Épaignes (Eure) 4 août 1944
Épaignes (Eure) : le 4 août 1944, à la ferme Bréval, quatre hommes du maquis Surcouf furent torturés puis fusillés par un commando composé de militaires allemands et d’un groupe d’Action des Brigades Antiterroristes (police de Rouen).
La situation géographique du maquis de Robert Leblanc correspondait à une douzaine de communes de la limite est du débarquement de juin 1944, difficile à libérer et où les troupes anglaises piétinèrent particulièrement au cours de la bataille de Normandie.
Au petit matin du 4 août 1944, l’inspecteur collaborationniste Alie, de Rouen, à la tête d’une troupe silencieuse de plus de deux cents hommes, cernait le bâtiment et la cour de la ferme Bréval située sur la commune d’Épaignes. C’était une expédition dirigée contre le maquis Surcouf composée de SS et d’un groupe d’Action des Brigades Antiterroristes dirigé par le policier Alie. Ce dernier ne vient pas par hasard à la ferme Bréval un nommé Geogius l’a renseigné sur le lieu et l’inspecteur comptait y arrêter le leader Robert Leblanc. Il ne l’y trouva pas.
A l’intérieur de cette ferme se trouvaient en particulier les agents de renseignement du maquis Surcouf : René Sortemboc dit Le Pélican, Kléber Mercier dit Raspail, Jean Ribault dit Jean Labbé, prêtre catholique, aumônier du maquis.
Les trois hommes, battus et torturés, après plusieurs heures d’interrogatoire, refusèrent de donner les renseignements concernant leur chef des Surcouf. Ils furent fusillés près de la ferme Bréval au lieu-dit Le Comty, près d’un poirier avec à leurs côtés un quatrième homme non-identifié, qualifié d’inconnu.
La horde d’hommes en armes reprit ensuite la route vers Pont-Audemer, l’après-midi du 4 août pour affronter le groupe Surcouf de Quillebeuf-sur-Seine à Bouquelon. Là, six Francs tireurs du Surcouf sont abattus et Leblanc échappe aux griffes de la Gestapo.
Plus tard, au cours du même mois d’août 1944, la chance tourne pour le policier Alie : en fuite de Rouen depuis le 23 août il sera arrêté par les FFI à Aumale (à l’est de la Seine-Maritime) le 1er septembre 1944. Son procès qui se tint du 14 au 16 novembre 1944 à Rouen, aboutit à une condamnation à mort pour intelligence avec l’ennemi. Il sera fusillé le 27 décembre 1944 à Petit-Couronne par les militaires français de la France libérée.
René Sortemboc dit Le Pélican
Kléber Mercier dit Raspail
Jean Ribault dit Jean Labbé
Un inconnu : "un Russe" fusillé à Épaignes
SOURCES : Hommage aux fusillés et aux massacrés de la Résistance en Seine-Maritime. 1940-1944]. Edité par l’Association Départementale des familles de fusillés de la Résistance de Seine-Maritime (1994).— Raymond Ruffin Les Lucioles de ma nuit Presses de la Cité 1976.— Le Journal du maquis, du débarquement à la Libération, rédigé par Robert Leblanc, chef du maquis Surcouf, présenté et commenté par Alain Corblin, Société historique de Lisieux, 2014.
Jean-Paul Nicolas