Né le 10 décembre 1916 à Dijon (Côte-d’Or), fusillé comme otage le 21 septembre 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ouvrier tapissier à Dijon puis employé d’assurances à Paris ; responsable national des Jeunesses communistes (1937-1942) ; élève de l’École léniniste internationale ; résistant.

Photographie de Lucien Dorland, jeune, dans son dossier du Komintern
Photographie de Lucien Dorland, jeune, dans son dossier du Komintern
idem, plus âgé
idem, plus âgé
Premières lignes d'une autobiographie communiste d'institution
Premières lignes d’une autobiographie communiste d’institution
RGASPI
Madeleine Passat-Jégouzo en 1995 tenant le portrait de Lucien Dorland à Romainville par [Robert Dartagnan->21491].
Madeleine Passat-Jégouzo en 1995 tenant le portrait de Lucien Dorland à Romainville par [Robert Dartagnan->21491].
Lucien Dorland, portrait au fusain, (collection de Mazuy) fait après la guerre, post mortem
Communiqué par Rachel Mazuy.
Lucien Dorland était le fils d’un cheminot ajusteur à la compagnie de chemin de fer PLM devenu communiste et d’une mère ménagère qui vendait des journaux. Ses parents qui avaient trois enfants connaissaient des « conditions de vie moyennes assez bonnes ». Après des études primaires il obtint son certificat d’études à douze ans et demi et commença à travailler quelques mois après comme apprenti tapissier jusqu’à l’âge de quinze ans et demi, puis comme ouvrier jusqu’en mai 1934 où il fut frappé par le chômage. Il vendit quelque temps du savon et fit un peu de publicité commerciale. De juillet à octobre 1934, il fut hospitalisé à la suite d’un accident de la route où il fut blessé sérieusement à la main droite ce qui l’exempta du service militaire. Il reçut à ce titre, au début de 1937, une indemnité de 110 000 francs qui fut placée en titres d’État dont les intérêts mensuels de 400 francs étaient versés à ses parents.
Lucien Dorland adhéra aux Jeunesses communistes (JC) en mars 1932, influencé par deux camarades et surtout par les conversations avec son père qui « furent certainement à l’origine de ma venue au communisme ». Il milita à la cellule locale du rayon de Dijon des JC et en devint dès le 11 juin 1932 le secrétaire. En janvier 1934, il fut nommé, par le comité régional du PCF puis par la conférence régionale, secrétaire de la région Côte-d’Or-Yonne de son organisation. Il militait alors avec Jean Bouscaud, Maurice Carroué, François-René Lallemand et Adrien Langumier. Par ailleurs, il adhérait depuis octobre 1933 au Syndicat unitaire de l’ameublement. Son action était en particulier orientée vers les usines Terrot et il participa au « travail anti » : distribution de journaux aux soldats pendant les manœuvres, participation à une « manifestation anti-aérienne ». Il écrivait des articles pour Le Travailleur, organe régional du PCF. Il avait alors comme pseudonyme André Picard, domicilié à la Bourse du travail de Dijon.
Délégué à la conférence départementale du 19 novembre 1933, il fut délégué au congrès extraordinaire d’Ivry-en-Montagne de la Fédération des JC en février 1934. Durant la période où il fut secrétaire régional le nombre des JC passa de 30 à 118, répartis en 4 à 14 cellules. Remarqué par le parti, il fut jugé « Élément intéressant pouvant se développer – à suivre pour école régionale ». Il suivit un « cours de trois mois ». Il siégeait au comité du rayon de la Côte-d’Or et au bureau régional Côte-d’Or-Yonne du PCF. Il était aussi trésorier de la FST et du Camping-Club ouvrier de Dijon. Il avait appris l’espéranto et l’enseigna même à un groupe. Il participait enfin à un Comité Amsterdam.
Lucien Dorland fut alors proposé par le rayon de Dijon puis par le comité central du PCF pour aller suivre les cours de l’École léniniste internationale à Moscou. Sous le pseudonyme de Simon Laurent il remplit son questionnaire d’arrivée le 21 septembre 1935 et séjourna en URSS jusqu’en janvier 1937. À son retour il entra en juillet 1937 au comité central de la Fédération des JC et devint permanent rémunéré. Il fut délégué en décembre 1937 au congrès national d’Arles du PCF et entra au bureau national des JC en septembre 1938 à l’issue du Xe congrès. Il avait adhéré officiellement au PCF à son retour d’URSS en janvier 1937 et était membre en 1939 de la cellule 1083 de la section du Xe arrondissement de Paris-Ville.
Lucien Dorland avait lu beaucoup de brochures qu’il compléta par la lecture des auteurs marxistes recommandés. Il avait appris le russe « suffisamment pour parler dans une conversation sur des sujets courants » et il se disait « très attiré par la littérature artistique ». Il avait acquis une certaine expérience journalistique. Il rappelait qu’au début de 1937 il avait, dans le journal de Dijon, « démasqué Hérard et ses complices exécuteurs de la scission du PSOP ». De juillet 1937 à avril 1938 il participa à la rédaction de L’Avant-Garde puis fut chargé par le comité central des Jeunesses communistes de la rédaction de Notre Jeunesse, revue d’information et d’éducation des Jeunesses communistes. Il adhéra au syndicat CGT des journalistes au milieu de 1938. Il était par ailleurs membre des Amis de l’URSS et du Secours populaire.
Rédacteur de L’Avant-Garde clandestine en décembre 1940, il fit partie (alias Jean Claude Jecquemont), en 1941, de la direction nationale des JC avec Danielle Casanova, Albert Ouzoulias, Pierre Georges, André Leroy et Camille Baynac. Les policiers des brigades spéciales l’arrêtèrent le 3 mars 1942 au 5 cité Falguière à Paris où ils étaient venus arrêtés sa compagne Madeleine Passat dans le cadre de l’affaire Pican-Cadras : « Pendant son interrogatoire, on ne put obtenir de lui la moindre indication au sujet de son activité au sein du PCF clandestin. » Emprisonné au Cherche-Midi, puis incarcéré à Romainville, il a été fusillé comme otage au Mont-Valérien, en représailles à l’attentat du cinéma Rex. Il fut reconnu Interné résistant. Le peintre André Claudot fit au sortir de la guerre un portrait posthume au fusain de Dorland.
Son nom figure sur le Monument commémoratif cloche au Mont-Valérien ainsi qu’à Dijon dans le Carré des patriotes fusillés par les Allemands.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen. – RGASPI, Moscou, 495.270.1361 : Autobiographie du 3 février 1934 (Dijon) ; questionnaire biographique : 10 avril 1934 ; autobiographie 21 septembre 1935 (Moscou) ; documents (en russe), 1935-1937 ; autobiographie, 20 mars 1939 (Paris). – Serge Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit. – Site du ministère de la Défense, SGA, fusillés du Mont-Valérien 1939-1945. – L’Humanité, 2 septembre 1944. — Document Yves Jégouzo donné aux archives du MRN. — Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 189932 (nc).

René Lemarquis, Claude Pennetier

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