Tulle (Corrèze), massacre des gardes des communications, 7 juin 1944
Après avoir repris aux maquisards FTP le contrôle de la gare de Tulle, des soldats allemands du 95e régiment de sécurité y massacrèrent 18 gardes des communications.
Le corps des gardes des communications (« parfois appelées, à tort, “gardes des voies de communications” par référence à ce qui avait déjà existé pendant la guerre 14-18 [Berlière, op. cit., p. 387] » fut créé par une loi de Vichy du 23 janvier 1941. Il amalgamait des civils volontaires et du personnel requis, d’abord en zone dite libre, puis en zone occupée à compter du 28 octobre 1941. Ce corps, qui compta jusqu’à 8500 hommes, fut dans un premier temps rattaché au Secrétariat d’État aux Communications, puis, par la loi du 28 mars 1942, à la demande de Pucheu, au Secrétariat à la Police, donc au ministère de l’Intérieur, et finalement, en 1944, au Secrétariat Général au Maintien de l’Ordre de Darnand. Militarisé, ce corps devint donc un rouage de l’Etat milicien. Vêtus d’uniformes disparates, sous-équipés, les gardes des communications (GC) portaient au minimum un brassard blanc rayé verticalement de bleu. Leur tâche devint extrêmement périlleuse dès lors que les sabotages se multiplièrent et que les infrastructures ferroviaires devinrent les enjeux d’affrontements meurtriers entre le maquis et l’occupant, auxquels s’ajoutaient les risques encourus du fait de l’intensification des bombardements alliés.
À Tulle, le 7 juin 1944, au cours de l’assaut déclenché par les FTP commandés par Jacques Chapou dit Kléber contre la garnison allemande du 3e bataillon du 95e régiment de sécurité et les forces du maintien de l’ordre françaises, les maquisards s’emparèrent de la gare vers 8h du matin. S’y trouvaient dix-neuf gardes des communications, cachés dans la soute à charbon. Ils refusèrent de rallier les maquisards ou de se disperser comme le leur conseillaient les FTP. Lorsque vers midi les Allemands reprirent le contrôle de la gare, ils capturèrent les gardes des communications rassemblés dans la salle d’attente, portant, comme on l’a vu, un brassard blanc, seul insigne de leur fonction, et ressemblant à celui des FTP. Il leur fut d’abord ordonné de se diriger vers l’hôtel Dufayet occupé par le 95e Régiment de Sécurité, puis, en suivant les voies, de se rendre vers le garage du chemin de fer départemental. Tandis qu’ils avançaient les bras levés, ils furent mitraillés par les Allemands. Il n’y eut qu’un seul rescapé, Abel Leblanc.
L’historien Guy Penaud écrit (op. cit.p. 184) évoque ce massacre qui précède, il convient de le souligner, l’arrivée de la division Das Reich à Tulle : « Lors du procès de cette dramatique affaire (furent traduits devant le tribunal [militaire] de Bordeaux le capitaine Reichmann, les officiers Retzer et Schlewski, les sous-officiers Fritz Kohn et Karl Konrad, les caporaux-chefs Willibald Kraus (le tireur du fusil-mitrailleur) et Albert Munch, les soldats Paul Brandenburger (tireur posté à la fenêtre) et Christoph Theobal), les sous-officiers et soldats de la Wehrmacht précisèrent que l’ordre de les exécuter avait été donné sous cette forme lapidaire : “Descendez-les tous !” Ils ajoutèrent qu’ils avaient confondu ces hommes avec des maquisards. »
Dix membres du 3e bataillon furent donc jugés le 29 mars 1949. Franz Reichmann, et Willi Schlewski furent condamnés à quinze ans de travaux forcés, Jean Retzer à dix ans. Quatre autres inculpés furent reconnus coupables mais libérés pour avoir agi sur ordre. Schlewski et Retzer furent libérés le 18 septembre 1952 et Reichmann le 25 janvier 1953. Par ailleurs, il conviendrait sans doute de rattacher ce régiment de sécurité à la SS plutôt qu’à la Wehrmacht.
La liste des victimes est inscrite sur une stèle érigée devant la gare SNCF de Tulle, accompagnée de l’inscription "A la mémoire de 18 Français sauvagement fusillés par les Allemands le 7 juin 1944".
