La répression de l’armée allemande contre le village de La Chapelle-en-Vercors, dans le cadre de l’élimination des maquis du Vercors, entraîna les 25 et 26 juillet 1944 la mort de 27 personnes, civils massacrés, dans leur immense majorité.

Des maquis se mirent en place à partir des premiers mois de 1943 dans tout le massif du Vercors. L’annonce du débarquement de Normandie entraîna l’arrivée massive de centaines d’hommes. A la mi-juillet, près de 4 000 Résistants étaient dans le Vercors, soit la plus importante concentration de la région.
A partir du 12 Juillet 1944, le territoire fut bombardé et mitraillé sans relâche par les avions de la Luftwaffe venant de l’aérodrome de Valence-Chabeuil. Ce fut en particulier le cas de La Chapelle-en-Vercors où l’usage de bombes explosives et incendiaires détruisit environ le quart des maisons, obligeant les habitants terrorisés à se cacher dans les forêts alentour.
Puis dans la crainte de voir arriver des troupes en nombre important à partir des terrains d’aviation en cours de construction, le commandement allemand lança le 21 juillet 1944 une opération aéroportée contre le village de Vassieux-en-Vercors. 200 hommes issus en grande partie du Fallschirm-Kampfgruppe « Schäfer », furent aéroportés de Lyon-Bron à Vassieux par des planeurs remorqués par des Dornier-17.
Dans le même temps des troupes allemandes furent chargées d’encercler et d’investir le Vercors. A partir du 23 juillet, les unités allemandes commencèrent le ratissage du massif progressant vers Saint-Martin-en-Vercors et Saint-Agnan-en-Vercors où se trouvaient, avec La Chapelle-en-Vercors, les principaux postes de commandement du maquis (à La Chapelle-en-Vercors était installé le tribunal militaire du maquis).
Le 25 juillet 1944, des unités venant de Vassieux où ils avaient été aéroportés, et appartenant vraisemblablement au groupe Schäfer (des chasseurs parachutistes de la 7ème compagnie de Kampfgeschwader et avec eux des volontaires issus des pays de l’Est d’une Ostlegionär Kompagnie) occupèrent La Chapelle-en-Vercors. Les soldats pillèrent le village, massacrant isolément des civils, détruisant et incendiant 160 des 200 maisons. Dans la soirée, ils rassemblèrent la population qu’ils divisèrent en trois groupes, par sexe et par âge : les femmes et enfants, les hommes âgés de plus de 40 ans et les hommes de 17 à 40 ans (au nombre de 16). Le groupe des femmes et enfants et celui des hommes âgés furent rassemblés dans les écoles. Celui des hommes de 17 à 40 ans, servait d’otage. Dans la nuit, vers 2 h du matin, les 16 hommes furent abattus dans la cour de la ferme Albert. A l’aube, la population découvrit dans la cour de la ferme dont les bâtiments finissaient de brûler, les corps des seize jeunes, criblés de balles et achevés à la grenade. Leurs corps furent enveloppés dans des draps et ensevelis l’après-midi même.
Liste des victimes :
Groupe des 16 hommes abattus dans la cour de la ferme Albert le 26 juillet 1944.
ALLOUARD Jean
BAYOUD René
BENEVÈNE Pierre
BOREL Georges
BOUVET Aimé
CHABERT René
FONTANABONA Jules
FONTANABONA Nello
MORIN Paul
REVOL Roger
ROCHAS Robert
ROLLAND Léopold
ROLLAND Maurice
ROME Fernand
SAINT-ANDRÉ Philippe
SITARZ Stanislas
Civils et résistants abattus isolément le 25 juillet 1944.
BERNARD Marcel
BERNARD Régis
BLANC Noël résistant
BOREL Hippolyte
BOREL Paul
GONNE Eugénie
MAGNAN Henri
MATHIEU Léon, Adrien
MICHEL Aimé résistant
MICHEL Léon, Louis résistant
ROCHAS Marie-Louise
La Médaille de la Résistance Française fut attribuée à la commune de La Chapelle-en-Vercors par un décret du 15 octobre 1945 avec la citation suivante : « L’un des centres de la Résistance du Vercors, pendant plusieurs mois. A hébergé d’importants services de l’armée du maquis. A souffert en mars 1944 du passage des forces ennemies. Violemment bombardée par aviation le 14 juillet, occupée par l’ennemi du 25 juillet au 10 août, a eu seize de ses habitants lâchement fusillés dans une cour de ferme, plusieurs autres massacrés isolément, et la totalité de ses maisons sauvagement brûlées. A donné un exemple magnifique de patriotisme. Restera dans l’histoire une commune martyre. » La Croix de guerre a également été attribuée à la commune de La Chapelle-en-Vercors.
De nos jours, la ferme a été restaurée et accueille un espace mémoriel, lieu de commémorations régulières. Dans la cour, une stèle porte les noms des 16 victimes ainsi qu’une plaque commémorative apposée sur le pan de mur restant. De l’autre côté de ce mur, à l’extérieur de la cour, une seconde plaque comporte l’inscription suivante : "Le 21 juillet 1944, 600 allemands, atterris en planeur sur le plateau de Vassieux, progressèrent dans la direction de La-Chapelle-en-Vercors, par les routes de Vassieux à La-Chapelle, par le col de Proncel, en pillant tout sur leur passage, ils atteignirent, le 25 juillet 1944, La-Chapelle-en-Vercors, où ils s’emparèrent de 16 innocents otages qu’ils massacrèrent dans des conditions odieuses dans cette cour. Passant, recueille-toi".
Sources

SOURCES : Musée de la Résistance en ligne, en particulier articles de Jean Sauvageon — site internet de la ville de La Chapelle-en-Vercors — Archives collectives des Forces françaises de l’intérieur (site Mémoire des Hommes) AS : Secteur 8, Vercors GR 19 P 38/16 — Mémoire des hommes — Mémorial genweb.

Michel Thébault

Version imprimable