Né le 5 novembre 1891 à Allonne (Oise), massacré le 16 août 1944 à Troissereux ; débitant ; victime civile.

Charles Régnier est le fils d’Eugène Raymond Régnier, cultivateur au lieu-dit Villers, commune dAllonne et de Marie Catherine Elise Rigault ; il se maria à Troissereux, le 2 octobre 1913, à Thérèse Phidoline Boitel. Il est noté ouvrier agricole.
Il avait été exempté du service militaire en 1911 en raison d’un psoriasis généralisé, avis confirmé le 16 octobre 1914. Il fut cependant classé au service armé par la commission de réforme de l’Oise de Nivillers le 28 mars 1917. Affecté au 128e RI le 23 mai 1917, il passa au 151e RI le 1er janvier 1918. Inapte à pied et à cheval, il fut proposé pour le changement d’arme le 29 avril 1918. A la suite d’un séjour à l’hôpital Saint-Louis, à Paris, du 11 au 17 juillet 1918, il fut affecté au 83e Régiment d’Artillerie Lourd le 18 juillet suivant, puis au 66e Régiment d’Artillerie le 28 septembre. Charles Régnier fut démobilisé le 5 août 1919 avec le 7e échelon par le 2e GA et un certificat de bonne conduite. À la suite d’un échange de coups le 19 décembre 1921, il fut condamné par la justice avec sursis à exécution puis amnistié par la loi du 3 janvier 1925.
Sur le plan militaire, il est noté passé au 40e RAC au 1er janvier 1924 et est classé sans affectation le 1er septembre 1927. Il fut réformé administrativement le 13 novembre 1931 et obtint une pension permanente de 20% par la commission de réforme d’Amiens du 23 décembre1938 pour des problèmes d’audition.
Il travaillait comme chauffeur de camions mais aussi débitant en 1944.
Il fut passé par les armes par les Allemands devant le mur de la ferme le 16 août 1944 vers 13h40.
Dans son édition du 6 septembre 1944, le journal L’Oise Libérée rapporta l’élément déclencheur de la tragédie du 16 août 1944 : « C’est vers 2h30 qu’une attaque fut menée, aux dires des tortionnaires, contre les sentinelles gardant le château Saint-Maurice. Un sous-officier avait été, paraît-il, légèrement blessé à la main par un coup de feu et, par ailleurs, une patrouille avait essuyé des coups de feu tirés de la ferme de M. Degroote, maire ».
Bien qu’impossibles à vérifier, ces faits furent suivis d’un enchaînement tragique. Vers 3 heures du matin, les soldats allemands, qui occupaient le château, pris de boisson pour certains, et craignant une attaque « terroriste », se rendirent à la ferme et enfoncèrent la porte. Ils abattirent le chien puis tuèrent Jules Degroote. Son épouse Berthe et leur fille Suzanne, descendues de leur chambre, furent abattues peu après. Puis vint le tour de l’ouvrier agricole René Savary et d’Alfred Lenoble, tous deux accourus à l’appel de Mme Degroote.
Entre 5 et 6 heures du matin, les Allemands cernèrent le village. Puis, tous les habitants de la commune, hommes, femmes et enfants, furent sortis de leur domicile et réunis dans la cour du château.
Vers 10 heures, les hommes furent séparés en deux groupes : d’un côté, les hommes de plus de 55 ans et les cultivateurs ; les autres furent alignés le long d’un mur, poings liés derrière le dos. Des fusils mitrailleurs furent mis en position devant eux. Vers midi, cinq hommes furent désignés pour charger dans un camion les corps des trois habitants abattus dans les rues et les victimes de la ferme Degroote. L’un d’entre eux, Marcel Lenglet, dont les liens étaient mal serrés, parvint à se détacher et à fuir.
Peut-être en guise d’exemple, vers 13 heures 30, les Allemands abattirent les quatre hommes dans la cour de la ferme : Charles Régnier, Pierre Hébert, Robert Degrootte, Gabriel Douchet. Les deux camions sortirent de la cour emportant les victimes et les otages.
Le massacre se poursuivit, faisant 19 victimes.
À l’issue de cette tragédie, soixante-dix hommes de la commune furent raflés pour être détenus à la caserne Agel, à Beauvais.
Emmené en camion et enterré à la Caserne Agel, à Beauvais, la dépouille de Charles Régnier fut exhumée le 2 septembre 1944.
Son corps repose dans le cimetière communal de Troissereux.
Son nom figure à Troissereux sur le Mémorial des victimes des 16 et 18 août 1944, sur la plaque des Martyrs de l’église paroissiale et sur la plaque commémorative de la ferme Degroote.
Le Secrétariat des Anciens Combattants et Victimes de Guerre lui attribua la mention Mort pour la France, le 31 octobre 1945.


Troissereux (Oise), 16-18 août 1944
Sources

SOURCES : Arch. Dép. de l’Oise, 33W 859, Rp990 — Jean-Pierre Besse, Jean-Yves Bonnard, Rafles et massacres de l’été 44, CDDP de l’Oise, 2012. — Jean-Yves Bonnard, Les communes décorées de l’Oise, Croix de Guerre 39/45, ONACVG de l’Oise, 2016. — [https://www.resistance60.fr/r].— État civil.

Jean-Yves Bonnard

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