Le 20 août 1944, onze prisonniers, arrêtés à Champigny-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne) le 19 août 1944, ont été massacrés par des soldats des troupes auxiliaires de la Wehrmacht.

Le camp de Romainville est surtout connu comme un des lieux de transit vers les camps de concentration et centres d’exécution dont Le Mont-Valérien.
Dans son livre Les oubliés de Romainville : un camp allemand en France (1940-1944), Thomas Fontaine rappelle la spécificité du statut du camp de Romainville dans la France occupée, le seul avec Compiègne et, à partir de 1943, avec Drancy à être sous administration allemande.
Comme dans un certain nombre de prisons françaises sous contrôle allemand, des exécutions sommaires y furent perpétrées par l’occupant dans les jours précédents la libération.
A Romainville, le 19 août 1944, la garnison allemande quitta le fort mais celui-ci fut réoccupé le jour même par des « Géorgiens », Osttruppen, troupes auxiliaires de la Wehrmacht commandés par le général Vlassov. Onze prisonniers arrêtés le jour même à Champigny-sur-Marne (Seine-et-Oise) internés au fort voisin de Nogent-sur-Marne furent transportés le lendemain au fort de Romainville , leurs noms ne furent pas notés sur le registre.
Il s’agissait d’un groupe de résistants FFI de Pontault-Combault (Seine-et-Marne) en partance pour récupérer des motos allemandes à Joinville qui s’était fait contrôler peu avant à un passage à niveau de Champigny avec leurs armes dans leur voiture.
Pierre Carayon, Norbert Deschaintres, Isidore Harris, Alphonse Mazzurana, Pierre Mongiat ainsi que trois résistants de Seine-et-Marne Chaffard Roger, Gaudin Roland et Gourdon Pierre.
Marie-Jeanne Benoit et son fils André Benoit qui cachaient des résistants parisiens et des aviateurs alliés furent également arrêtés. Alfred Lamy qui allait à la pêche au bord de la Marne, prit peur et plongea dans le fossé. Les Allemands l’arrêtèrent également en pensant qu’il avait tiré. Ils furent tous emmenés d’abord au fort de Nogent-sur-Marne puis dans celui de Romainville.
Après une nuit probablement enfermés dans les casemates, le dimanche 20 août, dans l’après-midi, avant de quitter le fort, les « Géorgiens » les mitraillèrent à bout portant derrière le bâtiment central, le long du mur.
Le lendemain les résistants des Lilas découvrirent les corps, et durant la mise en bière une fusillade eut lieu à l’ouest du fort entre des policiers pourchassant des collaborateurs et des soldats allemands qui s’enfuirent avec leurs blessés. Un « Géorgien » fit une déposition remise au colonel Bourgoin.
L’inhumation se déroula au cimetière des Lilas.
Les photographies des suppliciés publiées dans la presse redevenue libre provoquèrent une forte émotion. Les équipes du Comité de libération du cinéma français (CLCF) filmèrent le 21 août, les images projetées dans les salles parisiennes quelques semaines plus tard marquèrent fortement les esprits.
A l’été 1945, l’exposition au Grand-Palais à Paris, « Crimes hitlériens » présenta également ce crime de guerre.
La plaque commémorative les nomme improprement « otages » .
Les 11 victimes :
Benoit André
Benoit Marie Jeanne
Carayon Pierre
Chaffard Roger
Deschaintres Norbert
Gaudin Roland
Gourdon Pierre
Harris Isidore
Lamy Alfred
Mazzurana Alphonse
Mongiat Pierre
Sources

SOURCES : SHD Vincennes. — Thomas Fontaine, Les oubliés de Romainville, Un camp allemand en France (1940-1944), p. 131-132, Tallandier, 2005 . — [https://liberation-de-paris.gilles-primout.fr/larmee-vlassov-aux-lilas].— État civil, Les Lilas, actes de décès, archives municipales.

Annie Pennetier

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