Né le 23 juillet 1922 à Chaulnes (Somme), exécuté sommairement le 14 juillet 1944 à Saint-Méen (Finistère) ; résistant FTP.

Louis François Berthou résidait rue Robespierre à Lambézellec (aujourd’hui Brest). En 1936, il fut admis au concours d’entrée de l’École pratique d’industrie et de commerce de Brest comme ajusteur.
La date précise de son entrée en Résistance ainsi que les circonstances de son engagement ne sont pas connues. Il faisait partie des effectifs des Francs-tireurs et partisans (FTP) en 1943 et participa notamment à l’accrochage des rubans tricolores dans le bourg de Lambézellec le 13 juillet 1943 à partir de 22 heures avec Germain Riou, Georges Larvor et Jacob Mendrès. Il effectua ce soir-là des inscriptions avec du plâtre dans ce même secteur.
À la création des groupements cantonaux de Résistance dans le courant 1944 par les Forces françaises de l’intérieur (FFI), Louis Berthou fut incorporé à celui de Brest-Est. Il y fréquenta notamment Pierre Hagnéré qui résidait près de chez lui. En juin 1944, une partie de l’organisation FFI de Brest-Est était menacée par les services de sécurité allemands. Des arrestations se produisirent et des résistants parlèrent sous la contrainte, livrant plusieurs identités ainsi que des informations compromettantes. Louis Berthou faisant partie des résistants désormais recherchés, il reçut l’ordre de quitter Brest avec plusieurs autres FFI menacés et de rejoindre la région de Lesneven pour se mettre au vert.
Avec l’aide de Madame Berder, le groupe de réfugiés brestois rejoignit Saint-Méen entre le 20 et 21 juin 1944. Une partie s’installa dans le bois Morizur tandis que les autres furent amenés à la ferme de Kérougon de Louis Thépaut. Ce dernier avait déjà hébergé madame Berder lors des arrestations au début du mois de juin. Les FFI de Brest s’installèrent dans une vieille grange désaffectée attenante au corps de ferme. Outre Louis Berthou, ce groupe comprenait Jean Berlivet, Pierre Hagnéré, Jean Gouriou, Roger Henry, Jean Le Bris, Robert Le Page, Georges Midrouillet et Joseph Nicolas. Aux brestois, s’ajoutèrent rapidement François Kerbrat et Jean Lamandé. Ces réfugiés formaient un embryon de maquis et agirent au moins une fois, en sabotant la voie ferrée Landerneau-Lesneven à hauteur de la gare du Folgoët.
Le Kommando de chasse allemand I.C 343 de Landerneau fut mis sur la piste du maquis de Kérougon suite à un rendez-vous à Saint-Divy avec Jean-Marie Cavalloc, entrepreneur originaire de Sizun. Le 13 juillet 1944, Herbert Schaad, adjudant interprète, le sergent Friedrich Horch et le supplétif français Jean Corre se rendirent dans les fermes des environs pour obtenir des précisions.
Le 14 juillet 1944 au petit matin, les soldats allemands investirent les abords de la ferme qui servait de maquis. La sentinelle en arme qui sommeillait fut rapidement désarmée et faite prisonnière. L’alerte fut cependant rapidement donnée et une fusillade éclata entre maquisards et allemands. Les trois supplétifs français présents ce jour-là du côté allemand Botros, Jeffroy et Jean Corre, firent également le coup de feu. Le combat se révéla cependant inégal, notamment à cause de grenades allemandes lancées dans la ferme. Seuls Pierre Hagnéré, Georges Midrouillet et Roger Henry parvinrent à s’échapper à travers champs. Un quatrième malheureux parvenu à s’extraire de la ferme tenta également de fuir mais un tir le faucha mortellement.
Parmi les victimes tués lors de l’attaque ou abattus sommairement sur place dans la foulée, figure Louis Berthou et ses compagnons Jean Berlivet, Jean Gouriou, François Kerbrat, Jean-Pierre Lamandé, Jean Le Bris, Robert Le Page et Joseph Nicolas. Le fermier hébergeur, Louis Thépaut, fut également abattu à quelques centaines de mètres de là par les Allemands et sa ferme incendiée.
Reconnu Mort pour la France, Louis Berthou a été homologué FFI.
En son souvenir, le nom de Louis Berthou est gravé sur la stèle érigée devant la ferme de Kérougon à Saint-Méen .
Les noms des victimes inscrites sur le monument-calvaire :
BERLIVET Jean, François, Marie
BERTHOU Louis
GOURIOU Jean Joseph
HENRY Roger
KERBRAT François
LE BRIS Jean
LE PAGE Robert
NICOLAS Joseph Marie
THEPAUT Louis
Après la Libération, Botros a été condamné à mort et exécuté, Jean Corre a vu sa peine de mort commuée en réclusion et Jeffroy a été condamné à 10 ans de cette même peine.
Sources

SOURCES : SHD, Vincennes, GR 16 P 54212 (nc). — Service historique de la Défense, dépositions de Friedrich Horch et Jean Corre, transmises par Edi Sizun.— Arch. mun. Brest, fonds Joël Le Bras, 153 S 12,copies des dépositions d’Herbert Schaad, Jean Corre et Gabriel Poquet en septembre 1944. — Roland Bohn, Alain Le Berre, Michel Le Bars, Chronique d’hier ,tome 1, tome 2 p. 487 témoignage, 1993.— Jacob Mendrès, Un jeune ouvrier du bâtiment dans la tourmente de l’Occupation, à compte d’auteur, 1999, page 34.— Joël Le Bras, textes, L’affaire Jean-Pierre Lamandé, De l’affaire BDG à l’affaire du maquis de Kérougon et Résistance de Brest-Est, (2007).— Famille Kermel-Hagnéré, portrait de Louis Berthou.— La Dépêche de Brest, édition du 4 juillet 1936.— État civil.— Notes Annie Pennetier.

Gildas Priol

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