Le 29 août 1944, la ville de Sermaize-les-Bains dans la Marne fait partie, avec Robert-Espagne, Couvonges, Beurey-sur-Saulx et Mognéville dans la Meuse, des communes de la vallée de la Saulx qui ont subi les exactions d’unités appartenant au 29e régiment de la 3e division de Panzergrenadier de la Wehrmacht.

Sur le monument aux morts</br> de Sermaize-les-Bains
Sur le monument aux morts
de Sermaize-les-Bains
Dans le cimetière de Sermaize
Dans le cimetière de Sermaize
SOURCE : 
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson
Le 29 août 1944, alors que ses habitants attendaient la libération qu’ils sentaient toute proche, la ville de Sermaize-les-Bains dans la Marne connut des heures tragiques.

Le massacre de Sermaize-les-Bains
Vers midi trente, des soldats allemands investirent la ville, tirant sur les passants et lançant des plaquettes de phosphore qui mirent le feu à une quarantaine de maisons.
Onze civils ont été massacrés, abattus ou brûlés vifs dans leurs maisons :
Roger Chollet a été abattu sur le trottoir de sa maison en flammes, alors qu’il tentait de porter secours à ses beaux-parents qui s’y trouvaient. Paralysé, son beau-père Albert Petit y est mort brûlé vif. Sa belle-mère Marie Petit née Tixier a essayé de s’en échapper, mais elle a été repoussée dans le brasier, et elle est morte brûlée vive à son tour.
Marie Louis Delissus a été abattu par un tir de mitraillette dans la rue.
Le docteur Henri Fritsch, qui était revenu à Sermaize après être allé soigner un parachutiste britannique à la ferme de La Neuve-Grange, puis un de ses patients à Cheminon, a été abattu à moins de cent mètres de son domicile.
Georges Lambert est mort en tentant d’éteindre l’incendie de son magasin.
Antoinette Loisier a été mortellement blessée par un tir de mitraillette, alors qu’elle portait secours à sa mère Marie Loisier née Denis que les Allemands aspergeaient d’essence, et elle est décédée dans la nuit du 29 au 30 août 1944.
Pierre Mansion a été tué par un tir de grenade dans son magasin incendié.
Louise Paul née Cormann a été tuée alors quelle se trouvait derrière la fenêtre de sa cuisine.
Paul Schaff et son épouse Paulette Schaff née Page ont été abattus à leur domicile.

À ces onze victimes, il faut ajouter une dizaine de blessés graves qui ont été transférés à l’hôpital de Saint-Dizier (Haute-Marne) où, gravement brûlée, Marie Loisier née Denis a survécu quelques mois, et où elle est décédée le 16 octobre 1944. Une treizième victime, André Froment, est décédé lui aussi des suites de ses blessures à Sermaize-les-Bains le 18 août 1945. Leurs deux noms ont été ajoutés à la liste des victimes civiles du 29 août 1944.

Les exactions de la 3e Division de Panzergrenadier
On a longtemps cru que ce massacre avait été perpétré par des SS. L’historien Jean-Pierre Harbulot a établi qu’il s’agissait de soldats ordinaires appartenant au 29e Régiment de Panzergrenadier, une « unité conventionnelle de l’armée régulière », autrement dit de « soldats ordinaires » de la Wehrmacht. Ce régiment faisait partie de la 3e Division de Panzergrenadier qui, après avoir combattu sur le front de l’Est en Russie, puis en Italie dans la région de Florence, a été ramené en Allemagne, rééquipé et renforcé, puis envoyé en France pour protéger la retraite de la Wehrmacht et ralentir l’avancée des la IIIe Armée américaine du général Patton.
Du 29 au 31 août 1944, des unités appartenant à ce régiment se sont livrées à des exactions à Sermaize-les-Bains et dans les villages meusiens de la vallée de la Saulx, Robert-Espagne, Couvonges, Beurey-sur-Saulx et Mognéville : exécutions sommaires, massacres de civils, maisons incendiées.

Le 1er septembre 1944, les troupes américaines de la IIIe Armée du général Patton entrèrent dans Sermaize-les-Bains en partie détruite et endeuillée.
Cinq ans plus tard, le 11 septembre 1949, la ville qui avait été entièrement détruite le 6 septembre 1914 et avait reçu la Croix de guerre 1914-1918, a reçu la Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de vermeil « pour son attitude courageuse au cours de l’occupation et lors de la libération » .

La mémoire du massacre du 29 août 1944 à Sermaize-les-Bains
Les noms des onze civils massacrés le 29 août 1944 et ceux de Marie Loisier et d’André Froment décédés des suites de ses blessures, sont inscrits sur une plaque commémorative scellée sur la façade de l’Hôtel de Ville reconstruit au lendemain de la 1ère guerre mondiale, à droite du monument aux morts :

« Victimes civiles
- CORMANN Louise épouse PAUL
- CHOLLET Roger
- DELISSUS Marie-Louis
- DENIS Marie veuve LOISIER
- FRITSCH Henri
- FROMENT André
- LAMBERT Georges
- LOISIER Antoinette
- MANSION Pierre
- PAGE Paulette épouse SCHAFF
- PETIT Albert
- SCHAFF Paul
- TIXIER Marie épouse PETIT »

Le 29 août 1945, le conseil municipal de Sermaize-les-Bains a décidé à l’unanimité de donner le nom Henri Fritsch qui est inhumé dans le cimetière communal, à la rue de la gare.
Sources

SOURCES : Arch Dép. Marne, M 4774, Membres de la résistance tués au combat ou fusillés après capture, fusillés ou exécutés par les Allemands, autres victimes. – Mairie de Sermaize-les-Bains. – Jean-Pierre Harbulot, " Les massacres du 29 août 1944 dans la vallée de la Saulx et leurs suites judiciaires ", Meuse en guerres, Bar-le-Duc, Société des lettres, sciences et arts, 2010. – Jean-Pierre et Jocelyne Husson, La Résistance dans la Marne, dvd-rom, AERI-Département de la Fondation de la Résistance et CRDP de Champagne-Ardenne, Reims, 2013. – Mémorial GenWeb. – État civil, Sermaize-les-Bains (actes de décès).

Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

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