Tué le 12 ou le 13 juillet 1944 à Chamberet (Corrèze) ; résistant, lieutenant de l’Armée secrète (AS)

À Chamberet, commune du nord de la Corrèze limitrophe de la Haute-Vienne, sept noms sont inscrits sur une stèle. Six d’entre eux sont des résistants de l’Armée secrète (AS) assassinés sur ordre de Raymond Burillon dit “capitaine Charlot”, des Francs-Tireurs et Partisans (FTP). Parmi eux, un certain Jean Perigord.
Le soir du 7 juillet 1944, à Chamberet, cinq hommes circulant dans une traction avant noire furent arrêtés par des FTP commandés par Raymond Burrillon, alias “capitaine Charlot”. Il s’agissait de trois officiers de l’Armée secrète, Pierre Cervoni, Pierre Monteil et Jean Villeneuve, accompagnés par deux soldats, Plas et Delage. Les captifs furent conduits au PC du groupe de Burillon, au hameau de la Borderie, sur la commune de Chamberet. Accusés d’être des espions à la solde de Vichy et des Allemands, ils furent “jugés” et condamnés de manière expéditive, puis exécutés à l’aube du 8 juillet. Les deux soldats furent épargnés mais ils furent contraints d’intégrer le groupe “Charlot”. Si l’on croit Michel Taubmann (op. cit. p. 162), qui s’exprime au conditionnel, « “le “procès” aurait été présidé par un “Charlot” complètement ivre : “j’ai fait cent trente kilomètres pour épurer l’AS”, aurait-il affirmé, prétendant obéir aux ordres d’un chef qu’il nommait “Châtaignier” (dénommé aussi “le Grand Châtaigner”). Est-il ensuite allé lui rendre des comptes ? On peut le supposer. » Michel Taubmann poursuit son récit pour relater, s’exprimant désormais au présent, la suite de cette tragédie : « En effet, le lendemain du crime, “Charlot” part deux jours en Creuse avant de revenir à Chamberet. Entre-temps, le quincailler René Buisson s’est inquiété de la disparition de ses amis de l’Armée secrète. Il pense qu’ils ont été faits prisonniers. “Charlot”, qui entretient apparemment de bonnes relations avec l’ancien maire de Chamberet, lui propose, pour obtenir la libération de ses camarades, de le conduire auprès de Guingouin. Buisson, accompagné de l’instituteur Jean Lair, chef militaire de l’AS locale, monte librement dans la camionnette de la Poste avec “Charlot” et trois ou quatre de ses hommes. Ils prennent la route suivis par un autre officier de l’AS, le lieutenant Périgord, sur une moto conduite par le soldat Chèze. Buisson ne rencontrera jamais Guingouin. Au bout de quelques kilomètres, au lieu de poursuivre vers Eymoutiers, le convoi bifurque et emprunte le petit chemin menant au campement du groupe de “Charlot”... Durant cette nuit, du 12 au 13 juillet, va sa produire un second massacre. Seul le jeune conducteur de la moto sera épargné ». Ce-dernier, Armand Chèze fut tué par les Allemands à Domps (Haute-Vienne) le 24 juillet 1944. Les cadavres de Buisson, Lair et Périgord, enterrés dans une cour de ferme, furent exhumés quelques semaines plus tard.
Toutefois, dans la base en ligne de Mémoire des Hommes, aucune fiche ne correspond à Jean Perigord. Un homonyme FFI né à Masléon (Haute-Vienne) le 9 juillet 1902, après vérification de l’état civil, se prénomme en fait Etienne et meurt après la guerre. Un Jean Henri André Perigord est tué à Saint-Augustin (Corrèze) le 21 août 1944.
Notice provisoire dans l’attente de l’acte de décès dressé à Chamberet.

Voir Chamberet (Corrèze), 8-12 juillet 1944
Sources

SOURCES : Fabrice Grenard, Une légende du maquis, Georges Guingouin, du mythe à l’histoire, Paris, Vendémiaire, 2014, pp. 357-360. — Fabrice Grenard, Maquis noirs et faux maquis, Paris, Vendémiaire, 2013, pp. 100-102. — Michel Taubmann, L’Affaire Guingouin, Saint-Paul, Lucien Souny, 1994, pp. 160-171. — MémorialGenWeb. — Mémoire des Hommes.

Dominique Tantin

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