Né le 10 mai 1900 à Féchain (Nord), massacré le 26 août 1944 à Saint-Maurice-la-Clouère (Vienne) ; ingénieur électricien ; réfugié mosellan ; victime civile.

Alfred Merliot était le fils de Constant, Joseph Merliot, âgé de 25 ans à sa naissance, cultivateur et de Clémentine Chantreau âgée de 29 ans, ménagère, tous deux domiciliés rue de l’Église à Féchain. Ses parents s’étaient mariés le 22 mai 1899 à Féchain. Étudiant lors de la conscription il fit son service militaire de mars 1920 à mars 1922 au 161ème régiment d’infanterie, promu caporal en septembre 1920 et sergent en mars 1921. Devenu ingénieur électricien, il résida successivement à Lille (Nord), au Perreux (Seine) puis à Metz (Moselle). Il se maria le 3 août 1929 à Denain (Nord) avec Marthe Harbonnier (née le 9 septembre 1901). Ils eurent six enfants, tout d’abord Marie Thérèse née le 27 octobre 1930 puis Anne Marie le 11 décembre 1932. A partir de 1933, Alfred Merliot vint s’installer à Saint-Avold (Moselle) où naquirent deux autres enfants Michel le 17 décembre 1935 et Marie-Paule le 25 janvier 1939. Selon son dossier de réfugié (AD 86 op. cit.), il y était entrepreneur de blanchissage.
Saint-Avold fit en septembre 1939 partie des communes de Moselle, situées en « zone rouge » (en avant de la ligne Maginot) évacuées selon un plan prévu à l’avance, lors de la déclaration de guerre. Le vendredi 1er septembre 1939, le préfet fit parvenir aux mairies de la "zone rouge" l’ordre d’évacuation, exécutoire le jour même et le lendemain. Transportés pour la plupart par train jusqu’à la gare de Couhé-Vérac (Vienne) au sud de Poitiers, les réfugiés furent répartis dans huit communes du canton de Gençay et dix communes du canton de Couhé-Vérac. La famille Merliot (les parents de son épouse, Lucien Harbonnier et Rosalie Tondeur, nés tous deux en 1872 dans le Nord, logèrent avec eux) fut installée à Saint-Maurice-la-Clouère, commune limitrophe de Gençay. Deux autres enfants y naquirent Jean Marie le 3 mai 1940 et Marie-France le 3 mars 1943. A l’automne 1940, la plus grande partie de la population déplacée regagna la Moselle, par choix mais aussi parce que le rapatriement des réfugiés Mosellans revêtait pour l’occupant allemand une grande importance idéologique et économique. Alfred Merliot resta avec sa famille à Saint-Maurice-la-Clouère où son épouse Marthe avait retrouvé un poste d’institutrice et où il exerça la fonction de secrétaire de mairie.
Fin août 1944, le repli des troupes allemandes du Sud-Ouest entraîna de nombreuses violences et exactions dans le département de la Vienne. Saint-Maurice-la-Clouère, au sud de Poitiers, près de Gençay, se trouvait ainsi sur un itinéraire secondaire ouest – est reliant Vivonne sur la nationale 10 à Lussac-les-Châteaux, point de passage sur la Vienne vers l’est du département et le département de l’Indre voisin. Le 25 août 1944 en fin de journée, une colonne allemande fut attaquée un groupe de maquisards, en fin d’après-midi, peu avant l’entrée du bourg. L’unité allemande arrêta peu après à son entrée dans Saint-Maurice-la-Clouère plusieurs civils, pris en otages, âgés de 14 à 65 ans, dont Alfred Merliot âgé de 44 ans. A l’approche des troupes allemandes, il avait par sécurité emmené sa femme, ses six enfants et sa belle-mère se réfugier dans une ferme des environs, laissant son beau-père malade, dans le logement de l’école où la famille résidait. Dans l’après-midi, Alfred Merliot tenta de regagner le bourg pour aller soigner son beau-père. Il fut arrêté par les Allemands au moment où il rentrait chez lui. Conduits dans le parc voisin de La Laudonnière avec les autres civils arrêtés il fut attaché à un arbre. Connaissant la langue allemande, il tenta sans succès de plaider sa cause et celles de ses compagnons. Ils furent abattus dans la nuit du 25 au 26 août, sans doute vers 7 heures du matin en représailles de l’action du maquis. Sa famille regagna Saint-Avold en juillet 1945.
Il obtint la mention mort pour la France et son nom est inscrit sur les monuments aux morts de Saint-Maurice-la-Clouère et de Féchain, sa commune natale. En son hommage, une rue de Féchain prit après la guerre le nom d’Alfred Merliot.
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Nord (état civil, registre matricule) — Arch. Dép. Vienne, dossier 22 W 363 (allocations aux réfugiés) et dossier du COSOR 105 W 14, dépouillement des archives et notes Loïc Richard. — Dossiers de la Société d’Histoire du Pays Naborien n° 6 la population évacuée de Saint-Avold septembre 1939 - septembre 1940 — Journal La Nouvelle République. 29 août 2016 Saint-Maurice-la-Clouère. Le souvenir indélébile du 25 août 1944 — mémorial genweb.

Michel Thébault

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