Né le 18 avril 1923 à Lanloup (Côtes-du-Nord actuellement Côtes-d’Armor), mort au combat le 14 août 1944 à Nant (Aveyron) ; marin (Marine nationale) ; résistant du maquis des Corsaires, Organisation de résistance de l’ Armée (ORA).

Joseph Quéhec (1923-1944)
Photo : memorial-national-des-marins.fr
Joseph Québec était le fils de Joseph, Marie Quéhec, né en 1889 et officier marinier manœuvrier (marin) de profession, et de Marguerite, Marie, Françoise Jégou, née en 1898, mariés le 1er juillet 1918 à Lanloup. Au recensement de 1936, Joseph Quéhec habitait Lanloup avec ses parents, sa grande sœur née en 1919, Marie Marguerite, son grand frère né en 1921, François, et sa petite sœur née en 1932, Odette. Il fit ses études primaires à Lanloup.
En 1940, Joseph Quéhec intégra l’école de la Marine nationale de Toulon comme élève. Il obtint deux ans plus tard le brevet élémentaire de mécanicien. Après avoir quitté l’école, il s’engagea en octobre 1942 comme volontaire dans la Marine nationale à Toulon, pour cinq ans. Il fut ensuite affecté aux ateliers de soutien de la flotte. Âgé de 21 ans en 1944, il fut concerné par le Service du travail obligatoire (STO). Aussi, décida-t-il, en avril 1944, de passer dans la clandestinité. Il rejoignit un ami qui avait intégré le maquis de Mandagout, fondé par le pasteur Georges Gillier, au nord du Gard, et y entra lui-même. Il arriva avec les autres membres du maquis, désormais maquis des Corsaires, au début du mois d’août 1944 à Nant (Aveyron), au mas des Pommiers à quelques kilomètres au sud du village.
Joseph Quéhec fit partie des membres du maquis des Corsaires tués les 14-15 août 1944 par les Allemands alors qu’ils rentraient d’une mission de sabotage au Pas de l’Escalette (Hérault) le 14 août. Le camion des Corsaires regagnait son quartier général, le mas des Pommiers, où il était cantonné depuis le début du mois. Vers 14 heures, les occupants du véhicule décidèrent de faire un détour pour traverser le village de Nant. Les jeunes gens, une trentaine au total, laissèrent librement exprimer leur joie et leur fierté (bien que la mission en elle-même n’ait été que partiellement réussie) : c’est en chantant et en laissant flotter le drapeau tricolore qu’ils traversèrent le village, transgressant ainsi les ordres stricts en matière de sécurité. Joseph Quéhec se trouvait dans ce camion avec le reste du groupe, sous le commandement du lieutenant Cassanas, dit « Roger ». Ce changement d’itinéraire à la dernière minute marqua le début de deux journées particulièrement violentes à Nant, petit village au pied du Larzac. En effet, le détachement de la 11e colonne blindée allemande, partie d’Albi (Tarn) et en reconnaissance sur la route du Larzac, aperçut le camion depuis la route des Liquisses (actuelle D 999) qui descend du Larzac et surplombe Nant. Les jeunes maquisards, tout à leur joie ne virent pas les Allemands arriver droit sur eux.
Le lieutenant Cassanas raconte la scène dans un compte-rendu, non daté : « À la sortie Nord de Nant, à 300 mètres du cimetière sur le chemin du camp, vers 14h15 une première rafale de mitrailleuses vient s’écraser sur un mur de clôture à une dizaine de mètres en avant du camion. Je donne ordre de stopper et de descendre du camion pendant que les deux fusils mitrailleurs se mettent batterie sur le mur protégé de replis des autres éléments de la section. Un seul FM exécuta l’ordre, car le second attaché au dessus de la cabine ne put être descendu à temps ». Lors de l’affrontement initial, Manuel Cuenca fut abattu et Boudon Jean blessé puis achevé. Le reste du groupe se scinda en deux, l’un partant avec Roger Cassanas, l’autre essayant de se cacher dans les champs environnants.
Joseph Quéhec fut fait prisonnier avec deux autres Corsaires, Alain Robic* et Fontana qui fut relâché le soir même. Interrogé avec ses camarades par les Allemands dans un café du village, Joseph Quéhec refusa de donner le lieu du cantonnement du maquis. Il fut fusillé avec Alain Robic* dans la soirée sur la place du village, en présence des hommes de Nant. Un rapport sur le maquis des Corsaires faisant état de l’organisation et des activités du maquis souligne la conduite des deux condamnés : « Ils sont adossés à un mur puis fusillés. Leur courage devant la mort impose le respect à tous ceux qui ont assisté à la fusillade. Dès le moment où ils sont placés le long du mur, ils se mettent au garde à vous et attendent courageusement la mort ».
Selon son acte de décès, la constatation de la mort fut faite par le capitaine Raoul Malaval, commandant du 28e groupement d’infanterie d’Albi, membre du bataillon Puget (ORA) depuis le 18 juin 1944. Le 17 août 1944, le sous-préfet de Millau transmit au maire de Nant, sur autorisation des autorités allemandes, le droit d’inhumer les corps des victimes. Le corps de Joseph Quéhec fut transféré dans sa commune natale après la guerre.
Son nom figure sur la plaque apposée à Nant, place du Claux, commémorant les victimes des combats de Nant, les 14-15 août 1944 et sur le monument des résistants du Rouergue de Sainte-Radegonde (Aveyron). Il est également inscrit sur le monument aux morts de Lanloup (Côtes-d’Armor). Il fut homologué déporté et interné de la Résistance (DIR). En 1960, il fut médaillé à titre posthume de l’Ordre de la Libération. Il obtint également la mention Mort pour la France, la Médaille militaire et la Croix de guerre 1939-1945 avec palme.
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Aveyron , 217 W 3. — Arch. mun. Nant , acte de décès n° 30 (registre état civil 1936-1945). — Arch. dép. Côtes-d’Armor , acte de mariage 1918, recensement commune de Lanloup, 1936. — Service historique de la Défense, Caen, AC 21 P 135880 et AC 21 P 649502 (non consultés. — Service historique de la Défense, Vincennes : GR 16 P 494558 (non consulté), GR 19 P 12/25, GR 19 P 30/11. — Christian Font et Henri Moizet, Construire l’histoire de la Résistance. Aveyron 1944, CDDP Rodez – CDIHP Aveyron, CRDP Midi-Pyrénées, 1997, pp. 212-213. — Gérard Bouladou, Les maquis du Massif Central méridional : Ardèche, Aude, Aveyron, Gard, Hérault, Lozère, Tarn, 1943-1944, Nîmes, éd. C. Lacour, 2006, pp. 402-405. — Gaston Laurans, Nant au mois d’août 1944, 1969, Rodez, Imprimerie Carrère, pp. 24-25. — Aimé Vielzeuf, Ardente Cévenne, Nîmes, Imprimerie Bené, 1973, p.99.— sites internet : monumentsmorts.univ-lille.fr, consulté le 16 mars 2021 ; memorialgenweb.org, consulté le 30 mars 2021 ; memorial-national-des-marins.fr, consulté le 30 avril 2021.

Clotilde Bigot

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