Né le 14 septembre 1921 à Nant (Aveyron), mort le 14 août 1944 à Nant (Aveyron) ; cultivateur ; victime civile ; peut-être maquis des Corsaires ORA (Organisation de Résistance de l’Armée)

Charles Causse (1920-1944)
cimetière de Nant (Aveyron), caveau familial, portrait de Charles Causse.
Photo : Clotilde Bigot, 24 février 2021.
Cliché : Clotilde Bigot, 24 février 2021 ">
Nant (Aveyron), monument aux morts, plaque des morts (1939-1945) : Charles Causse et Paul Pagès "fusillés par les Allemands"
Cliché : Clotilde Bigot, 24 février 2021
Charles Causse était le fils de Paul, Henri Causse, né le 14 mars 1889 à Nant, cultivateur, et de Maria, Julie, Éléonore Pagès, née le 24 mars 1894 à Nant et sans profession. Elle était la sœur de Paul Pagès exécuté en même temps. Mobilisé le 2 août 1914, son père participa à la Première Guerre mondiale en incorporant le 24e Bataillon de Chasseurs à pied le 4 août 1914. Son engagement fut de courte durée dans la mesure où il fut fait prisonnier le 20 août 1914 puis interné à Stuttgart (Allemagne) et rapatrié le 13 décembre 1918. Au recensement de 1936, Charles Causse vivait à Nant, rue du Moulin, avec ses parents, sa grand-mère maternelle (Julie Pagès-Aldebert, née en 1860 à Saint-Georges-de-Luzençon, (Aveyron), commune limitrophe au sud de Millau) et sa sœur, Paule, née en 1920 à Nant. Il travaillait alors avec ses parents comme cultivateur. Né en 1921, Charles Causse dut être concerné par le STO (Service du travail obligatoire) instauré en 1943. Sa présence à Nant en 1944 nous indique donc que, peut-être, il n’avait pas été convoqué.
Charles Causse fut l’une des deux victimes civiles exécutées le 14 août 1944 suite à l’accrochage entre un groupe du maquis des Corsaires, rentrant de mission au Pas de l’Escalette (Hérault), et le détachement d’une colonne allemande, venant d’Albi (Tarn) traversant le Sud Aveyron afin de rejoindre la vallée du Rhône (le site memorialgenweb.org indique qu’il est mort à Mouret (Aveyron), il s’agit d’une erreur). Cet accrochage donna lieu à des représailles contre les maquisards, mais aussi contre la population du village les 14-15 août 1944. En effet, tout de suite après le combat initial, les troupes allemandes investirent Nant et fouillèrent toutes les maisons à la recherche de maquisards et d’armes cachés. Bien que considéré comme victime civile, Charles Causse était peut-être sur le point de rejoindre le maquis des Corsaires, stationné au mas des Pommiers à quelques kilomètres au sud de Nant. C’est en tout cas l’hypothèse formulée par Gaston Laurans dans Nant au mois d’août 1944 (op. cit) lorsqu’il cherche à comprendre les circonstances de son exécution. Il relate que lorsque les Allemands voulurent fouiller la maison de Paul Pagès, Charles Causse s’y trouvait et était en train de faire ses adieux au couple Pagès dont il était le neveu, chez eux en bas de la rue du Faubourg Haut. Comprenant le danger imminent pour celui-ci, Mme Pagès aurait alors tenté de barrer le chemin aux Allemands. Une bousculade s’ensuivit à l’issue de laquelle elle fut blessée par balle à la poitrine. Charles Causse et Paul Pagès furent immédiatement interceptés par les Allemands et fusillés dans la rue. Gaston Laurans précise que Charles Causse était en habits de maquisard (« il est en tenue de circonstance, béret basque, chemise et pantalons bleus, ceinturon ») et qu’il aurait été ainsi immédiatement identifié comme maquisard par les Allemands. S’il n’apparaît pas étonnant que la maison de Paul Pagès fut fouillée très rapidement après le face-à-face avec les Corsaires puisque la