BARRY Raymond
BAYLE Roger
BERTRAND Julien
BORDES François
BROCH Antoine, Baptiste
BRONNER Paul
BROUSSE Germain
CHADEFAUX Joseph, Jean-Pierre
DALBÉRA Georges
DUCLAUX Louis, Victor
FEUILLE Jean, René
FRAISSE René
LAJOUX Pierre
MERGER Jean
RIMANIOL Albert, Jean
RIVIÈRE Benoît, Joseph
SALESSE Jean-Baptiste
VEY Jean-Claude, Francisque
À Tulle, le 7 juin 1944, au cours de l’assaut déclenché par les FTP commandés par Jacques Chapou dit Kléber contre la garnison allemande du 3e bataillon du 95e régiment de sécurité et les forces du maintien de l’ordre françaises, les maquisards s’emparèrent de la gare vers 8h du matin. S’y trouvaient dix-neuf gardes des communications, cachés dans la soute à charbon. Ils refusèrent de rallier les maquisards ou de se disperser comme le leur conseillaient les FTP. Lorsque vers midi les Allemands reprirent le contrôle de la gare, ils capturèrent les gardes des communications rassemblés dans la salle d’attente, portant, comme on l’a vu, un brassard blanc, seul insigne de leur fonction, et ressemblant à celui des FTP. Il leur fut d’abord ordonné de se diriger vers l’hôtel Dufayet occupé par le 95e Régiment de Sécurité, puis, en suivant les voies, de se rendre vers le garage du chemin de fer départemental. Tandis qu’ils avançaient les bras levés, ils furent mitraillés par les Allemands. Il n’y eut qu’un seul rescapé, Abel Leblanc.
L’historien Guy Penaud écrit (op. cit.p. 184) évoque ce massacre qui précède, il convient de le souligner, l’arrivée de la division Das Reich à Tulle : « Lors du procès de cette dramatique affaire (furent traduits devant le tribunal [militaire] de Bordeaux le capitaine Reichmann, les officiers Retzer et Schlewski, les sous-officiers Fritz Kohn et Karl Konrad, les caporaux-chefs Willibald Kraus (le tireur du fusil-mitrailleur) et Albert Munch, les soldats Paul Brandenburger (tireur posté à la fenêtre) et Christoph Theobal), les sous-officiers et soldats de la Wehrmacht précisèrent que l’ordre de les exécuter avait été donné sous cette forme lapidaire : “Descendez-les tous !” Ils ajoutèrent qu’ils avaient confondu ces hommes avec des maquisards. »
Dix membres du 3e bataillon furent donc jugés le 29 mars 1949. Franz Reichmann, et Willi Schlewski furent condamnés à quinze ans de travaux forcés, Jean Retzer à dix ans. Quatre autres inculpés furent reconnus coupables mais libérés pour avoir agi sur ordre. Schlewski et Retzer furent libérés le 18 septembre 1952 et Reichmann le 25 janvier 1953. Par ailleurs, il conviendrait sans doute de rattacher ce régiment de sécurité à la SS plutôt qu’à la Wehrmacht.
La liste des victimes est inscrite sur une stèle érigée devant la gare SNCF de Tulle, accompagnée de l’inscription "A la mémoire de 18 Français sauvagement fusillés par les Allemands le 7 juin 1944".
BARRY Raymond
BAYLE Roger
BERTRAND Julien
BORDES François
BROCH Antoine, Baptiste
BRONNER Paul
BROUSSE Germain
CHADEFAUX Joseph, Jean-Pierre
DALBÉRA Georges
DUCLAUX Louis, Victor
FEUILLE Jean, René
FRAISSE René
LAJOUX Pierre
MERGER Jean
RIMANIOL Albert, Jean
RIVIÈRE Benoît, Joseph
SALESSE Jean-Baptiste
VEY Jean-Claude, Francisque
Sources
SOURCES : Guy Penaud, La Das Reich, 2e SS Panzer Division, Périgueux, Éd. La Lauze, 2005, p. 183-184. — Jean-Marc Berlière, Polices des temps noirs, France 1939-1945, Préface de Patrick Modiano, Paris, Perrin, 2018, Gardes des communications, pp. 386-405. — MémorialGenWeb. — 95e régiment de sécurité
Dominique Tantin