Né le 11 octobre 1872 à Luxembourg (Grand-Duché de Luxembourg), massacré le 4 avril 1944 à Affieux (Corrèze) ; victime civile d’origine juive.

Georges Godchaux
Georges Godchaux
Crédit : Yad Vashem, feuille de témoignage de Édith Nicole Simone Godchaux
Stèle commémorative à Affieux, au hameau de Balême, en bas du château, accès par la RD 940, au nord-est du bourg, carte IGN 2133 Est
Stèle commémorative à Affieux, au hameau de Balême, en bas du château, accès par la RD 940, au nord-est du bourg, carte IGN 2133 Est
Crédit : MémorialGenWeb.
Georges Godchaux était le fils de Louis Cerf et de Cécile Annette Mayer. Il épousa Louise Léocadie Lemoine et il était père de trois enfants. Avant la guerre, la famille était domiciliée à Saint-Germain-en-Laye (Seine, Hauts-de-Seine), 4bis rue Raymond Gréban. De nationalité belge, officier de réserve, il exerça la profession d’ingénieur à la ICA à Paris et il était aussi journaliste. Sous l’Occupation, il se réfugia d’abord à Cannes (Alpes-Maritimes), puis, sans doute après l’arrivée des Allemands dans l’ex-zone d’occupation italienne en septembre 1943, il vint s’installer à Treignac en Corrèze. Il trouva la mort dans les circonstances suivantes.
Le 4 avril 1944, la ville de Treignac fut occupée par un détachement de la division Brehmer. Celle-ci poursuivait une action commencée le 26 mars et qui se prolongea jusqu’au 16 avril 1944. La division Brehmer, ou division « B », de l’initiale du patronyme de son chef, le général Walter Brehmer, mena des opérations de ratissage et de répression des maquis et de persécutions des Juifs de nature génocidaire en Dordogne, puis en Corrèze et en Haute-Vienne. Cette division était une unité de marche temporaire constituée pour cette mission. Hétéroclite, elle réunissait pour un effectif total de 8 000 hommes - deux régiments de sécurité dont le 95e basé à Périgueux, deux bataillons motorisés dont le 958e bataillon de DCA, un bataillon d’infanterie de Géorgiens (Ost bataillon 799) en garnison à Périgueux puis à Tulle, deux brigades d’intervention de la Feldgendarmerie de Périgueux et de Bergerac, une unité SS-Sipo-SD commandée par le capitaine SS Kurt Holler détaché du SD de Lyon et chargé de la liaison avec August Meïer, SS-Obersturmbannführer (lieutenant-colonel), Kommandeur de la Sipo-SD de Limoges. Certaines actions furent conduites avec la participation de la Brigade ou Phalange nord-africaine de la Gestapo parisienne placée sous le commandement d’Alexandre Villaplane et intégrée à la Hilfspolizei. Elle disposait de 24 véhicules blindés et d’une douzaine de pièces d’artillerie légère.
Elle bénéficiait d’informations collectées par des délateurs, collaborationnistes ou non, et par la Milice (2e service) et l’administration de Vichy. Le modus operandi de la Brehmer consistait à encercler les bourgs, à rassembler la population, désigner des otages – notamment les édiles –, obtenir des renseignements (liste des Juifs, identité des réfractaires au STO et des résistants, localisation des maquis). Les suspects et les hommes juifs étaient abattus, les femmes et les enfants d’origine juive arrêtés et emmenés pour être déportés. De nombreux bâtiments furent pillés et incendiés.
Le 4 avril 1944, dans Treignac encerclé et occupé par les Allemands, ces derniers s’en prirent d’abord au maire, Jean André Antonietti, officier de l’ex-armée d’armistice. Il protesta contre les brutalités de la troupe, refusa de désigner 14 otages et s’offrit en à leur place. À son tour brutalisé, il fut empoigné et collé au mur. Il ouvrit son veston, dégageant son écharpe tricolore, et s’écria : « Vous allez voir comment un maire français sait mourir ! ». Les Allemands se ravisèrent et il fut épargné.
Mais des Juifs furent raflés, et trois d’entre eux - Léon Assystent, 21 ans, Georges Godchaux, 72 ans, et Kurt Wertheimer, 48 ans - furent emmenés dans la commune voisine d’Affieux et passés par les armes vers 11h au hameau de Balême, en bas du château, au nord-est du bourg. Ernestine Wertheimer, 74 ans, née à Engenheim (Bas-Rhin) en 1870, et Paola Wilhem, 57 ans, furent transférées à Drancy via Limoges puis déportées à Auschwitz-Birkenau par le convoi n° 72 du 29 avril 1944.
Une stèle fut érigée à la mémoire des trois fusillés sur le lieu de leur exécution.
Le même jour, 4 avril 1944, à Treignac, les Allemands massacrèrent le maire de Lonzac, Jean-Baptiste Demichel et son secrétaire de mairie, Antoine Paul Arpaillange dans une carrière, en bordure de la route nationale, aux environs du château de la Veyrière, sur la commune de Treignac, parce qu’ils refusaient de renseigner les Allemands sur les positions du maquis, à l’instar de qui s’était produit à Venarsal le 2 avril.
Sources

SOURCES : Guy Penaud, Les crimes de la division Brehmer, La traque des résistants et des juifs en Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne (mars-avril 1944), Périgueux, Éditions La Lauze, 2004, p. 320, 407. — Paul Mons, Afin que nul n’oublie, la folie meurtrière de la division Brehmer, mars-avril 1944, Editions Les Monédières, p. 182-183. — MémorialGenWeb. — Bases de données du Mémorial de la Shoah-CDJC, du Mémorial de Klarsfeld et de Yad Vashem (feuille de témoignage déposée le 17 décembre 2006 par Madame Édith Nicole Simone Godchaux).

Dominique Tantin

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