Née le 17 avril 1916 à Manresa (province de Barcelone, Catalogne, Espagne), massacrée le 15 juillet 1944 à Castelnau-Durban (Ariège) ; victime civile d’une vengeance de maquisards de l’Agrupación, de guerrilleros españoles (AGE) qui visait son mari

Palmira Tomàs était née à Manresa, ville de la Catalogne centrale. Elle était la fille de Josep Tomàs i Casas natif de Súria, (province de Barcelone) localité industrielle de la Catalogne centrale qui, en 1937, était déjà décédé, et de Roser [Rosario] Pérez Rodríguez née à Monforte de de Lema (province de Lugo, Galice). Elle se maria le 11 octobre 1937 à Manresa avec Ricardo Roy Escribano, né le 9 février 1902, officier de l’Armée populaire de la République espagnole.
Précédemment, avant la militarisation des milices formées en juillet 1936 au début de la guerre civile, ce militant anarchiste avait combattu dans les rangs de la colonne de la CNT-FAI « Tierra y Liberdad ». Son mariage avec Ricardo Roy Escribano légitimait la naissance de sa première fille Prosperitat née le 1er octobre 1937. Palmira Tomàs eut une seconde fille, Isabelle née le 8 juillet 1944 à Castelnau-Durban (Ariège), une semaine avant le massacre de la famille.
Elle rentra en France avec sa famille en février 1939, au moment de la Retirada. En 1940, elle était internée avec sa fille au camp de Bram (Aude) : ce camp abritait plus particulièrement des personnes âgées et des mères avec de jeunes enfants. Il est possible que sa mère Rosario Pérez ait été également internée à Bram, ce que ne dit pas la documentation consultée. Le 24 novembre 1940, elles avaient été transférées au camp d’Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales). Toutes trois furent autorisées à quitter ce camp le 16 décembre 1940 pour Sentein (Ariège) un village pyrénéen de la vallée de Biros, en Couserans. Son mari, Ricardo Roy Escribano, y était employé par la Société d’entreprises électriques et de travaux publics. Le maire de Sentein avait donné un "avis très favorable" à la venue de cette famille auprès d’un homme apparemment apprécié. Le 2 décembre 1940, le sous-préfet de Saint-Girons, faisait savoir à ce maire que "le préfet [de l’Ariège] ne voyait aucun inconvénient à ce que satisfaction soit donnée à l’intéressé [Ricardo Roy Escribano]". Le 16 décembre 1944, le commissaire divisionnaire du camp d’Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales) informait le préfet du département que les deux femmes et la petite fille avaient été "aujourd’hui autorisées à quitter le camp d’Argelès où elles sont internées depuis le 24 novembre 1940".
La famille quitta ensuite Sentein. En 1943, elle habitait à Castelnau-Durban avec sa fille, son beau-fils et sa petite-fille. Ils résidaient dans une maison du hameau de la Casace (la maison Estaque) au sud du village de Castelnau-Durban, sur les contreforts septentrionaux du massif pré-pyrénéen de l’Arize. Son nom figurait un « état nominatif des étrangers », nombreux dans la commune de Castelnau-Durban, du 10 décembre 1943.
Le 15 juillet 1944 une fête était organisée au domicile familial de la Casace pour célébrer la naissance, le 8 juillet, de sa deuxième fille, Isabelle. Sa mère, ses deux filles et des amis de la famille étaient présents. Son mari, s’étant sans doute attardé au travail, n’était pas encore rentré lorsque fut perpétré le massacre au cours duquel périrent quatre membres de la famille.
En début de soirée des communistes espagnols armés demandèrent à entrer dans la maison. Ils furent invités à participer aux réjouissances. Ils purent certes constater l’absence de Ricardo Roy qu’ils venaient « liquider » car considéré comme un « traitre » pour son refus d’intégrer les organisations de résistance de la mouvance communiste. Pourquoi décidèrent-ils d’exercer leur vengeance sur la famille et les amis de Ricardo Roy ? Vers 22 heures et demie, après avoir éteint brusquement la lumière, ils tirèrent à l’aveuglette dans la pièce des rafales d’armes automatiques. Ils mirent ensuite le feu à la maison.
La réalité du massacre est établie par divers témoignages, dont celui d’une voisine, recueilli dans les années 2010 par Ángel Carballeira et par le jugement du 9 septembre 1954 rendu par le tribunal civil de première instance de Foix concernant Evaristo Soler Crivellé. Les décès des victimes de la tuerie, dont Palmira Tomàs, ne furent pas consignés sur le registre de l’état civil de Castelnau-Durban.
Voir Castelnau-Durban (Ariège), la Casace [Casasse], massacre d’Espagnols adultes et d’enfants par des « guérilleros » (15 juillet 1944)
Sources

SOURCE : Arch. dép. Pyrénées-Orientales, 109 W 325, dossiers d’internés au camp d’Argelès-sur-Mer, dossier de Rosario Pérez Rodríguez (échanges de courriers entre les préfets de l’Ariège, de l’Aude et des Pyrénées-Orientales, le sous-préfet de Saint-Girons, le commissaire divisionnaire d’Argelès-sur-Mer, le maire de Sentein). — Ángel Carballeira, « La tuerie de Lacazace en juillet 1944 », Les cahiers du CTDEE, Centre toulousain de documentation sur l’exil espagnol, 14, décembre 2020, p. 25-39, avec la reproduction de l’acte de mariage de Palmira Tomàs rédigé en catalan, dans les registres de l’état civil de Manresa.

André Balent

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