Le 29 août 1944, les nazis massacrèrent en représailles 88 habitants des communes de Couvonges, Robert-Espagne, Beurey-sur-Saulx, Mognéville, et Trémont-sur-Saulx dans le département de la Meuse. Ce fut l’un des plus grands massacres de civils en France durant la Seconde Guerre mondiale. Il a la particularité de n’avoir pas été commis par des SS mais par des soldats de la Wehrmacht.

Au début du mois d’août 1944, la 3e Panzergrenadiersdivision qui était dans la région de Florence en Italie, fut envoyée en France. L’un de ses régiments, le 29e régiment de Panzergrenadiers, arriva au sud-ouest de Bar-le-Duc (Meuse) le 28 août 1944. Il répartit ses différentes unités dans plusieurs villages situés entre Bar-le-Duc et Saint-Dizier (Haute-Marne), notamment dans la vallée de la Saulx. Le 29 août 1944 vers dix heures, il fut retardé par un sabotage de la voie ferrée à Saint-Dizier (Haute-Marne). Un officier fut blessé ou tué lors d’un accrochage avec le maquis au lieu-dit "La Belle Épine". Une unité du régiment constituée d’une trentaine de soldats transportés en side-cars et camions descendit à la gare de Mussey (aujourd’hui Val-d’Ornain, Meuse), distante de trois kilomètres de Robert-Espagne (Meuse) qui fut encerclé et investi à 11h45. Toutes les issues furent barrées et il n’était plus possible de rentrer ou sortir de la commune.
Une vaste rafle fut effectuée et une quarantaine d’hommes furent arrêtés au moment où ils rentraient chez eux pour le repas de midi. Ils furent regroupés sur le talus de la voie ferrée à côté de la gare où on leur fit creuser une tranchée. Dix cheminots qui étaient en service ce jour-là furent arrêtés également et durent rejoindre le groupe d’otages ce qui faisait 49 personnes. À 15 heures, ils seront tous abattus à la mitrailleuse et les blessés achevés. Trois gendarmes de la brigade locale étaient parmi les victimes : le maréchal des logis-chef Robert Delahaye, commandant de la brigade et les gendarmes Raymond Bilot et Gaston Dagonnet. Les deux autres gendarmes, Albrecht et Hubert réussirent à s’enfuir et à se réfugier dans la forêt voisine. Un autre homme fut abattu dans une ferme le même jour et une 51eme victime fut abattue le 31 août dans les bois.
La plupart des maisons furent pillées et incendiées au phosphore en représailles. 200 maisons sur 300 furent détruites.
Dans la foulée les allemands poursuivirent leurs massacres sur les communes proches, Couvonges, Beurey-sur-Saulx et Mognéville (Meuse).
À Couvonges, ils employèrent le même procédé, empêchant toute personne de sortir ou entrer et raflant tous les hommes rentrés manger chez eux. Comme à Robert-Espagne, ils furent massacrés à la mitrailleuse vers 15 heures. 54 maisons furent détruites par le feu.
À Mognéville, un notaire qui parlait allemand parvint à négocier la libération des otages mais une femme et deux hommes perdront néanmoins la vie. À Beurey-sur-Saulx, plusieurs Malgré-nous parvinrent à conseiller discrètement aux villageois de s’enfuir. Dans ce village, les 6 victimes seront 5 vieillards et une jeune fille, abattus devant leur maison en flammes ou tués dans une tranchée-abri. À Trémont-sur-Saulx, une localité voisine de Robert-Espagne, une jeune fille de 16 ans qui revenait du pré où elle avait conduit le cheval de la ferme en compagnie de son frère fut odieusement abattue vers treize heures au fusil mitrailleur et achevée à la grenade par des soldats qui se rendaient vers les villages voisins.
Les exactions de ce régiment se répandirent au delà. À Andernay (Meuse), ils prirent des hommes en otages et les enfermèrent dans la mairie. À Sermaize-les-Bains (Marne), ils traversèrent la localité en mitraillant les maisons et en abattant des personnes qui étaient dans la rue, dont le chef de la résistance locale, le Dr Fritsch faisant au total treize morts. Six maquisards faits prisonniers près de Vitry-le-François (Marne) furent fusillés à Naives-devant-Bar (aujourd’hui Naives-Rosières, (Meuse), près de Bar-le-Duc (Meuse) le même jour.
En se repliant vers Saint-Mihiel (Meuse) et Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle) le régiment mit encore à feu et à sang les communes de Martincourt (Meurthe-et-Moselle) où trois personnes furent tuées le 1er septembre et Mamey (Meurthe-et-Moselle) où treize personnes périrent fusillées où mortes dans l’incendie de leur maison.
Liste des victimes (à compléter) :
Robert-Espagne :
[ANDRÉ Marius->
[ARNAULT Antoine, Marcel->
[BEAUDAUX Firmin->
[BÉTIS Pierre->
[BILOT Raymond, Louis->
[BON Paul, Joseph->
[BOUDAILLE Hubert->
[BOURGEOIS Léon, René->
[BRIARD Georges->
[CHOQUET Louis, Daniel
[CHRISTOPHE André, Henri
[COLSON André, Marie, Henri->
[COUCHOT Pierre, Paul, Lucien->
[DAGONNET Gaston->
[DAIMÉ Daniel->
[DAIMÉ Raymond->
[DELHAYE Claude->
[DELHAYE Robert->
[DERRÉ Abel, Henri->
[EVRARD Honoré->
[FAUCHOT Marcel, Jean, Auguste->
[FIÉVEZ André->
[FRAICHE Pierre, Léopold->
[FROMENT Émile Jean, Marie
[GILLET Paul, Louis
[GUISCHEN René, Théophile->
[HARSANYI Joseph->
[IZAK Auguste->
[JACQUART Marcel, Émile->
[JACQUEMIN Louis->
[JACQUEMIN René, Henri, Marcel->
[KOLODZIEJ Stanislaw->
[LAPRUNE André->
[LEBÈGUE André->
[LEBÈGUE Bernard->
[MANGIN Marcel Edmond->
[MARIEZ Pierre, Marie, Joseph->
[MENOUX Paul, Gabriel->
[METZLER Louis, Léon->
[PAUMIER Norbert->
[PAUMIER René->
[REBOULET Pierre, André, Robert->
[RENCON Lucien->
[SAVANNE Maurice->
[SIMONNET Roger, Marceau, Constant->
[SIRI Henri->
[TABARRY André, Robert->
[TANGUY Paul, Jean, Marie->
[THOMASSIN Louis, Georges->
[VALERO SAMORA Antonio->
[VARINOT Henri, Ange->
Couvonges :
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Mognéville :
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Beurey-sur-Saulx :
[
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Sources

SOURCES : Jean-Pierre Harbulot : Les massacres du 29 août 1944 dans la vallée de la Saulx in La vallée de la Saulx, Société des Lettres, Sciences et Arts de Bar-le-Duc 1999 p. 43 à 119.— PV de gendarmerie du 12 avril 1945, extrait visible sur Internet sur le site "Le Bouchon sur Saulx".— Wikipédia Massacre de la vallée de la Saulx.— Nombreux sites Internet.

Jean-Louis Ponnavoy

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