Né le 29 août 1917 à Port-Saïd (Égypte), mort le 30 juin 1944 à Gigouzac (Lot) ; brigadier de Police urbaine à Decazeville (Aveyron) ; résistant des groupes Vény du Lot de l’Armée secrète (AS) Vény.

Monument commémoratif des morts du combat de Gigouzac (Lot), 30 juin 1944
Source : MemorialGenWeb
Avant son arrivée à Decazeville, Henri Balondrade appartint aux GMR (Groupes mobiles de réserve, créés par le gouvernement de Vichy et développés par René Bousquet) dans la région de Béziers (Hérault).
Il se maria avec France Pugenier. Le couple eût deux enfants, Christian, né le 5 décembre 1939 et Anny, née le 11 janvier 1942. Il habita Sète avant Decazeville (après 1936 puisqu’il n’apparaît pas au recensement de cette date). Il fut nommé le 1er novembre 1941 au grade de brigadier de 1e classe. Le 23 février 1942, le préfet de Montpellier le muta au corps urbain de Decazeville à compter du 1er mars 1942.
Après des difficultés importantes pour trouver un logement, il occupa, avenue Laromiguière à Decazeville, un trois pièces, réquisitionné pour les besoins du personnel de police, avec sa femme, ses deux enfants ainsi que ses beaux-parents.
Il semblait donner entière satisfaction à ses supérieurs puisque le commissaire de police de Decazeville, Georges Roche (commissaire de police de la ville exécuté par Pierre Delpech et Henri Garcia le 8 mars 1944), le proposa en septembre 1942 à la promotion de brigadier-chef. Pourtant, le 20 août de la même année, Henri Balondrade demanda sa mutation et le lendemain le commissaire Roche rédigea un rapport défavorable à son encontre, rapport qui concernait sa manière de servir. À la suite de ce rapport, le 16 septembre 1943, Henri Balondrade fut suspendu de ses fonctions pour trois mois avec privation de traitement par le Préfet régional de Montpellier. Dès le 18 septembre 1943, le commissaire Roche fut pris de remords et plaida en faveur d’une mutation d’office en guise de sanction auprès du sous-préfet de Villefranche-de-Rouergue, au regard de la situation familiale et financière de son agent. Henri Balondrade était le seul à avoir des revenus sur les six personnes de son foyer. Un mois plus tard à peine, le 19 octobre 1943, le commissaire Roche fit part de ses craintes à l’intendant régional de Police concernant la réaction de la population de Decazeville à l’annonce de la sanction de son brigadier. Il évoque, en effet, la rumeur répandue par la famille Balondrade et selon laquelle Henri Balondrade aurait été suspendu pour des raisons politiques. Dans le même courrier, le commissaire évoquait également l’influence néfaste que continuerait d’avoir Henri Balondrade sur le reste du personnel de son commissariat. On sait que le commissaire Roche avait été précédemment pris à partie dans la rue par la belle-mère d’Henri Balondrade. La pression sur le commissaire Roche fut en tout cas assez forte pour qu’il mette en jeu sa propre mutation.
Une issue à la situation semblait avoir été trouvée puisque le 25 octobre 1943, le préfet de l’Aveyron donna son accord pour un déplacement immédiat d’Henri Balondrade. Mais, le 2 novembre 1943, Henri Balondrade fut mis en disponibilité spéciale pour six mois par le ministère de l’Intérieur à compter du 16 décembre, par application de la loi du 17 juillet 1940 qui réservait les emplois de la fonction publique aux Français nés de père français. Il resta donc avec sa famille à Decazeville. Au cours du mois de décembre, il tenta d’obtenir sa réintégration dans un poste similaire entre Villefranche-de-Rouergue, Capdenac-Gare et Aubin. Sa demande fut appuyée par le responsable de la subdivision de Decazeville des Ponts et Chaussées, mais n’aboutit pas puisque sa réintégration ne se fit qu’à titre posthume en 1963.
Dans le même temps, il postula à l’usine Louvroil-Montbard-Aulnoye, située à Decazeville, comme garde, mais en réponse à la demande d’autorisation d’embauche du directeur de l’usine datée du 14 décembre 1943, le préfet refusa qu’il fût embauché à Decazeville. On perd ensuite sa trace durant un peu plus de six mois.
Il trouva la mort le 30 juillet 1944 dans un engagement contre une colonne allemande aux environs de Gigouzac (Lot). En effet, il avait intégré les groupes Vény (de l’AS), secteur IV, celui de Cahors. Son maquis appartenant à l’un de ces groupes cantonnait près de Gigouzac depuis le 16 juin rassemblait 67 hommes. Il fit face à une colonne allemande supérieurement armée lors d’un combat qui dura environ une heure et où il perdit dix combattants dont Balondrade. Selon un témoignage, il se tira une balle dans la tête après avoir été blessé grièvement et s’être servi de sa mitrailleuse jusqu’au bout.
Balondrade a été réintégré dans ses fonctions à la Police à titre posthume le 29 novembre 1963 et a été promu au grade de brigadier-chef à compter du 20. Il a obtenu la mention Mort pour la France ainsi qu’une médaille d’honneur de la police française et un diplôme à titre posthume.
Son nom est inscrit sur le moment aux morts de Faycelles (Lot) et sur le monument commémoratif du combat de Gigouzac.
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Aveyron, 204 W 54 ; 501 W 18 — Arch. Dép. Hérault : 6 M 761 — Service historique de la Défense, Caen, AC 21 P 12910 (non consulté) — Service historique de la Défense, Vincennes, GR 16 P 29774 (non consulté) — SHD Vincennes, GR 19 P 46/31 AS Veny : Groupes Tactiques Secteur IV Cahors (en ligne). —Memorialgenweb.org, consulté le 2 février 2021 — Ombres et espérances en Quercy, 1940-1945 : les groupes Armée Secrète Vény dans leurs secteurs du Lot, Toulouse, Privat, 1980, p. 425. — Note d’André Balent et Eric Panthou.

Clotilde Bigot

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