Né le 19 septembre 1912 à Sceautres (Ardèche), vraisemblablement tué par noyade dans le Rhône, à Viviers (Ardèche) le 21 avril 1944 ; cheminot au dépôt du Teil ; résistant des FFC.

Cheminot et aide-ouvrier ajusteur au dépôt du Teil (Ardèche) depuis le 16 mars 1937, marié en 1939 avec Camille Delubac, père d’un enfant de cinq ans, résistant depuis novembre 1943, Henri Boyer fut arrêté le 20 avril 1944 vers 22 heures à son domicile devant la maison Issartel au boulevard du nord au Teil, par deux hommes en civil qui y pénétrèrent et revinrent à la camionnette pour demander les menottes en disant : "Celui là est dangereux", à quatre Brandebourg de Viviers en uniforme, qui étaient restés dedans avec Reinaud Louis arrêté à Frayol et Privat Cyprien arrêté à la Croix Rouge. Dix minutes plus tard Henri Boyer fut poussé brutalement dans la voiture et les trois interpelés se retrouvèrent à l’hôtel Pottier vers 23 heures où on les fit pénétrer de force dans le vestibule. "Attention celui-là est dangereux" dit un Brandebourg en désignant Boyer sur lequel tombèrent tous les coups possibles, sous les yeux des deux autres camarades arrêtés. Quelques minutes plus tard son visage était en sang, il était défiguré et incapable de parer les coups étant menotté. Il tomba à terre inanimé au pied de l’escalier et reçut alors des coups de pied sur tout le corps. Un de ses tortionnaires déclara : "C’est bon, il a son compte !"
Reinaud Louis et Privat Cyprien, ce dernier à qui nous devons ce témoignage, subirent autour de minuit un interrogatoire d’identité et les tortionnaires les répartirent en deux groupes d’environ dix personnes dont un avec Reynaud Louis qui sera fusillé le lendemain à Sanilhac. Les deux groupes, avant d’être enfermés pour la nuit repassèrent devant Boyer attaché à la rampe de l’escalier et dont un filet de sang coulait de son nez tuméfié. Privat nota dans son témoignage que Boyer pendant son long supplice n’avait prononcé aucun mot, ni laissé échapper un cri de douleur.
Ce sera la dernière fois que quelqu’un vit Henri Boyer vivant. Il fut porté disparu.
Mais à la libération les cours de justice fonctionnèrent. Dans le dossier du pire milicien de Viviers et de Lyon, celui de Jean Reynaud (condamné à mort et fusillé à la Libération) figure un témoignage important, celui d’Edmond Blanchard du service B des renseignements généraux de la Résistance qui accusait en octobre 1945, Jean Reynaud, Jaussoin et Jean Auzély d’avoir immergé le 21 avril 1944 dans le Rhône Henri Boyer pour le faire parler et dont on était sans nouvelle depuis. Sa mort ressemble à la même époque le 12 avril à celle d’Auguste Adelbert de Privas. Avec un inconnu du maquis Pierre de Chalan-Belval, on ne connait que trois cas de corps jetés au Rhône à Viviers, mais il dut y en avoir bien d’autres.
Il fut reconnu comme membre des Forces françaises combattantes (FFC), déporté et interné de la résistance (DIR) et Résistance-FER.
Son nom figure sur le monument aux morts et la plaque commémorative de la SNCF en gare du Teil, à Le Teil (Ardèche) et sur la plaque commémorative de la SNCF en gare, à Nîmes (Gard).
Sources

SOURCES : Louis-Frédéric Duvros, Montagnes ardéchoises dans la guerre Tome 2 page 270.— Témoignage de Privat Cyprien (AD Ardèche annexé n° 45 cote 72 J).— Dossier Reynaud Jean AD du Rhône, 394W342. Témoignage n° 61 de Blanchard Edmond.— Hervé Barthélemy et Cédric Neveu dans Cheminot victimes de la répression 1940-1945 Mémorial, sous la direction de Thomas Fontaine, Perrin/SNCF, Paris, 2017.— SHD, Vincennes, GR 16 P 86503.

Francis Barbe

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