rue du Faubourg Haut est située à quelques mètres seulement du cimetière (le combat eut lieu à environ 300 mètres de celui-ci), on peut se questionner sur les raisons de la présence de Charles Causse chez son oncle et sa tante. Le mas des Pommiers étant situé à 4 kilomètres du village, on peut en effet supposer que Charles Causse, même une fois entré au maquis, a pu garder un lien avec son oncle et sa tante. Par ailleurs, la mention des habits de maquisard portés pour l’occasion du départ au maquis semble donner à la scène décrite une coloration dramatique : le jeune homme innocent, en habits de circonstance, enlevé brutalement à sa famille par l’ennemi alors qu’il partait rejoindre le maquis. Aimé Vielzeuf ne fait allusion à la version concernant les habits des maquisards dans Ardente Cévenne qu’en soulignant qu’elle n’était pas de bonne qualité : « Le maquis est donc à présent bien structuré, l’armement et les munitions sont très convenables, l’habillement moins bon, surtout les chaussures ». À aucun moment il ne mentionne un uniforme propre au maquis des Corsaires. L’ouvrage de Gaston Laurans paraît en 1969 et s’appuie sur des témoignages recueillis une vingtaine d’années après les faits. Un autre document, le rapport de Gendarmerie, daté du 1er septembre 1944, écrit par l’adjudant Alaux, commandant de la brigade de La Cavalerie (Aveyron, commune située sur le Larzac à quelques kilomètres de Nant), ne permet pas non plus de confirmer l’hypothèse de Gaston Laurans puisque selon lui Paul Pagès et Charles Causse furent fusillés « par mesure de représailles sans doute et sans motif ». Si l’on s’appuie sur la version du rapport de police, il n’y a donc aucune raison de penser que Charles Causse était en habits de maquisard. Son bulletin individuel conservé dans les archives de l’Office départemental des Mutilés, Combattants, Victimes de la Guerre et Pupilles de la Nation de l’Aveyron indique : « Entré au maquis des Corsaires ». Il avait le grade de caporal chef. En outre, la fiche mentionne : « Les Allemands fouillèrent toutes les maisons et crurent probablement qu’il appartenait au maquis ». Il est par conséquent difficile de trancher en l’état de la documentation consultée.
Le souvenir de son exécution est commémoré par une plaque apposée sur lieu même de celle-ci, rue du Faubourg Haut, et sur la plaque en souvenir des victimes des 14-15 août 1944, place du Claux. Son nom est également inscrit sur le monument aux morts du village et sur le monument des résistants de Sainte-Radegonde. Il a obtenu la mention Mort pour la France.
Voir : Nant (Aveyron), 14 et 15 août 1944
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Aveyron, 6 M 168 12 (1936), 1 R 932 (fiche matricule du père de Charles Causse), 1493 W 170, 14 W 151/10 — Arch. mun. Nant, acte de décès n° 25 (registre état civil 1936-1945) — Service historique de la Défense, Vincennes, GR 16 P 112720 (non consulté) — Christian Font et Henri Moizet, Construire l’histoire de la Résistance. Aveyron 1944, CDDP Rodez – CDIHP Aveyron, CRDP Midi-Pyrénées, 1997, pp. 212-213 — Gérard Bouladou, Les maquis du Massif Central méridional : Ardèche, Aude, Aveyron, Gard, Hérault, Lozère, Tarn, 1943-1944, Nîmes, éd. C. Lacour, 2006, pp. 402-405 — Gaston Laurans, Nant au mois d’août 1944, 1969, Rodez, Imprimerie Carrère, pp. 24-25 — Aimé Vielzeuf, Ardente Cévenne, Nîmes, Imprimerie Bené, 1973, p. 99 — sites internet : monumentsmorts.univ-lille.fr, consulté le 16 mars 2021, memorialgenweb.org, consulté le 30 mars 2021

Clotilde Bigot

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