Le fort des Rousses fut attaqué par le maquis le 19 août 1944 et les Allemands exercèrent de fortes représailles sur le village et la population les 22 et 23 août, tuant 16 otages civils. Trois résistants furent tués au combat entre le 19 et le 28 août contre le village

Dès le début du mois d’août 1944, les maquis tentèrent de libérer le secteur et de couper la retraite aux unités d’occupation. Le 19 août, les maquisards du haut-Jura attaquèrent la garnison du fort des Rousses et perdirent un homme, Léon Sagnières. Le 21 août, deux colonnes allemandes en provenance de Gex et de Morez se dirigèrent vers les Rousses pour y faire jonction et exercer des représailles. Elles furent accueillies par les rafales de fusil-mitrailleur des maquisards en position à l’entrée du village. Afin d’éviter un massacre, une délégation de cinq personnes ayant à sa tête l’abbé Noël Chalumeau, curé des Rousses et le maire Maxime Grenier se porta au devant de la colonne avec un drapeau blanc. Elle fut gardée en otage puis d’autres personnes se rajoutèrent à elle portant le nombre de prisonniers à quinze. Ils furent conduits au tournant des Bayards et alignés contre le mur de soutènement. Il y eut un mouvement de révolte des otages pour ne pas être fusillés dans le dos et une tentative d’évasion. Certains otages réussirent à s’échapper. Adrien Michaud qui était dans la délégation fut touché dès l’amorce du mouvement d’une balle dans la cuisse et se vida de son sang car il fut interdit de la secourir. Auguste Salvin qui faisait partie de la délégation, Robert Lacroix et le docteur Dominique Creisson qui étaient de la deuxième fournée d’otages furent abattus en essayant de s’enfuir. Vers 20h30 trois nouveaux otages se joignirent au groupe et il fut décidé de reconduire le groupe vers Les Rousses. C’est à ce moment qu’un autre otage réussira à s’enfuir. Cependant le groupe fut arrêté pour interrogatoire car une sentinelle russe avait été blessée avec un revolver par un homme portant un brassard de la Croix-Rouge. Le curé Noël Chalumeau qui faisait partie de l’équipe médicale du docteur Creisson et portait lui aussi un brassard fut accusé. Il fut reconduit au tournant des Bayards où il fut abattu et enseveli provisoirement avec les premières victimes. Le lendemain le quartier du faubourg fut envahi par des troupes cosaques qui abattirent le chef de gare René Bariod. Avec lui sept autres personnes furent également assassinées. Dix-sept maisons des Rousses furent incendiées. Le fort des Rousses fut attaqué les 22 et 23 août par les maquisards du capitaine Maurice Guêpe alias "Chevassus", qui eurent deux tués, Louis Cochet dit Franquis et Robert Vuillermoz. Un autre FFI Hugo Bassano fut blessé grièvement le 24 août et décéda le lendemain au hameau de la Cure. Les Allemands restèrent barricadés toute la semaine dans le fort des Rousses qu’ils évacuèrent dans la nuit du 27 au 28 août pour se replier sur Morez.
Liste des victimes civiles :
BARIOD René, André, Elie
BONNEFOY-CLAUDET Léon, Luc, Charles
BUFFARD-MAURET Marcel, Félix
CHALUMEAU Noël, Marie, Emmanuel
CORDIER Maurice, André
CREISSON Dominique, Paul, Henri
GODET Élie, Eugène
LACROIX-À-LA-BARBE Robert, Auguste, Constant
LAMY-CHAPPUIS Jules, Louis, Joseph
MICHAUD Adrien, Charles, Albert
PAGET, Joseph, Georges, Zéphirin
PENSA André, Eugène, Charles
SALVINO Jean, Baptiste, Auguste
Leurs noms figurent sur le monument aux morts des Martyrs de 1944 et sur plusieurs stèles ou monument commémoratifs, aux Rousses (Jura).
Sources

SOURCES : La Croix jurassienne du 17 mars 1945, 21 et 22 août 1944 : les journées tragiques des Rousses.— Mémorial Genweb.

Jean-Louis Ponnavoy

Version imprimable