Andeville connut le massacre de seize de ses habitants, perpétré le 27 août 1944 par une troupe allemande.

Tombes des soldats sud-africains.
Tombes des soldats sud-africains.
À l’origine de cette tuerie, un soldat allemand se prétendant déserteur, livré à la Résistance locale le 23 août par le coiffeur à qui il s’était confié. Conduit par Marcel Beaucheron et d’autres résistants chez Maurice Oranger, ce dernier lui donna des vêtements civils et l’hébergea sous bonne garde. Emmené le 26 août chez Alexandre Cheudail, à Laboissière, le soldat allemand s’échappa.
Le lendemain, vers 11 heures, une soixantaine de soldats allemands débarquèrent de camions, de voitures, de motos et de side-cars, et prirent position sur la place puis vers le quartier d’Angleterre. Ils abattirent Marcel Laflandre qui s’enfuyait en courant. Conduit par deux jeunes adolescents du village, un groupe se rendit chez le maire, Georges Petit, et l’emmenèrent en voiture chez Maurice Oranger où il fut abattu. Un autre groupe avait pris possession des lieux et avait déjà fusillé le chef résistant et les deux soldats sud-africains cachés à son domicile. Sa maison et celle de M. Germain furent incendiées à la grenade tandis que deux passants, Octave Beaucheron et Alexandre Viville étaient abattus dans la rue.
La troupe allemande perquisitionna les maisons du quartier, tua Maurice Chéron parti se réfugier chez lui et regroupa trente-cinq personnes qui furent alignées devant le mur de l’église. Huit d’entre elles furent exécutées, une par une, d’une balle dans la tête sous les tilleuls de la place de la République, par le “déserteur” allemand. Le commandant de l’opération intima l’ordre à l’abbé Guerville désigné maire par lui-même de faire disparaître les corps avant 19 heures.
Le massacre d’Andeville marqua la population qui, par la plume du responsable local du Front National, un membre du Comité local de Libération et de son nouveau maire Conty, demanda au préfet le 5 septembre 1944 l’exécution de 100 SS en guise de vengeance.
Outre l’inscription des noms des victimes sur le monument aux morts, une plaque commémorative fut apposée sur le mur de l’église. Financée par souscription publique auprès des habitants des communes environnantes, elle rappelle le massacre “ par des Allemands ivres de fureur et de cruauté ” et porte un message antigermanique en rapport avec la violence de l’événement : “ que nos fils n’oublient jamais que la race allemande sera toujours capable de commettre de pareilles atrocités ”.
Si la “ rue des 17 Martyrs ” perpétue la mémoire des seize massacrés et du résistant FTP Maurice Camin fusillé le 28 août 1944, deux plaques apposées sur le mur de l’église et au domicile d’Octave Beaucheron (48 rue Jean-Jaurès) et inaugurées le 22 avril 1945 retracent succinctement le déroulement de la journée du 27 août.
Le nom du maire Georges Petit, élevé à titre posthume au rang de chevalier de la Légion d’honneur en 1961, fut donné à la rue menant à la mairie et à l’école communale. La libération venue, les corps placés dans une fosse commune furent exhumés et placés dans des sépultures individuelles au sein d’un carré mémoriel. Une cérémonie en l’honneur des victimes des troupes allemandes eut lieu le dimanche 3 septembre 1944.
Les corps des deux soldats sud-africains furent inhumés dans le carré militaire du Commonwealth du cimetière communal (ci-contre).
Après-guerre, la commune fit en sorte de conserver la mémoire des victimes sur les lieux mêmes du massacre.

La plaque commémorative des massacrés d’Andeville apposée sur le mur de l’église.
Les victimes :
ABRAHMS David et BOSTANDER Noble soldats originaires d’Afrique du Sud
BEAUCHERON Octave
CHÉRON Maurice
CRIGNY André
DAELMANS Jean
DEDREUX Georges
GAPAILLARD Jean
LAFLANDRE Marcel
LETAILLE Jean
ORANGER Maurice
PETIT Georges
PINQUIER Jean
SOTERO Michel
VIVILLE Alexandre
VOISY Lucien
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Oise.— Jean-Pierre Besse, Jean-Yves Bonnard, Rafles et massacres de l’été 44 dans l’Oise, CRDP Académie d’Amiens, CDDP Oise, 2012.— Jean-Pierre Besse, Françoise Rosenzweig, 1944 l’Oise est libérée, Archives départementales de l’Oise (exposition, Conseil général de l’Oise, 2004. p.124. — www.resistance60.fr .

Jean-Yves Bonnard

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