Né le 4 août 1903 à Amiens (Somme), exécuté sommairement par les Allemands le 13 août 1944 à Angerville-la-Campagne (Eure), entre Damville et Verneuil-sur-Avre (Eure) ; employé au gaz du Havre (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) ; syndicaliste et militant communiste de la Somme ; résistant OS puis FTPF.

Marceau Flandre
Marceau Flandre
Fichier de l’Association des familles de fusillés, Musée de la résistance nationale.
Fils de Zénobe Flandre (1863-1939), forgeron mécanicien travaillant à la réparation des locomotives à vapeur dans la région d’Amiens, Marceau Flandre avait sept frères et sœurs, dont plusieurs furent des militants. L’aîné, Georges dit Albert, chauffeur de locomotives, grièvement blessé à la guerre, adhéra au Parti communiste peu après sa fondation fin 1920 et milita avec Jean Catelas dont il était le voisin à Longueau (Somme) ; par la suite, retiré à Ailly-sur-Noye (Somme), il fut l’un des animateurs de la section CGT des cheminots retraités, puis Résistant au sein du Front national. Sa sœur Yvonne, couturière à domicile, était mariée au cheminot Georges Dumont. Ils étaient tous deux communistes ; elle milita au Secours rouge et aux Amis de l’URSS.
Marceau Flandre effectua son service militaire à Rouen puis, installé au Havre, il travailla un an comme docker. Il fut ensuite embauché début 1926 à l’usine à gaz du Havre, comme « homme de cour » – les « hommes de cour » étaient occupés dans la cour de l’usine à la manutention du charbon et à l’extinction du coke, notamment. Plus tard, il devint chauffeur de fours. Dans l’usine existait un syndicat CGTU, dont Victor Viel* avait été le principal dirigeant ; Marceau Flandre devint l’un de ses animateurs à partir de 1928. Il participa à un congrès au moins de la Fédération CGTU des Services publics et éclairage : il figure en effet sur une photo de congrès, non datée (papiers Claude Flandre) et il fut peut-être membre du comité fédéral, mais de 1931 à 1935, on ne connaît pas la composition de cet organisme. De 1931 à 1934, il était trésorier du syndicat unitaire du gaz du Havre. Lors de la réunification, il fut élu secrétaire (non permanent) du syndicat du gaz du Havre et président de la mutuelle. Il fut délégué au congrès confédéral d’unité en 1936 et, juste avant, au congrès fédéral. À ce congrès fédéral, il fut assesseur de la 3e séance, 29 février au matin, avec Danton (de Bourges) et Augustin Salge (de Nice). Au cours de la 5e séance, le 1er mars au matin, il intervint pour demander « que la Fédération aide les petits syndicats pour leurs frais de déplacement au congrès ». Il fut élu au comité fédéral, avec 192 voix, contre 202 au meilleur élu et 141 au dernier.
Durant cette période, Marceau Flandre travailla particulièrement à coordonner les syndicats de gaziers et d’électriciens du Havre. Il était alors très lié à un syndicaliste gazier de Caen, Auguste Loubet*, qu’il retrouvait notamment quand ils se rendaient à Paris pour des réunions syndicales. Il ne paraît pas avoir été délégué au XVe congrès fédéral en 1937, qui semble pourtant l’avoir réélu au comité fédéral. Lors de la grève du 30 novembre 1938, la police l’empêcha de sortir de son domicile, rue Louis-Brindeau à Sanvic (agglomération du Havre), et il ne put participer à l’action.
Mobilisé le 4 septembre 1939, il fut affecté au 607e régiment de pionniers, dans les Vosges. Démobilisé en juillet 1940, il reprit son poste à l’usine à gaz, puis la direction le muta au service commercial, pour limiter ses contacts. En septembre 1941, il donnait son adhésion au Parti communiste aussitôt après avoir appris que Jean Catelas avait été guillotiné. Il devint alors, avec André Duroméa, l’un des responsables de l’Organisation spéciale, puis des FTP de la région du Havre. Recherché par la Gestapo, il passa à la clandestinité le 1er mars 1943 et fut affecté dans l’Eure. Il combattit notamment dans la région de Bernay et Pont-Audemer ; il était commissaire aux effectifs.
Arrêté le 6 août 1944 à Saint-Étienne-l’Allier (Eure) par les Allemands, Marceau Flandre fut incarcéré à la prison d’Évreux. Interrogé et torturé durant plusieurs jours, il fut finalement abattu avec neuf de ses compagnons le 13 août à 22 h 30 dans la forêt de Damville, sur le territoire de la commune d’Angerville-la-Campagne. Il fut décoré à titre posthume de la Croix de guerre et de la Médaille militaire. À l’emplacement du massacre, une stèle a été posée.
Une rue du Havre porte son nom. Début 1984, la veuve de Marceau Flandre vivait dans la région du Havre. Son fils, Claude Flandre, fut secrétaire permanent de la Fédération CGT de l’Énergie de 1959 à 1975.
Site d’exécution : Angerville-la-Campagne (Eure). Les dix fusillés du 13 août 1944.
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Seine-Inférieure, 1 M P 460. — Éclairage et Force motrice, mars-avril 1936. Renseignements communiqués par le fils de Marceau Flandre, Claude Flandre*. — B. Weiss, La Fédération légale de l’Éclairage CGT (1936-1944), mémoire de maîtrise, Paris VII, 1995. — CGT du Havre, IHS de Seine-Maritime, Les Visages des martyrs, op. cit.

Iconographie
ICONOGRAPHIE : R. Gaudy, Les Porteurs d’énergie, Temps actuels, 1982, p. 100.

René Gaudy

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