Né en 1910 au Maroc, mort le 30 mai 1944 à Hendaye (Basses-Pyrénées, aujourd’hui Pyrénées-Atlantiques)  ; soldat colonial  ; prisonnier de guerre évadé

Les différences d’écartement des voies ferrées entre l’Espagne et la France ont longtemps constitué une rupture de charge. Pendant l’occupation allemande, un détachement de quelques dizaines de prisonniers coloniaux du Frontstalag 222 de Bayonne, étaient contraints aux déchargements et chargements des wagons de marchandises. La Bidassoa, petit fleuve côtier frontalier, se trouvant à quelques mètres du chantier de manutention de la gare d’Hendaye, Mohamed Ben Hamed tenta de s’évader au printemps 1944. Les renseignements le concernant sont lacunaires. Néanmoins, un procès-verbal de gendarmerie du 2 juin 1944 apporte un éclairage sur les suites de cette tentative mortelle d’évasion.
«  (…) nous avons été avisés par Monsieur le Maire de Hendaye que le corps d’un noyé venait d’être découvert au Pont International de Hendaye.
Nous nous sommes rendus aussitôt sur les lieux et nous avons en effet constaté que le corps d’un noyé flottait sous la première arche du Pont International. Ce corps était accroché à cet endroit à des fils de fer barbelés.
A l’aide d’une barque mise gracieusement à notre disposition, nous avons transporté ce corps jusqu’au Port de Hendaye où, après l’avoir déposé sur la berge, nous avons constaté qu’il portait une blessure par arme à feu au bras droit et que l’os était complétement brisé.
Il était vêtu d’une chemise kaki, d’un pull-over marron, d’une culotte en drap kaki, chaussé de brodequins, il porte en outre des bandes molletières en drap kaki. Un calot en drap kaki est maintenu à sa ceinture à l’aide d’une courroie en cuir.
Nous avons fouillé les poches du noyé afin de l’identifier, mais aucune pièce d’identité n’a pu être découverte. Dans la poche droite de sa culotte, nous avons trouvé un portefeuille en cuir marron, contenant la somme de cinq cent cinquante Francs. Le corps de ce noyé portant des effets militaires, nous avons conclu qu’il s’agissait d’un prisonnier de Guerre Nord-Africain, cantonné à Hendaye.
En effet un des prisonniers ayant tenté de s’évader en traversant la Bidassoa à la nage le 30 mai 1944, des militaires des Troupes d’occupation de Service, avaient tiré sur lui. Des renseignements verbaux recueillis, ce prisonnier aurait coulé dans la rivière quelques instants après le coup de feu.
Monsieur le Docteur Reboul, avisé par les soins de Monsieur le Maire, s’est rendu sur les lieux et à procédé aux constatations médicales. Ce praticien nous a déclaré que la blessure du bras droit était faite par une arme à feu et que la mort était due au choc traumatique et à l’hémorragie ayant entraîné la noyade. Il nous a délivré un certificat médical, qui sera joint à la première expédition du procès-verbal.
Les prisonniers de guerre Nord Africains ayant quitté Hendaye dans la journée, nous n’avons pu demander à ces derniers s’ils reconnaissaient le corps du noyé comme étant un de leur camarade ayant tenté de s’évader le 30 mai 1944. Plusieurs personnes se trouvant sur les lieux n’ont pas reconnu non plus le corps de ce noyé.
Ce noyé étant certainement le prisonnier de Guerre Nord-Africain ayant tenté de s’évader, nous avons prévenu la Standortkommandantur locale de cette découverte et lui avons demandé la destination à donner à ce corps. Il nous a été répondu de le transporter à la morgue d’Hendaye.
Les services des Pompes funèbres prévenus sont arrivés peu après sur les lieux munis d’un cercueil et la mise en bière du corps a été faite.Cette opération terminée, le corps a été transporté à la morgue du cimetière d’Hendaye.
La Standortkommandantur locale n’a pas pu nous fournir le nom de ce prisonnier de guerre, mais des renseignements recueillis il s’agirait du sujet marocain Mohamed Ben Hamed Matricule au Frontstalag N°44 265.
L’inhumation a eu lieu le 3 Mars (sic) 1944 à 20 heures, au nouveau cimetière d’Hendaye, travée N°5 concession N°19.
La somme d’argent trouvée sur le cadavre nous a été réclamée par les autorités d’occupation pour être transmise à la Croix-Rouge Internationale. Elle a été remise contre reçu au Sergent Allemand Hensel de la Standortkommandantur de Hendaye qui sera joint à la première expédition du Procès-Verbal.  »

Mohamed Ben Hamed reçu la mention «  Mort pour la France  ».
Sources

SOURCES : AD 64 Bayonne cote 1027 W art 17 Tribunal de Grande Instance de Bayonne. — Site internet Mémoire des Hommes. — Polo Beyris. Un camp oublié à Bayonne. 1939-1947, Bayonne, éditions Elkar, 2019.

Philippe Durut

Version imprimable