Né le 8 décembre 1917 à Annecy (Haute-Savoie), exécuté sommairement le 10 août 1944 à Vieugy, ex-commune de Seynod, auj. Annecy (Haute-Savoie) ; officier de carrière ; résistant de l’Armée secrète (AS).

Henri Pugin était le fils de Lucien César et de Jeanne Marie Lyard qui avaient aussi une fille prénommée Simone. Henri fit des études secondaires au lycée Berthollet d’Annecy.
En 1934, il épousa Jeanne Marie Perrier qui lui donna une fille prénommée Danielle. A 18 ans, il s’engagea dans l’armée. Durant le conflit, le sous-lieutenant Pugin fut affecté dans une Intendance aux armées, ce qui ne lui plut guère. Après la débâcle de 1940, il parvint à se faire affecter au 27è B.C.A. Il inculqua à ses hommes l’esprit de revanche qui effacera la honte de l’Armistice. Avec l’invasion de la Zone sud, en 1942, le sous-lieutenant Pugin fut démobilisé avec la disparition de l’armée d’armistice. Il trouva du travail dans les services du Ravitaillement, où il rencontra Lucien Mégevand.
Son bureau devint vite un centre de ralliement de tous les résistants annéciens. C’est ici que se trouvait la boîte aux lettres où étaient centralisés des renseignements importants. Les agents de liaison des différents secteurs de la ville glissaient en cachette les renseignements. Henri participa également à des transports d’armes et d’explosifs. Il avait à son actif le sabotage de nombreuses voies ferrées ainsi que des lignes électriques ou téléphoniques. Il était volontaire pour accomplir toutes les missions périlleuses et, chaque fois, il en revenait avec un grand nombre d’informations précieuses.
Mais son activité débordante attira sur lui l’attention de la police vichyssoise et à la fin février 1944, il fut arrêté par les policiers de la Section anticommuniste et interné à l’Intendance. Après deux jours d’interrogatoires « musclés » il fut relâché. Lors d’une rafle à La Roche-sur-Foron par les forces du Maintien de l’ordre françaises, le 2 mars 1944, il fut de nouveau arrêté. Incarcéré à l’Intendance, il fut torturé, questionné, mais il se tut. Au bout de 22 jours de détention, il fut à nouveau relâché. Tout cela ne l’abattit point, bien au contraire. Cela renforça son patriotisme et sa détermination. Henri resta fidèle à son poste et accomplit son « travail de résistant » au nez et à la barbe de la Gestapo malgré les conseils de ses amis qui craignaient pour sa vie.
Il fut arrêté une nouvelle fois, le samedi 8 juillet alors qu’il se trouvait au café Guillot, rue Royale à Annecy, en compagnie de son camarade de combat Louis Gruffat. La Gestapo et les militaires qui avaient cerné le quartier firent irruption dans le bar et appréhendèrent les deux hommes, aussitôt emmenés à la prison Saint-François située tout à côté.
Peu de temps après la femme d’Henri fut arrêtée alors qu’elle se trouvait rue Royale (Elle resta incarcérée à Saint-François jusqu’à la Libération). Henri fut torturé, violemment interrogé puis transféré à la Maison d’arrêt départementale où il fut détenu sous surveillance allemande. Malgré tout il gardait le moral et espérait chaque jour être délivré par ses camarades de l’Armée Secrète. Le 1er août, jour du grand parachutage des Glières, il s’écria «  Ah les veinards et dire que je ne serai pas avec eux pour la dernière manche !  »
Malheureusement le 10 août au matin, les hommes du capitaine Krist le sortirent de la prison avec trois autres détenus et, passant par Saint-François, emmenèrent trois autres détenus. Henri Pugin fut exécuté à Vieugy ce jour même, au lieu-dit le Pré d’Alle. Il avait 27 ans et laissait derrière lui une épouse et une fille de 11 mois. (Mémorial de l’oppression 3808 W 1540).
Il fut déclaré « Mort pour la France » le 12 juillet 1945 (acte de décès Annecy 480/1944), homologué FFI et Interné résistant. La médaille de la Résistance lui sera décernée par décret en date du 16 juin 1946. Il repose dans le carré militaire du cimetière de Loverchy à Annecy, tombe n°68, très proche d’un autre grand résistant Pierre Lamy. Son nom est gravé en lettres d’or sur les plaques de marbre noir récapitulatives des « Morts pour la France » apposées dans le hall de la mairie d’Annecy, ainsi que (sans prénom) sur le monument élevé aux morts du bataillon dans la cour du quartier Tom Morel à Cran-Gevrier et sur la plaque apposée dans le hall du lycée annécien.
En 1948, un monolithe de granit a été érigé à l’emplacement où furent fusillés 40 patriotes à Vieugy (aujourd’hui commune de Seynod) et en 2004, un panneau explicatif a été dressé à proximité. D’autre part une plaquette récapitulative est disponible en mairie de Seynod.


Voir Vieugy, ex-commune de Seynod, auj. Annecy (Haute-Savoie), 15 juin-10 août 1944
Sources

SOURCES : Michel Germain, Haute-Savoie Rebelle et martyre, Mémorial de la Seconde guerre mondiale en Haute-Savoie, La Fontaine de Siloé, 2009. — MémorialGenWeb. — Mémoire des Hommes. — Service historique de la Défense, Caen SHD/ AC 21 P 651886 et Vincennes GR 16 P 493348.

Michel Germain

Version imprimable