans ; Syma Alter, 37 ans ; Jacob Grynsztajn et Dowjora Litwinzak.
Sources

SOURCES : Guy Penaud, Les crimes de la division Brehmer, La traque des résistants et des juifs en Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne (mars-avril 1944), Périgueux, Éditions La Lauze, 2004, p. 338, 407. — Paul Mons, Afin que nul n’oublie, la folie meurtrière de la division Brehmer, mars-avril 1944, Editions Les Monédières, p. 171-172. — MémorialGenWeb. — Bases de données du Mémorial de la Shoah-CDJC, du Mémorial de Klarsfeld et de Yad Vashem.

Dominique Tantin

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