Né le 24 décembre 1925 à Chassenon (Charente), exécuté sommairement le 3 septembre 1944 à La Puye (Vienne) ; cheminot ; résistant ORA de la Haute-Vienne.

Adrien Javelaud était le fils de Maurice et Anna Javelaud tous deux cheminots, employés à la Compagnie des chemins de fer d’Orléans. Son père (né le 10 mars 1890 à Limoges, Haute-Vienne) fut mobilisé en août 1914 et fit toute la première guerre mondiale dans l’infanterie, démobilisé le 5 février 1919. Adrien fut l’avant-dernier d’une nombreuse fratrie (au moins huit enfants). Aux recensements de 1926 et 1931, la famille résidait sur la commune de Chassenon où son père était cantonnier poseur à Saillat tandis que sa mère était garde - barrière à La Grange de Quaire, domicile de la famille. En 1944, Adrien Javelaud, célibataire, était comme ses parents, cheminot et exerçait le métier d’homme d’équipe à Aixe-sur-Vienne (Haute-Vienne) au service de l’Exploitation de la SNCF.
Il s’engagea dans la Résistance rejoignant l’Organisation de Résistance de l’Armée (ORA), soldat au sein de la 2ème compagnie du 2ème bataillon. Il prit part aux combats pour la libération de Limoges. En effet, son unité participa à partir du 15 août 1944 à l’encerclement et à la libération de Limoges par les FFI placés sous les ordres du colonel Georges Guingouin, chef départemental des FFI. Le 2ème bataillon de l’ORA vint ainsi se positionner dans le secteur d’Aixe-sur-Vienne. Il dut à partir du 17 août 1944 au matin, lutter contre des éléments blindés et motorisés allemands du 19ème Régiment de police SS, en garnison à Limoges, qui tentèrent de dégager les abords de la ville au sud dans le secteur Feytiat, Solignac, Le Vigen et Aixe-sur-Vienne.
Après la libération de Limoges le 20 août 1944, le 2ème bataillon de l’ORA fut envoyé en renfort dans le département voisin de la Vienne. Le 19 août un ordre de repli général avait été donné aux unités allemandes stationnées dans le sud-ouest. Le groupement de marche du sud-ouest, réunissait environ 25 500 hommes sous les ordres du général Botho Elster. Le passage par le seuil du Poitou devint un enjeu stratégique essentiel. Confrontées à l’impossibilité de remonter ni par le Limousin (du fait de la Libération de Limoges) ni par l’axe traditionnel de la RN 10 vers Tours (du fait de l’avancée des troupes anglo-américaines), les unités allemandes de la colonne Elster tentèrent à partir de Poitiers de marcher vers l’est et le nord-est de la Vienne, utilisant les axes secondaires, et circulant de jour comme de nuit pour échapper aux attaques de l’aviation alliée et au harcèlement des forces FFI. Le 2ème bataillon de l’ORA fut associé dans le secteur de Saint-Savin-sur-Gartempe au maquis AS de la Vienne « Le Chouan », dans le but de couper les ponts et les passages sur la Gartempe et bloquer ainsi le repli allemand vers le département de l’Indre. Le 2 septembre 1944 ils attaquèrent des convois allemands venant de Poitiers, dont une partie parvint à se retrancher à Mont-Saint-Savin. Les combats se poursuivirent le 3 septembre dans tout le secteur, contre les unités allemandes en retraite. Adrien Javelaud fut exécuté sommairement le 3 septembre à 20 heures sur la commune de La Puye, commune voisine de Saint-Savin-sur-Gartempe. Jean Thiry (op. cit. p. 37) a pu en 1946 en établir les circonstances : « Deux jeunes maquisards Javelot et Lalande, tous deux limousins, furent tués dans des circonstances particulièrement odieuses. Au cours d’une patrouille, ils rencontrèrent deux Allemands qui levèrent les bras pour se rendre. S’avançant pour les saisir, les deux jeunes gens furent abattus par une rafale de mitrailleuse cachée ». Leurs corps furent ramenés à la mairie de La Bussière et une cérémonie religieuse eut lieu le 6 septembre 1944 en présence du village.
Il obtint la mention mort pour la France et son nom figure sur le monument aux morts d’Isle (Haute-Vienne) et sur le monument commémoratif de la Résistance dans le jardin d’Orsay à Limoges.
Sources

SOURCES : dossier SHD AC 21 P 55672 (nc). — Arch. Dép. Charente et Haute-Vienne (registre matricule, recensements) — Notice sans auteur dans le Mémorial 1940-1945 des Cheminots victimes de la répression, sous la direction de Thomas Fontaine, Perrin/SNCF, Paris, 2017, page 1556.— Georges Guingouin Quatre ans de lutte sur le sol limousin Ed. Hachette 1974 — Jean Thiry Le combat du Mont-Saint-Savin. 2 septembre 1944 Ed. Lavauzelle 1946 — Christian Richard Groupement Le Chouan, maquis Est et Nord-Est de la Vienne, Lagardère, Le Chouan, Masier Michel Fontaine Ed. 2015 — Mémoire des Hommes.— Mémorial Genweb.

Jean-Louis Ponnavoy, Michel Thébault

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