Né le 19 mars 1928 à Krasnick (Pologne), sommairement exécuté le 7 août 1944 à Grenoble (Isère) ; apprenti fourreur ; victime civile

Juif polonais, Maurice Grinwald était le fils de Peysach et de Michla Klajman.
Sa famille vint s’installer à Paris et habitait 8 rue de l’Échiquier dans le Xe arrondissement.
Après sa scolarité à l’école de la rue Martel, il devint apprenti fourreur.
Son frère Léon, âgé de 10 ans, fut interné à Drancy le 27 juillet 1942 et déporté le 24 août 1942 par le convoi 23. Il ne revint pas.
Sa mère Michla fut internée à Pithiviers et fut déportée à Auschwitz le 2 août 1942.
Célibataire, Maurice Grinwald se réfugia dans la région grenobloise.
Il habitait chemin du Paget à Sassenage (Isère).
Le 7 août 1944 vers 14h30, en représailles à l’exécution d’un milicien, trois Traction Avant stoppèrent devant le café du commerce situé place Grenette à Grenoble (Isère). Il en sortit une quinzaine d’individus en uniforme de Jeune de l’Europe nouvelle (J.E.N.) qui cernèrent la place.
Deux miliciens, appartenant aux Waffen-SS, Guy Éclache et un dénommé Delphin pénétrèrent armés dans le café.
Ils firent sortir les clients après avoir vérifié leur identité et avoir fouillé certains.
Ils ne gardèrent que trois hommes sous la menace de leur arme qu’ils emmenèrent dans leurs automobiles.
Le même jour, vers 17h30, le gardien de l’aéroport, qui se trouvait alors dans son domicile, entendit plusieurs coups de feu venant du hangar Sud.
L’aéroport se trouvait alors au sud de Grenoble, le long de la route menant à Échirolles (Isère), à 500 m de toute habitation.
Sortant de chez lui, il aperçut alors trois voitures qui circulaient en direction de Grenoble. Se rendant au hangar, il découvrit 3 cadavres et alerta la gendarmerie de Grenoble.
Les trois clients du café du commerce venaient d’être exécutés par des membres de la Milice, commandés par Guy Éclache.
Les gendarmes qui se rendirent sur place firent une description précise des 3 corps :
« Nous voyons au milieu du dit hangar les cadavres de trois hommes ; ils sont couchés sur le dos les bras allongés.
Le plus âgé, qui nous paraît avoir 35 à 40 ans, a la figure en sang ; il porte une trace de balle à la tempe droite, une à la tempe gauche, et une sous l’œil droit.
Le plus jeune, qui nous parait avoir de 18 à 20 ans, a une trace de balle à la tempe droite et deux traces de balle à la poitrine, à hauteur du cœur.
Le troisième qui nous paraît âge de 25 à 30 ans, a une trace de balle à la tempe droite et deux traces de balle dans la poitrine, à hauteur du cœur.
Ces corps sont encore tièdes.
 »
Tout élément d’identification avait été supprimé.
Les gendarmes obtinrent un second témoignage d’un jeune garçon qui gardait des vaches à proximité. Il déclara avoir vu trois voitures près du hangar et les trois hommes entourés de soldats.
Les corps furent transportés à l’École de Médecine et les services anthropométriques de la ville prirent des photographies en vue d’une identification future.
Trois actes de décès, n° 687, 688 et 689 furent établis par le service de l’état civil de la mairie de Grenoble.
L’acte de décès n° 688 du 12 août 1944 porte les indications suivantes : «  Le sept août mil neuf cent quarante quatre, un individu du sexe masculin dont l’identité n’a pu être établie, est décédé à l’aéroport. Le signalement est le suivant : âgé de dix-huit à vingt ans, taille un mètre soixante-treize, cheveux châtains moyens, nez busqué grand, bouche légèrement grande, front légèrement fuyant, yeux marron, imberbe, menton intermédiaire légèrement saillant, teint jaune, visage ovale. Vêtu d’un pantalon en lainage bleu, chemise à rayures blanches et mauves. Porte une ceinture en caoutchouc blanche, chaussé de sandalettes jaunes, ne porte pas de chaussettes.  »
Reconnu par son frère Salama le 30 septembre 1944, un jugement du tribunal civil de Grenoble rendu le 31 décembre 1946 signifia que cet acte de décès s’appliquait à "Moïsse" Grinwald.
Il est inhumé depuis le 19 mai 1947 au cimetière parisien de Pantin (Seine-Saint-Denis).
Son nom figure sur les plaques commémoratives de l’école publique, 9 rue Martel à Paris (Xe arr.) et sur la stèle commémorative des amis de Krasnik au cimetière parisien de Pantin.
Le mémorial de la Shoah à Paris et le Mémorial de Yad Vashem le recensent parmi les victimes de la Shoah.
L’inconnu dont l’acte de décès fut enregistré sous le n°689 fut reconnu comme étant Maurice Brzezinski. L’autre inconnu ne fut jamais identifié.


Voir : Grenoble, d’octobre 1943 à août 1944
Sources

SOURCES : AVCC, Caen, AC 21 P 350962 (nc). — Arch. Dép. Rhône et Métropole, Mémorial de l’oppression, 3808 W 406 et 530. — Séverine Germain, Guy Éclache, enquête sur un ultra de la Collaboration, PUG, 2018. — Mémorial GenWeb. — Geneanet. — Mémorial de la Shoah (Paris). — Yad Vashem , Jérusalem (Israël). — https://amejd10e.wordpress.com/martel-baccary/ — État civil, acte de décès.

Jean-Luc Marquer

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