Née le 26 avril 1914 à Paris (VIIe arr.), exécutée sommairement entre le 26 janvier et le 5 février 1945 au camp de concentration de Ravensbrück (Allemagne) ; auxiliaire féminine de l’armée de l’Air britannique (WAAF), opératrice-radio, sous-lieutenant du Special Operations Executive (SOE).

Lilian Rolfe et sa sœur jumelle Helen naquirent le 26 avril 1914 à Paris, d’un père comptable anglais et d’une mère franco-russe. Bien que vivant en permanence en France, elles se rendirent souvent en Angleterre où vivaient leurs grands-parents et y passèrent plusieurs étés pour y apprendre l’anglais. En 1930, à l’âge de 16 ans, Lilian partit avec ses parents et sa sœur s’installer à Rio-de-Janeiro (Brésil) où de plus en plus de Britanniques venaient s’établir. Lilian Rolfe trouva d’abord du travail au département presse de l’ambassade de Grande-Bretagne puis fut rapidement engagée dès le début de la guerre pour surveiller les mouvements des navires allemands dans la baie de Rio.
En février 1943, son père décida de repartir avec sa famille en Grande-Bretagne, malgré les dangers que représentait la traversée de l’Atlantique. Le 16 mai de la même année, Lilian s’engagea dans les auxiliaires féminines de l’armée de l’Air (WAAF). Repérée pour ses capacités à maîtriser plusieurs langues, elle attira l’attention du S.O.E., qu’elle rejoignit officiellement le 24 novembre 1943, matricule 9907. Au terme d’une formation intense au chiffrement et au Morse, Lilian fut déclarée apte pour être envoyée en France comme opératrice-radio. Sous le nom de code Nadine, et sous l’identité de Claudie Irène Rodier, elle fut déposée dans la nuit du 5 au 6 avril 1944 par un avion Lysander, sur un terrain en Touraine, son émetteur-récepteur A Mark III, sanglé à sa taille. Lilian était destinée à travailler dans une zone couverte en partie par le réseau Physician, très surveillé par la Gestapo. Le chef de réseau était George Wilkinson (code Etienne), et avait pour mission de créer un nouveau réseau, Historian, à partir d’Orléans (Loiret) en lien avec les réseaux limitrophes Headmaster, Ventriloquist et Donkeyman. Du fait de son absence pour ces activités éloignées, Lilian resta seule pendant près de deux mois, puisqu’elle ne put le rencontrer que le 2 juin, à peine quatre jours avant le débarquement de Normandie. Pendant cette période, elle repéra les terrains propices aux atterrissages et largages, les refuges possibles, rencontra les chefs des maquis locaux, rapporta les déplacements des troupes allemandes. Lilian transmit à Londres les demandes en armes et explosifs pour les maquis du Loiret chargés d’empêcher, ou au moins de ralentir, le transfert des ennemis vers les combats de Normandie. Très vulnérable en tant qu’opératrice-radio, elle changeait sans cesse d’endroit pour éviter d’être repérée par les services de détection radiogoniométrique allemands. Le 26 juin, Wilkinson fut piégé près d’Orléans (Loiret) et capturé (mort en déportation par fusillade). Lilian passa dès lors sous les ordres de son successeur, Pierre Charié, alias Étienne Leblanc. Le 31 juillet, à quelques jours de la retraite allemande, la Gestapo de Montargis (Loiret) organisa un dernier ratissage de tous les résistants connus ou soupçonnés. Ils firent ainsi une descente dans une maison de Nargis, à la recherche de Maurice Verdier. Ce dernier n’y était pas mais les Allemands trouvèrent Lilian Rolfe, qui y était hébergée. Arrêtée, emmenée à la Gestapo d’Orléans, elle fut démasquée après la découverte dans le logement de son poste de radio. Entre le 6 avril et le 31 juillet 1944, elle avait pu émettre 67 messages. Lilian fut transférée à la Gestapo à Paris, où elle fut sauvagement interrogée, mais ne donna aux Allemands aucune information qui aurait pu leur être utile.
De la prison de Fresnes, elle partit le 8 août de la Gare de l’Est avec 37 autres prisonniers du S.O.E., dont Denise Bloch et Violette Szabo, à destination de l’Allemagne. Le trajet dura deux semaines : le train fut attaqué par l’aviation alliée aux environs de Chalons-sur-Marne, ce qui provoqua des détours et des retards. Après un arrêt d’une dizaine de jours au camp de concentration de Neue-Bremm, près de Sarrebrück, Lilian et ses trois compagnes arrivèrent finalement le 22 août au camp de Ravensbrück, à 60 km au nord de Berlin. Vers le 4 septembre, le groupe des trois agentes du S.O.E., ainsi qu’Eileen Nearne, furent envoyées pour travailler dans les champs à Torgau, à 120 km au sud de Berlin. Impliqué dans une tentative avortée d’évasion, le groupe des trois femmes fut renvoyé au camp de Ravensbrück. Le 19 octobre, nouveau transfert, cette fois à l’Est au camp satellite de Königsberg où elles durent construire une nouvelle base aérienne. Du fait de la sous-alimentation et des conditions climatiques hivernales, Lilian Rolfe tomba malade ; affaiblie et épuisée, elle fut envoyée à l’hôpital du camp. Vers le 21 janvier 1945, les trois Anglaises furent une nouvelle fois rappelées à Ravensbrück et enfermées dans le Bunker-prison du camp.
Entre fin janvier et début février, l’ordre vint de Berlin de les exécuter. Lilian Rolfe dut être portée tant son état était critique, Denise Bloch tenait à peine debout, Violette Szabo étant la moins faible. Elles furent toutes trois abattues d’une balle dans la nuque et leur corps fut immédiatement incinéré.
Lilian Rolfe avait 30 ans ; elle fait partie des 13 femmes du S.O.E. qui n’ont pas survécu à la guerre.
Reconnue Mort pour la France, elle a été homologuée interné-résistant (DIR).
Lilian Rolfe reçut à titre posthume la Croix de Guerre française, et – à titre civil – la Member of Bristish Empire (MBE) britannique.
Une rue de Montargis porte son nom, rue Claudie Rolfe ; à Nangis, la bibliothèque s’appelle Lilian Rolfe ; une plaque a été posée sur la façade de l’immeuble où elle est née à Paris, et la maison Lilian Rolfe à Lambeth, au sud de Londres, est dédiée à sa mémoire.
En France, son nom est inscrit parmi ceux des 104 agents de la section F du SOE Morts pour la France au Mémorial de Valençay dans l’Indre.
Sources

SOURCES : AVCC, Caen, 21P 665449 (nc).— SHD, Vincennes, GR 16P 665449 (nc) et GR 28P 11102 (nc). — Beryl E. Escott, Les héroïnes du SOE, les femmes des services secrets britanniques dans la Résistance, traduit de l’anglais par Grégoire Lagrange, Versailles, Omblage Éditions, 2018. — Monika Sidentopf, Parachutées en terre ennemie, traduit de l’allemand par Amélie de Maupéou, Edition Perrin, 2008.— Fiche Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Lilia.... — Fiche du Special Forces Roll of Honour : https://www.specialforcesroh.com/in....

Geoffroi Crunelle

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