Hyères (Var), 19-23 août 1944
Les combats pour la libération de Hyères constituent l’une des phases importantes de la bataille pour Toulon. Ils ont été marqués par la participation de soldats d’origine arménienne passés du côté de la Résistance et par l’exécution de quatorze d’entre eux par les Allemands.

Hyères (Var), monument aux morts de la Libération, cimetière de La Ritorte

Hyères (Var), cimetière de La Ritorte, Hommage aux morts de la Libération
Le cimetière de la Ritorte à Hyères conserve les corps de quatorze soldats arméniens, présumés morts le 18 août, donc fusillés si tel était bien le cas, dont six seulement ont été identifiés. Surplombant le cimetière, leur tombe collective qui se trouve au carré Est n°1 porte l’inscription bilingue, franco-arménienne ; « Les soldats arméniens morts pour la Libération de la France août 1944 » et, à mi-pente, une grande plaque commémorative, inaugurée par la municipalité de Hyères et le Souvenir français le 21 août 2010, rend hommage à l’ensemble des libérateurs de la ville dont les soldats arméniens.
Soldat arméniens inhumés au cimetière de La Ritorte, Hyères (var)
MANASSIAN Bogdan, homme de troupe
MARDIROSSIAN Souren, officier
MATASSIAN Golia, homme de troupe
MINASSIAN Medsen, homme de troupe
OLANESSIAN Varro, homme de troupe
ZAKARIAN Kerasine, homme de troupe
8 Arméniens dont le nom est ignoré.
Les combats de la Libération à Hyères et sa région constituent l’une des phases les plus dures de la bataille de Toulon. Ils se déroulèrent principalement du 20 au 22 août, conduits, entre autres, par le Bataillon d’infanterie de marine du Pacifique (BIMP), composé en grande partie de Calédoniens et de Polynésiens, par des légionnaires et plusieurs bataillons de marche, tous composés d’anciens de la France libre. Le maquis AS Vallier, descendu du Haut-Var, assura la libération de la presqu’île de Giens. Deux cimetières divisionnaires permirent d’inhumer les tués, l’un, le n°1, dans le cimetière de Hyères, avec 154 tombes et l’autre au quartier Saint-Honoré, commune de La Londe, en direction de La Verrerie, avec 115 tombes. À ces deux ensembles, s’ajoutent quelques tombes dispersées. Au total, 283 tombes de militaires de l’Armée B ont été recensées après la Libération entre La Garde et La Londe, concernant 208 hommes de troupes, 54 sous-officiers et 21 officiers. Une centaine de soldats de la Wehrmacht furent également inhumés à Hyères. Une dizaine de FFI qui accompagnaient la progression des troupes perdirent également la vie. Vingt-neuf victimes civiles furent déplorées, presque toutes tuées par les bombardements alliés ou allemands. L’une d’elle, Madeleine Jaume, infirmière à l’annexe de l’hôpital, villa Marie des Lions, fut tuée le 19 août par des militaires qui accompagnaient cent douze otages raflés le 18 août au soir après la découverte du corps de quatre cadres allemands, probablement tués par des Arméniens. Ces otages, menacés d’être exécutés, étaient conduits à pied à Toulon où ils furent finalement libérés. Deux sous-officiers reconnus responsables du meurtre furent jugés par un tribunal militaire, condamnés à mort et fusillés à Palyvestre (Hyères), le 18 septembre 1944.
SOURCES : Paul Gaujac, La bataille de Provence 1943-1944, Paris, Éd. Lavauzelle, 1984, et La guerre en Provence 1944-1945, Lyon, Presses universitaires, 1998 (rééd. 2005). ⎯ Jean-Marie Guillon, La Résistance dans le Var. Essai d’histoire politique, Université de Provence (Aix-Marseille I), thèse de doctorat d’Etat, Histoire, 1989, 3 tomes (site internet var39-45.fr). ⎯ Gustave Roux, Heures de souffrance, d’espérance et de joie. Histoire de l’occupation de la région d’Hyères et de sa Libération, Draguignan, Imp. Olivier-Joulian, 1947, p. 77 et suiv. ⎯ Gleb Sivirine, Le cahier rouge du maquis, Artignosc, Parole éditions, 2007 (journal du maquis Vallier) ⎯ témoignages.
Jean-Marie Guillon