Née le 1er janvier 1927 à Vira (Ariège), morte le 9 juin 1944 à Vira massacrée par les Allemands ; cultivatrice ; victime civile

Arch. Dép. Ariège 64 J 23, fonds Claude Delpla ">
Émilienne ("Mimi") Authié (1927-1944)
Arch. Dép. Ariège 64 J 23, fonds Claude Delpla
Émilienne Authier était la fille de Cyprien, Laurent, Hippolyte né Vira le 12 novembre 1893. Cultivateur de métier, il fut lui-même un agriculteur de cette petite commune de la vallée du Douctouyre sur le piémont de la partie orientale de la chaîne pré-pyrénéenne du Plantaurel. Il était le fils de Sabin, cultivateur et d’Hortense Rescanières âgés respectivement de quarante-quatre et trente-huit ans en 1893.
Laurent Authié avait épousé Marie-Louise Alphonsine Rouja née le 1er août 1906 à Vira et morte également à Vira le 11 septembre 1975. Celle-ci était la fille de Joseph Rouja né dans la commune voisine d’Arvigna le 21 avril 1897 et de Marie, Lucie Boy née le 18 mai 1873 à Engraviès, autre commune limitrophe de Vira.
En 1936 (recensement quinquennal), elle figurait avec le prénom de Julienne sur la liste nominative des habitants de Vira. Elle résidait avec ses parents et ses deux grands-parents maternels. Il en était de même en 1944. L’ensemble de la famille élargie participait aux travaux de l’exploitation agricole. Le 9 juin, ils travaillaient dans une praire, en bordure de la route départementale n° 12 entre Vira et Arvigna.
Le 9 juin 1944, une colonne allemande appuyée par des automitrailleuses pénétra dans le territoire de la commune de Vira afin d’attaquer un maquis des FTPF ariégeois qui, après le débarquement en Normandie avait été considérablement renforcé par des jeunes de la moyenne vallée de l’Ariège et du Pays d’Olmes. Dans les environs, se trouvait aussi une formation armée de l’AGE commandée par Fernando Villajos (1914-2006 ?).
Dans l’après-midi du 9 juin alors que la famille Authié travaillait dans un champ, au bord de la route départementale n° 12, un jeune FTP, de Dun (Ariège), Jean-Jacques Neuville, avait été posté en sentinelle près du pont de la Goffio avec deux autres maquisards dont Fernand Gouiric qudont le témoignage fut recueilli par Olivier Nadouce, (op. cit. , 2007, pp. 111-114). Une moto qui précédait la colonne allemande arriva. Neuville ouvrit le feu sur son pilote. Puis une mitrailleuse installée sur un des camons tira en sa direction. « Mimi » Authié fut tuée sur le coup. Son grand-père, Joseph Roujou fut blessé et périt cinq mois plus tard. Sa petite–fille « Mimi » Authié fut immédiatement tuée. Sa fille — tante d’un FTP, aussi cousin de « Mimi », Noël Rescanières né en 1924 qui a livré son témoignage à Olivier Nadouce (op. cit., 2007, pp. 80-82) — fut blessée et put se rétablir après une longue convalescence. Dix mois après avoir reçu sa blessure, elle n’était pas encore rétablie. Le lendemain, à 8 h 30, Alphonse Rascanières* et M. Millès, de Vira, allèrent à bicyclette à Pamiers chercher le Docteur Roquejeoffre afin qu’il se déplaçât à Vira au chevet des blessés. Le médecin pensa qu’il fallait aller les chercher pour pratiquer d’urgence une opération chirurgicale. Il demanda à son chauffeur, Fernand Gaudonville*, d’aller chercher les blessés. De retour à Vira, ils furent victimes d’une embuscade tendue par des maquisards de l’AGE à proximité des Issards. Cette bavure fit deux victimes : Gaudonville* fut tué au volant par une grenade ; Rescanières qui était descendu du véhicule pour s’expliquer fut abattu par une rafale de mitraillette. Millès put s’échapper. En 1945, l’institutrice, Germaine Vidal s’interrogeait : « Qui les a tués ? » (Témoignage reproduit in Nadouce, op. cit., 2007, pp. 129-131). En 2019, dans son livre posthume, Claude Delpla, sans s’attarder sur le sujet, explique qu‘il s’agissait des guerrilleros (AGE). Les ont-ils confondus avec des Allemands ou des collaborationnistes ?
Le nom d’Émilienne Authié figure sur le monument commémoratif de Vira érigé à l’intersection des routes départementales 12 et 48 érigé à la mémoire des morts « de la résistance et victimes du nazisme de la vallée du Douctouyre » (17 noms dont 8 pour les seules victimes des Allemands le 9 juin 1944). Il est également gravé sur la plaque commémorative des victimes des deux guerres mondiales à Vira, gravé sur un des murs de l’église. Il y a à Vira une rue Mimi-Authié.
Voir : Vira (Ariège), 9 juin 1944
Sources

SOURCES : Arch. dép. Ariège, 64 J 23, fonds Claude Delpla, documents graphiques ; 10 M 4/454, recensement de la population de 1936, Vira, état nominatif par ménages ; 4 E 1111, état civil d’Arvigna, 1865-1873, acte de naissance de Joseph Rouja ; 4 E 1118, état civil d’Engraviès, 1865-1874, acte de naissance de Marie, Lucie Boy ; 4 E 4251, état cvil de Vira 1885-1895, acte de naissance de Cyprien, Laurent, Hippolyte Authié. — Claude Delpla, La Libération de l’Ariège, Toulouse, le Pas d’Oiseau, 2019, 514 p. [pp. 62-64]. — Olivier Nadouce, L’Ariège, terre de résistance. La bataille de Vira, Saint-Cyr-sur-Loire, Alan Sutton, 2008, 157 p.]. Voir en particulier les pp. 87, 112, 129, 130 et 147. Ce livre rassemble un grand nombres de témoignages d’acteurs du combat de Vira ou ayant assisté à des phases de celui-ci. Olivier Nadouce les a recueillis et mis en forme. — Site MemorialGenWeb, consulté les 10 et 15 avril 2020. — Notes de Jean-Pierre Besse (avec une erreur sur la date du décès imputable aux sources qu’il a utilisées : 20 février 1944 au lieu de 9 juin 1944).

André Balent

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