Né le 16 février 1923 à Paris XIIe arr. (Seine, aujourd’hui Paris), abattu le 1er août 1944 à Sassenage (Isère) ; sans profession connue ; résistant de l’Armée Secrète, homologué Forces françaises de l’Intérieur et interné résistant (D.I.R.)

Alfred Leizer était le fils de Moïse, Joseph et Ciarna Pincus, dite Jeannette, son épouse, tous deux juifs originaires de Roumanie.
La famille habitait 41 rue Saint-André-des-Arts à Paris VIe arr. (Seine, aujourd’hui Paris) où les parents tenaient un magasin de vêtements pour hommes.
Le 12 janvier 1940, Paul Leizer, le frère ainé d’Alfred, fut abattu par 4 hommes, avenue Henri-Martin à Paris. L’affaire fit les gros titres pendant quelques jours. L’enquête révéla qu’il était mêlé à un trafic d’or et qu’il avait été abattu par des truands.
Le 9 mai 1941, un arrêté mit un administrateur provisoire à la tête du magasin familial.
La famille Leizer réussit à échapper aux rafles.
Alfred Leizer entra dans la Résistance et rejoignit le le secteur 8 de l’AS Isère, intégrant le 6ème Bataillon de Chasseurs Alpins reconstitué dans le Vercors.
En juillet 1944, parallèlement à l’invasion du Vercors, l’armée allemande encercla le massif et toutes les communes situées à sa périphérie furent investies.
Après l’ordre de dispersion donné le 23 juillet 1944 par François Huet, chef militaire du Vercors, de nombreux maquisards tentèrent de quitter le massif pour poursuivre la lutte.
Le groupe Goderville (Jean Prévost) dont faisait partie Alfred Leizer se réfugia dans la grotte des Fées, située dans la forêt de Saint-Agnan-en-Vercors (Drôme). La situation de la grotte est difficile à trouver, l’entrée se fait par une chatière de 60 cm ouvrant sur une salle propice au refuge.
De la grotte, les réfugiés pouvaient apercevoir les colonnes de fumée laissant présager de la tragédie qui se déroulait sur le plateau. Là, pendant plusieurs jours autour du capitaine Goderville, ils furent une poignée d’hommes : le capitaine Bouysse (Charles Loysel), le lieutenant Raymond (Jean Veyrat), Alfred Leizer, Simon Nora, le lieutenant André Jullien Du Breuil, Rémy Lifschitz et Léa Blain, seule femme dans cette cavité où l’eau, la nourriture, et les couvertures manquaient terriblement.
Le petit groupe de la grotte des Fées s’impatientait. Cette existence recluse, oisive, avec une nourriture frugale et rare, dans le froid et l’humidité, pesait à tous. Ils décidèrent d’agir. Puisqu’on avait cessé de se battre dans le Vercors, il fallait désormais en sortir et rejoindre les camarades qui, dans l’Isère, poursuivaient la lutte.
Le lundi 31 juillet 1944, profitant de l’accalmie qui semblait régner aux alentours, le groupe Goderville prit la décision de quitter la grotte et s’éloigna en direction du nord-est. Le capitaine Goderville et le capitaine Bouysse avaient décidé de longer, en forêt, la route qui mène à Corrençon (Isère), Villard-de-Lans (Isère), Engins (Isère), et de rallier Sassenage (Isère).
Simon Nora, qui avait décidé de rejoindre ses parents qui se cachaient à Méaudre (aujourd’hui Autrans-Méaudre-en-Vercors, Isère), quitta le groupe.
Rémy Lifschitz et Léa Blain s’arrêtèrent à Villard-de-Lans, car la jeune femme avait les pieds en sang et ne pouvait plus avancer.
Le matin du 1er août 1944, au lieu-dit "La Croix des Glovettes" à Villard-de-Lans, ils furent surpris par une patrouille allemande : tous deux vendirent chèrement leur peau avant de périr. Rémy Lifschitz fut déchiqueté par une grenade. Léa Blain fut tuée d’une balle dans la tête.
Après une pause à Engins, les hommes s’engagèrent dans les Gorges d’Engins. Ils sortirent du défilé le 1er août et atteignirent le pont Charvet, où ils tombèrent sur des soldats allemands qui les abattirent aussitôt à la mitrailleuse. Alfred Leizer, André Jullien du Breuil, Jean Prévost, Charles Loysel et Jean Veyrat furent tués sur le coup.
Le 3 août 1944, après le départ des Allemands, des habitants de Sassenage relevèrent les corps et les ramenèrent au village.
Les cinq corps anonymes numérotés et photographiés, ils furent inscrits sur les registres d’état civil de Sassenage puis inhumés dans le cimetière de la commune.
L’acte de décès n°19 du 3 août 1944 porte les indications suivantes : « Le 3 août 1944, à 9 heures, nous avons constaté au lieu-dit pont Charvet le décès d’un individu de sexe masculin, dont l’identité n’a pu être établie, dont la mort paraît remonter à deux jours, n°3 d’un groupe de cinq personnes. Signalement : âgé de vingt-cinq ans environ, taille 1m72 environ, cheveux châtain foncé, nez moyen, visage allongé, corpulence forte, veste et pantalon tissu foncé, pull-over laine bleue ».
Ce n’est que quelques jours plus tard qu’ils furent identifiés.
Un jugement du tribunal civil de Grenoble (Isère) en date du 9 août 1945, indiqua que cet acte de décès devait être attribué à Alfred Leizer.
Une stèle en leur mémoire fut posée en 1948 grâce à une souscription lancée par Pierre Dalloz.
Alfred Leizer obtint la mention "Mort pour la France", fut homologué résistant, membre des Forces françaises de l’Intérieur et interné résistant (D.I.R).
Il fut décoré de la Croix de guerre à titre posthume.
Il est maintenant enterré dans le caveau familial au cimetière parisien de Bagneux (Hauts-de-Seine), section 2, 115 2 43.
Son nom figure sur le mémorial érigé au pont Charvet à Sassenage, sur une des plaques commémoratives 1939-1945 de l’église Saint-Germain-des-Prés à Paris VIe arr. et sur la stèle commémorative de la société Idéal Fraternel érigée dans le cimetière de Bagneux.
Le Mémorial de Yad Vashem (Jérusalem, Israël) le recense parmi les victimes de la Shoah.


Notice provisoire


Voir : Pont Charvet, Sassenage
Sources

SOURCES : SHD Vincennes, GR 16 P 358243 (à consulter) ; GR 19 P 38/16 — AVCC Caen AC 21 P 77675 et AC 21 P 560499 (à consulter) — Mémoire des hommes — Szykowski Mathis, Betrayal and Survival and Beyond, Dorrance Publishing Co. Inc., Pittsburgh, Pennsylvanie, 2009 — Mémorial GenWeb — Geneanet — État civil

Jean-Luc Marquer

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