Né le 23 janvier 1922 à Lutter (Haut-Rhin), exécuté sommairement le 6 juillet 1944 au champ de tir du Pont-Long à Pau (Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques) ; cultivateur ; réfractaire à l’enrôlement forcé dans l’armée allemande ; résistant du Corps franc Pommiès (CFP), Organisation de Résistance de l’Armée (ORA).

Raymond Wanner
Raymond Wanner
A la déclaration de la guerre, le 3 septembre 1939, l’évacuation des habitants des villages alsaciens fut décrétée. Ainsi, les habitants des villages de Lutter, parmi lesquels se trouvaient Raymond Wanner et ses parents Aloyse et Eugénie Sanschagrin, laissèrent tout et gagnèrent, après 3 jours de voyage, Villeneuve de Marsan (Landes). Victor Wanner, frère de Raymond, fut mobilisé dans l’armée française au 3ème Bataillon de Chasseurs alpins. Il trouva la mort le 9 juin 1940 à Conteville (Seine-Maritime).
En août 1940, les habitants de Lutter regagnèrent leur village passé sous l’autorité allemande. En 1942, les jeunes Alsaciens furent incorporés de force dans l’armée allemande. On retrouve le nom de Raymond Wanner dans un répertoire de 1948 recensant les Français originaires du Bas-Rhin, Haut-Rhin, incorporés de force dans les formations militaires allemands et non rentrés.
En effet, Raymond Wanner refusa d’être enrôlé et s’évada avec son camarade Gustave Hengy.
Des mesures de représailles furent prise par les Allemands à l’encontre des évadés : la famille Wanner fut déportée le 24 février 1943 à l’Est pour servir de main d’œuvre dans les usines et dans les fermes. Elle ne rentra qu’en mai 1945.
Après leur fuite, Raymond et Gustave Hengy rallièrent les Landes et s’engagèrent pour 3 ans comme volontaires au titre du 3ème bataillon du 18ème régiment d’infanterie (RI) à Aire-sur-l’Adour (Landes) jusqu’au 28 novembre 1942, date de la dissolution de l’armée d’armistice. Raymond Wanner fut probablement caché par l’adjudant Gander, ancien du 18ème RI et résistant au Corps Franc Pommiès. Celui-ci fournit aux Alsaciens-Lorrains menacés d’incorporation des faux papiers et les plaça dans les exploitations agricoles. Raymond Wanner s’installa alors à Panjas dans le Gers, chez M. et Mme Dutouja. En 1944, il rejoignit la brigade Carnot dont le chef était Jean de Milleret (« Carnot »), chef FFI des Landes. Il servit sous les ordres du lieutenant André Chauvin, commandant du service des transports.
La brigade, composée de 180 camarades, anciens militaires ou hommes recrutés dans le secteur, se trouvait à Portet en juin 1944. Le chef du détachement, Jean Milleret (« Carnot »), s’était installé dans la région avec son état-major, la section de commandement, la section destructions de Robert Vaxelaire, la section d’Emile Dupuy, la compagnie Maulvaux et la section auto.
Le 1er et le 2 juillet, De Milleret fut informé d’une attaque possible des troupes allemandes. Il lui fut alors fortement conseillé de changer de cantonnement et de répartir ses hommes, trop nombreux à Portet. La décision de quitter le cantonnement fut prise le 2 juillet au soir. Hélas trop tard.
Le lundi 3 juillet 1944, à 4h00 du matin, un important détachement allemand lourdement armé et parfaitement renseigné, encercla et isola le village. A 6h00, les Allemands lancèrent l’attaque. Pour les maquisards, aucune solution de repli n’était possible. Certains s’enfuirent ou se cachèrent dans les bois, les granges, d’autres ripostèrent. L’attaque fut violente et le bilan matériel et humain particulièrement lourd. Neuf maisons furent incendiées, 14 résistants furent tués au combat, 5 habitants du village furent abattus. Ses amis, Gustave Hengy et Ernest Libis réussirent à s’échapper alors que le caporal Raymond Wanner fut capturé, transporté, enfermé et torturé dans les prisons de la caserne Bernadotte à Pau, avec 38 de ses camarades. Le 6 juillet, le commandant allemand prit la décision d’exécuter les prisonniers. Emmené au champ de tir du Pont-Long, au nord de Pau, il fut exécuté à la mitraillette et son corps jeté dans une fosse.
Les fosses furent découvertes le 25 août 1944. Raymond fut identifié par la famille Dutouja, grâce à des papiers portant son nom, un stylo et son peigne. Il fut inhumé au cimetière de Pau, puis à Panjas dans le Gers, et, enfin, dans son village natal, Lutter. Dans une lettre en date du 26 novembre 1944, Mme Dutouja évoque l’engagement de Raymond Wanner : « Pauvre Raymond, qu’il serait heureux de voir l’Alsace libérée […] ce bonheur n’a pas été pour lui ».
Il obtint la mention « Mort pour la France ». Homologué sergent, son nom figure sur le monument commémoratif de Portet, sur le monument aux Morts de Lutter (Haut-Rhin), sur celui de Panjas (Gers), sur le mémorial du CFP à Castelnau-Magnoac (Hautes-Pyrénées), ainsi que sur un panneau commémoratif situé sur le Charnier du Pont-Long qui rend hommage à 57 résistants morts pour la France.


Voir Pau (Basses-Pyrénées, actuellement Pyrénées-Atlantiques), champ de tir du Pont-Long, 6 juillet - août 1944
Sources

SOURCES : Archives Familiales. — Archives Association Lutter en découverte. — MémorialGenWeb. — Mémoire des Hommes. — MALOMPRE Maxime. PORTET, après le 3 juillet 1944, Tome 2. Carnets du Vic-Bilh. 2012. — CERONI, Marcel Corps Franc Pommiès. Tome 1-2 ; La lutte ouverte, Amicale du Corps Franc Pommiès, 2007.

Iconographie
Archives privées

Audrey Galicy

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