Vingt détenus de la prison de Chalon furent assassinés en plusieurs lieux à l’extérieur de la ville sur ordre du Sipo-SD par les auxiliaires français de la police allemande.

Stèle commémorative de La Loyère - photo J-L Ponnavoy 19/07/2018
Stèle commémorative de La Loyère - photo J-L Ponnavoy 19/07/2018
Monument commémoratif à Farges-lès-Chalon - photo J-L Ponnavoy 19/07/2018
Monument commémoratif à Farges-lès-Chalon - photo J-L Ponnavoy 19/07/2018
Le 26 août 1944 à la suite de la destruction des voies ferrées par les alliés et le maquis, la Gestapo (Sipo-SD) ne pouvait plus transporter les détenus. Son chef le SS obersturmführer Hans Krüger donna l’ordre d’extraire de la prison de Chalon les maquisards pour les faire fusiller. Les prisonniers furent emmenés en traction-avant par groupes de deux ou quatre et exécutés en cinq lieux différents à l’extérieur de Chalon. Dès leur descente de voiture une rafale les clouait au sol et les corps étaient abandonnés sur place.
Entre 10 heures et 11h45 vingt personnes furent ainsi abattues. Le travail était effectué par des auxiliaires français des forces de la police d’occupation portant l’uniforme allemand.
Dès dix heures il y eut quatre victimes au lieu-dit "Pré Regain" à Fragnes. Vers onze heures une nouvelle fusillade tua encore quatre hommes au lieu-dit "La Croix de Belle Verge" sur le hameau de Condemène à La Loyère. Vers 11h15 une autre fusillade toujours à Condemène fit quatre morts au lieu-dit "Les Paquiers". À 11h30 quatre autres détenus étaient abattus au bourg de La Loyère sur le lieu-dit "Le Galanceron". Enfin à 11h45 quatre dernières victimes tombèrent au lieu-dit "Les Terres Fortes" au hameau du Gauchard, commune de La Loyère.
Quelques-uns ne mourront pas sur le coup mais décéderons le lendemain ou surlendemain. Les Allemands s’étant aperçus de la disparition d’un corps au lieu-dit "La Croix de Belle Verge" donnèrent le coup de grâce à toutes leurs autres victimes.
Dès que ce fut possible, les corps furent enveloppés dans des linceuls et transportés en mairie de Fragnes où une grande partie put être identifiée. Ils furent ensuite placés dans des cercueils et inhumés discrètement au cimetière de Fragnes.
Après la Libération les communes de La Loyère, Farges-lès-Chalon, Fragnes, Virey-le-Grand, Champforgeuil et Fontaines décidèrent la construction d’un monument afin d’honorer leurs victimes communes et perpétuer le souvenir de leurs habitants massacrés ou morts en déportation. Ce monument commémoratif "Aux Martyrs de la Résistance" (voir photo) fut érigé au lieu-dit "Le Charmoy" bien visible au bord de la RN6, sur la commune de Farges-lès-Chalon avec les noms de toutes les victimes.
Les victimes :
Fragnes :
— DOLLET Jean, Louis
— MARLET Jean, Paul, Eugène
— MICHELIN Antonin grièvement blessé et mort le 27 août à Chalon-sur-Saône
— THEREAU Eugène, François grièvement blessé et mort le 27 août à Chalon-sur-Saône
La Loyère :
— BOURBON Charles
— BRETIN Marcel
— BRUNET Jacques
— BUISSON Marius, Jean, René
— DUTRION Marcel, Louis, René
— FARGETON Pierre, Bernard
— FATET Georges, François
— GARNAUD Georges blessé grièvement et mort à Chalon-sur-Saône le 28 août 1944.
— GOBET André
— LABORIER Louis
— LAGRANGE Claude
— MEYER Lucien, Pierre
— PARIS Roger
— VOLATIER Georges
— Deux inconnus non identifiés
D’autres massacres eurent lieu autour de Chalon dans les mêmes conditions, à Châtenoy-le-Royal, Crissey, Dracy-le-Fort et Mellecey.
Sources

SOURCES : Le journal de Saône-et-Loire d’août 1994 Il y a 50 ans vingt-trois résistants tombaient à Fragnes et La Loyère et du 20 août 1994, Les massacres des détenus de la maison d’arrêt dans l’été 1944 par Jeanne Gillot-Voisin.

Jean-Louis Ponnavoy

Version imprimable