Né le 21 février 1912 à Rennes (Ille-et-Vilaine), sommairement exécuté le 1er août 1944 à Sassenage (Isère) ; officier de carrière ; résistant de l’Armée Secrète, homologué capitaine des forces françaises de l’Intérieur et interné résistant (D.I.R.)

Charles LOYSEL
Charles LOYSEL
Photo : Bruno Baverel, Mémorial GenWeb, sous licence d’usage CC BY-NC-SA 2.0
Charles, Fernand, Marie Loysel était le fils de Maurice, Auguste et de Suzanne, Marie Le Fer de la Gervinais.
Issu d’une famille d’officiers, c’est tout naturellement qu’il opta pour la carrière militaire.
Sorti de l’École Militaire de l’Infanterie et des Chars de Combat (EMICC) de Saint-Maixent en 1939, il rejoignit le 12e Bataillon de Chasseurs Alpins avec le grade de sous-lieutenant et participa à l’expédition de Narvik (Norvège).
Il fut promu lieutenant à son retour,avant la dissolution de son bataillon en 1940.
Il épousa Marie, Édith, Anne, Thérèse, Augustine De la Chapelle le 9 novembre 1943 à Rennes (Ille-et-Vilaine).
Il s’engagea dans la Résistance et rejoignit les maquis de Savoie, puis le Vercors, secteur 8 de l’AS Isère, lors de la reconstitution éphémère du 12e BCA.
Après l’ordre de dispersion donné le 23 juillet 1944 par François Huet, chef militaire du Vercors, de nombreux maquisards tentèrent de quitter le massif pour poursuivre la lutte.
Le groupe Goderville (Jean Prévost) dont faisait partie Charles Loysel se réfugia dans la grotte des Fées, située dans la forêt de Saint-Agnan-en-Vercors (Drôme). La situation de la grotte est difficile à trouver, l’entrée se fait par une chatière de 60 cm ouvrant sur une salle propice au refuge.
De la grotte, les réfugiés pouvaient apercevoir les colonnes de fumée laissant présager de la tragédie qui se déroulait sur le plateau. Là, pendant plusieurs jours autour du capitaine Goderville, ils furent une poignée d’hommes : le capitaine Bouysse (Charles Loysel), le lieutenant Raymond (Jean Veyrat), Alfred Leizer, Simon Nora, le lieutenant André Jullien Du Breuil, Rémy Lifschitz et Léa Blain, seule femme dans cette cavité où l’eau, la nourriture, et les couvertures manquaient terriblement.
Le petit groupe de la grotte des Fées s’impatientait. Cette existence recluse, oisive, avec une nourriture frugale et rare, dans le froid et l’humidité, pesait à tous. Ils décidèrent d’agir. Puisqu’on avait cessé de se battre dans le Vercors, il fallait désormais en sortir et rejoindre les camarades qui, dans l’Isère, poursuivaient la lutte.
Le lundi 31 juillet 1944, profitant de l’accalmie qui semblait régner aux alentours, le groupe Goderville prit la décision de quitter la grotte et s’éloigna en direction du nord-est. Le capitaine Goderville et le capitaine Bouysse avaient décidé de longer, en forêt, la route qui mène à Corrençon (Isère), Villard-de-Lans (Isère), Engins (Isère), et de rallier Sassenage (Isère).
Simon Nora, qui avait décidé de rejoindre ses parents qui se cachaient à Méaudre (aujourd’hui Autrans-Méaudre-en-Vercors, Isère), quitta le groupe.
Rémy Lifschitz et Léa Blain s’arrêtèrent à Villard-de-Lans, car la jeune femme avait les pieds en sang et ne pouvait plus avancer.
Le matin du 1er août 1944, au lieu-dit "La Croix des Glovettes" à Villard-de-Lans, ils furent surpris par une patrouille allemande : tous deux vendirent chèrement leur peau avant de périr. Rémy Lifschitz fut déchiqueté par une grenade. Léa Blain fut tuée d’une balle dans la tête.
Après une pause à Engins, les hommes s’engagèrent dans les Gorges d’Engins. Ils sortirent du défilé le 1er août et atteignirent le pont Charvet, où ils tombèrent sur des soldats allemands qui les abattirent aussitôt à la mitrailleuse. Charles Loysel, André Jullien du Breuil, Jean Prévost, Alfred Leizer et Jean Veyrat furent tués sur le coup.
Le 3 août 1944, après le départ des Allemands, des habitants de Sassenage relevèrent les corps et les ramenèrent au village.
Les cinq corps anonymes numérotés et photographiés, ils furent inscrits sur les registres d’état civil de Sassenage puis inhumés dans le cimetière de la commune.
L’acte de décès n°18 du 3 août 1944 porte les indications suivantes : « Le 3 août 1944, à 9 heures, nous avons constaté au lieu-dit pont Charvet le décès d’un individu de sexe masculin, dont l’identité n’a pu être établie, dont la mort paraît remonter à deux jours, n°2 d’un groupe de cinq personnes. Signalement : âgé de quarante-cinq ans environ, taille 1m72 environ, cheveux châtains, visage allongé, nez moyen, corpulence moyenne, vêtu pull-over gris avec trois torsades sur le devant, chemise bleue à manches courtes ».
Ce n’est que quelques jours plus tard qu’ils furent identifiés.
Un jugement du tribunal civil de Grenoble (Isère) en date du 21 décembre 1944, indiqua que cet acte de décès devait être attribué à Charles Loysel.
Une stèle en leur mémoire fut posée en 1948 grâce à une souscription lancée par Pierre Dalloz.
Charles Loysel obtint la mention "Mort pour la France", fut homologué résistant, capitaine des Forces françaises de l’Intérieur, et interné résistant (D.I.R.).
Il fut décoré de la Croix de Guerre et de la Médaille de la Résistance, et fut élevé à la dignité de Chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume.
Il est désormais enterré dans la Nécropole Nationale de Saint-Nizier-du Moucherotte (Isère), tombe 34.
Son nom figure sur le mémorial érigé au pont Charvet à Sassenage, sur le monument aux morts de Sassenage, sur le livre d’or de l’école Saint-Vincent à Rennes et sur une des plaques du Panthéon de l’Hôtel de Ville de Rennes et sur le Mémorial des Bretons à Sainte-Anne-d’Auray (Morbihan)


Notice provisoire


Voir : Pont Charvet, Sassenage
Voir : Nécropole nationale de Saint-Nizier-du-Moucherotte
Sources

SOURCES : SHD Vincennes, GR 16 P 379087 (à consulter) ; GR 19 P 38/16 — AVCC Caen, AC 21 P 86048 et AC 21 P 566784 (à consulter) — Mémoire des hommes — Geneanet — Mémorial GenWeb — article Wikipedia Jean Prévost — État civil

Jean-Luc Marquer

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