Née le 21 juillet 1875 à Pont-Carré (Seine-et-Marne), exécutée sommaire le 20 août 1944 au Fort de Romainville, Les Lilas (Seine, Seine-Saint-Denis) ; journalière, blanchisseuse ; résistante isolée.

Marie Louise Quétié était la fille de Philippe Quétié âgé de 32 ans à sa naissance, manouvrier et de Adeline Kieschos, journalière puis blanchisseuse. Elle vécut dans un milieu modeste, sa mère ne savait pas écrire. La famille quitta la Seine-et-Marne pour Saint-Maur-des-Fossés (Seine, Val-de-Marne). Le 4 mars 1898, lors de la naissance de sa fille, Madeleine Alphonsine Quétié, elle vivait chez ses parents 90 avenue de Bonneuil à Saint-Maur-des-Fossés. La fillette fut reconnue par sa mère le 15 avril 1898 et par son père, Alexandre Marcel, 23 ans, maçon, le 9 avril 1899. Son fils Georges André Quiété né le 29 janvier 1905 fut légitimé par le mariage de ses parents le 9 août 1913, Marie et Joseph Christophe Benoit, 27 ans, couvreur, domiciliés 4 rue Etienne Marcel à Saint-Maur-des-Fossés. L’acte porte la mention suivante : « l’épouse ayant déclaré ne savoir signer ». Fréquente au XIXe siècle, une telle mention est devenue rare au XXe siècle, mais il est vrai que Marie a eu six ans en 1881, au tout début de la mise en œuvre de l’École publique gratuite et obligatoire. Elle ne semble pas avoir eu la possibilité de fréquenter l’école de son village.
Son mari, Joseph Christophe Benoit, père d’André, mourut en 1942. En août 1944, domiciliée depuis les années 1930, 27 quai de la Varenne (aujourd’hui quai Winston-Churchill), elle vivait avec son fils André Benoit, couvreur. Elle avait 69 ans.
Gilles Primout indique sur son site sur la libération de Paris : « Jeanne Benoit, originaire de Saint Maur, arrêtée le 19 août vers 13h00 parce qu’elle aurait abrité des parachutistes alliés ; a fait vraisemblablement l’objet d’une dénonciation. ». Dans les archives de Saint-Maur (archives du Comité local de Libération et du Bataillon Hoche des FFI) on ne trouve pas mention d’activités de Résistance. Nous ne connaissons pas les conditions exactes de son arrestation.
Le 19 août 1944, au passage à niveau de Champigny-sur-Marne, commune limitrophe, des soldats allemands contrôlèrent une voiture occupée par des résistants armés venus de Pontault-Combault (Seine-et-Marne). Marie et André Benoit furent également emmenés au fort de Nogent-sur-Marne puis le lendemain dans celui de Romainville où la garnison allemande quittait les lieux mais ceux-ci furent réoccupés le jour même par des « Géorgiens » de l’armée Vlassov, troupes auxiliaires de la Wehrmacht.
Le dimanche 20 août, dans l’après-midi, avant de quitter le fort, les « Géorgiens » mitraillèrent les onze victimes presque à bout portant, derrière le bâtiment central.
Le signalement de l’acte de décès n°139 établi le 27 août au nom d’une inconnue est : « âgé de 60 ans , cheveux châtains clairs, petite corpulence, visage mince, porte des lunettes, vêtue d’une jacquette bleue foncé, blouse bleu claire à rayures, jupe noire, nu pieds à semelles de bois, lanières en tissu orange, chevalière à l’index droit avec les initiales LM. »
Le lendemain les résistants des Lilas découvrirent les corps ; les photographies des suppliciés publiées dans la presse redevenue libre provoquèrent une forte émotion. Les équipes du Comité de libération du cinéma français (CLCF) filmèrent le 21 août, les images projetées dans les salles parisiennes quelques semaines plus tard marquèrent fortement les esprits. A l’été 1945, l’exposition au Grand-Palais à Paris, « Crimes hitlériens » présenta également ce crime de guerre.
Son nom est gravé sur la plaque commémorative 1939-1945 de la mairie des Lilas mais sans son prénom et sur celle de la mairie de Saint-Maur-des-Fossés écrit Benoit Marie. Le 1er décembre 1946 était inaugurée à la mairie de Saint-Maur la première « plaque commémorative aux victimes de la barbarie nazie apposée dans le vestibule de la mairie ». Il s’agit de personnes décédées en déportation ou fusillées. Marie et André Benoit n’y figuraient pas. Le Comité local de Libération reçut, dans les semaines suivantes, une lettre de Mme Olin, fille de Marie Benoit et sœur d’André, demeurant 117 boulevard de Champigny à Saint-Maur, demandant que leurs noms soient inscrits sur cette plaque ; ce qui fut fait le 22 mars 1947 avec huit autres victimes inscrites sur la plaque complémentaire.
Fort de Romainville (Les Lilas, Seine-Saint-Denis) 20 août 1944
Sources

SOURCES : Thomas Fontaine, Les oubliés de Romainville, Un camp allemand en France (1940-1944) , p. 131-132, Tallandier, 2005 . — Documents fournis par Gérard Carayon, texte de la borne 23 du Mémorial de Caen, témoignage, octobre 2020. — [https://liberation-de-paris.gilles-primout.fr/larmee-vlassov-aux-lilas]. — État civil, Les Lilas, acte de décès n°139, 1944, identité inconnue. — Arch. mun. de Saint-Maur-des-Fossés, 3H 14/1, état civil, consultées par Annie Jammet, 2022.

Annie Pennetier, Annie Jeammet

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