Né le 13 mai 1909 à Corrèze (Corrèze), tué le 12 ou le 13 juillet 1944 à Chamberet (Corrèze) ; instituteur ; résistant, officier dans l’Armée secrète.

Jean Lair était le fils de François et de Anne Grande. Il épousa Adrienne Juliette Marie Martinie née en 1909. Tous les deux étaient instituteurs à Chamberet (Corrèze) .
Après avoir fréquenté le Cours Complémentaire de Corrèze, il entra à l’Ecole Normale de Tulle en 1926, jusqu’en 1929, et une fois son service militaire effectué, il commença sa carrière d’instituteur à Champagnac-la-Prune, au Cours complémentaire de Corrèze, puis à Chamberet, où il est devenu directeur de l’école des garçons.
« Sa bonhomie souriante, alliée à un sens nuancé de l’humour, lui permettait de souligner finement et aimablement, sans vexer personne, tel travers, tel ridicule […] De santé robuste, intelligent et tenace, le travail scolaire ne lui suffisait pas. Ses talents de musicien furent très appréciés à la Lyre Corrézienne et aux Enfants de Tulle ». Il avait en outre « des dons remarquables d’imitateur et de conteur ».
Profondément attaché à l’école laïque, « à l’école de la liberté », sa « vraie raison de vivre » était la liberté.
Il fut mobilisé au mois d’août 1939 au 126e R.I. Devenu commandant de compagnie, il donna la mesure de ses qualités d’organisateur et de patriote, ce qui lui valut d’être cité à l’ordre de la Brigade :
« Lair Jean, lieutenant, le 15 juin 1940, ayant assisté dans nos lignes à l’atterrissage forcé de trois avions ennemis, s’est porté spontanément au devant des appareils avec quelques hommes et un fusil-mitrailleur de sa section de dépannage. A cerné ces avions et, sous la pression d’une attaque vigoureuse, en a empêché l’envol. A aussi capturé trois pilotes dont un sous-lieutenant » (ordre général n°2, 27 juin 1940).
Jean Lair rejoignit la Résistance dans l’Armée secrète. Il avait le grade de capitaine en 1944.
En juillet 1944, il fut assassiné avec cinq autres résistants de l’AS, crime commis sur ordre de Raymond Burillon, capitaine “Charlot” des FTP. Les six hommes furent abattus en deux temps, les 8 et 12-13 juillet.
Le soir du 7 juillet 1944, à Chamberet, cinq hommes circulant dans une traction avant noire furent arrêtés par des FTP commandés par Raymond Burrillon, alias “capitaine Charlot”. Il s’agissait de trois officiers de l’Armée secrète, Pierre Cervoni, Pierre Monteil et Jean Villeneuve, accompagnés par deux soldats, Plas et Delage. Les captifs furent conduits au PC du groupe de Burillon, au hameau de la Borderie, sur la commune de Chamberet. Accusés d’être des espions à la solde de Vichy et des Allemands, ils furent “jugés” et condamnés de manière expéditive, puis exécutés à l’aube du 8 juillet. Les deux soldats furent épargnés mais ils furent contraints d’intégrer le groupe “Charlot”. Si l’on croit Michel Taubmann (op. cit. p. 162), qui s’exprime au conditionnel, « “le “procès” aurait été présidé par un “Charlot” complètement ivre : “j’ai fait cent trente kilomètres pour épurer l’AS”, aurait-il affirmé, prétendant obéir aux ordres d’un chef qu’il nommait “Châtaignier” (dénommé aussi “le Grand Châtaigner”). Est-il ensuite allé lui rendre des comptes ? On peut le supposer. » Michel Taubmann poursuit son récit pour relater, s’exprimant désormais au présent, la suite de cette tragédie : « En effet, le lendemain du crime, “Charlot” part deux jours en Creuse avant de revenir à Chamberet. Entre-temps, le quincailler René Buisson s’est inquiété de la disparition de ses amis de l’Armée secrète. Il pense qu’ils ont été faits prisonniers. “Charlot”, qui entretient apparemment de bonnes relations avec l’ancien maire de Chamberet, lui propose, pour obtenir la libération de ses camarades, de le conduire auprès de Guingouin. Buisson, accompagné de l’instituteur Jean Lair, chef militaire de l’AS locale, monte librement dans la camionnette de la Poste avec “Charlot” et trois ou quatre de ses hommes. Ils prennent la route suivis par un autre officier de l’AS, le lieutenant Périgord, sur une moto conduite par le soldat Chèze. Buisson ne rencontrera jamais Guingouin. Au bout de quelques kilomètres, au lieu de poursuivre vers Eymoutiers, le convoi bifurque et emprunte le petit chemin menant au campement du groupe de “Charlot”... Durant cette nuit, du 12 au 13 juillet, va sa produire un second massacre. Seul le jeune conducteur de la moto sera épargné ». Ce-dernier, Armand Chèze fut tué par les Allemands à Domps (Haute-Vienne) le 24 juillet 1944. Les cadavres de Buisson, Lair et Périgord, enterrés dans une cour de ferme, furent exhumés quelques semaines plus tard.
Georges Guingouin, chef des FTP de Haute-Vienne, fit exécuter Burillon le 3 août 1944.
Jean Lair obtint la mention « Mort pour la France » et fut homologué FFI. A titre poshume, une deuxième citation, à l’ordre de l’Armée, lui a été attribuée le 27 novembre 1946 :
« Lair Jean, lieutenant F.F.I., Officier de réserve de haute valeur morale, après avoir pris une large part à l’organisation de la Résistance à Tulle, a rejoint le maquis le 6 juin 1944. Parti en mission le 8 juillet 1944 dans la région de Chamberet, en compagnie de son officier-adjoint, il ne revint pas et fut porté disparu à cette date.
La présente citation compte l’attribution de la Croix de Guerre avec palme ». Décision n°415 du 27 novembre 1946.)
La médaille de la Résistance lui fut décernée à titre posthume par décret en date du 31 mars 1947. Son nom est inscrit sur le monument commémoratif de Chamberet et sur les monuments aux Morts de Chamberet et de Corrèze. Une rue de Chamberet porte son nom.

Voir Chamberet (Corrèze), 8-12 juillet 1944
Sources

SOURCES : Service historique de la Défense, Caen, AVCC, AC 21 P 66978 et Vincennes GR 16 P 331684 (nc). — Fabrice Grenard, Une légende du maquis, Georges Guingouin, du mythe à l’histoire, Paris, Vendémiaire, 2014, pp. 357-360. — Fabrice Grenard, Maquis noirs et faux maquis, Paris, Vendémiaire, 2013, pp. 100-102. — Michel Taubmann, L’Affaire Guingouin, Saint-Paul, Lucien Souny, 1994, pp. 160-171. — MémorialGenWeb. — Mémoire des Hommes. — Recensement de 1936 à Chamberet, arch. dép. de Corrèze en ligne. — Livre d’Or des Instituteurs corréziens morts pour la France 1939-1945, Tulle, imprimerie Maugein, pp. 47-51, par Roger Dechaud. — Notes de Gilbert Baubatie.

Dominique Tantin

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