Né le 20 octobre 1904 à Paris (VIe arr.), mort au combat le 4 septembre 1944 à Sennecey-le-Grand (Saône-et-Loire) ; imprimeur ; parachutiste des Forces aériennes françaises libres (FAFL) ; capitaine au 3ème Bataillon parachutiste SAS.

Capitaine SAS Guy de COMBAUD de ROQUEBRUNE
Capitaine SAS Guy de COMBAUD de ROQUEBRUNE
Photo Gilles BOLLORÉ
Guy de Combaud était le fils de Jean Louis André Marie Joseph Adrien, officier des haras, sous-directeur du haras du Pin, âgé de 41 ans et de Fanny Désirée Marguerite Thénard, âgée de 24 ans, sans profession, fille du baron Arnould Thénard, membre de l’Académie des Sciences. Il se maria le 9 août 1927 avec Ghislaine de Menthon, dont il eut six enfants. Il était domicilié à Dijon, 9 place Darcy.
Il fit des études pour entrer à Saint-Cyr, mais en fut empêché par un grave accident. Il prit alors la direction d’une imprimerie familiale à Marseille et y créa des œuvres sociales pour ses ouvriers.
Il fit la campagne de France comme artilleur mais n’accepta pas la défaite et malgré ses responsabilités et charges de famille, il manifesta sa volonté de résister dès 1940. Il imprima dans son entreprise les premiers numéros du journal Liberté. Arrêté en novembre 1941, il fut emprisonné pendant 3 mois. En novembre 1942, il passa la frontière espagnole afin de rejoindre Londres. Capturé, il fut interné dans les prisons espagnoles à Miranda et Jaraba mais réussit à s’évader et rallia Gibraltar en mai 1943, pour s’engager dans les FAFL (Forces aériennes françaises libres) à Londres le 18 mai 1943. En tant qu’officier de réserve, il entra à l’état-major des Forces Françaises Libres, puis malgré son âge, il demanda à suivre l’entrainement des parachutistes. Il obtint son brevet de para le 9 août 1943 à Ringway (Angleterre).
Nommé au grade de lieutenant, il prit en avril 1944, le commandement d’un escadron du 3ème SAS britannique en avril 1944, équipé de 19 jeeps, chacune armée de 4 mitrailleuses. Il débarqua le 16 août 1944 près de Courseulles-sur-Mer en Normandie, faute de moyens aériens pour être largué directement sur sa zone d’action. Le but de sa mission baptisée « Newton » était de traverser la France et de rallier la Saône-et-Loire où il avait de la famille pour retrouver ses camarades SAS qui avaient été parachutés et le maquis qu’il devait renforcer.
Après avoir progressé avec une colonne américaine, le 17 août à Evron près de Laval, il décida de séparer son escadron en deux. Onze jeeps partiraient vers la région nantaise et la Vienne, et 8 jeeps sous son commandement vers la Saône. Progressant tous feux éteints de nuit par de petites routes, il traversa la Loire à gué et fut accroché à plusieurs reprises par l’ennemi. Il accomplit alors un raid digne des SAS britanniques de 1942 en Libye. Au sud d’Auxerre, la présence de l’armée allemande devenant de plus en plus importante, il sépara de nouveau son détachement en deux : 4 jeeps iraient à travers le Morvan sous le commandement du sous-lieutenant Picard et le reste sous son propre commandement se dirigerait vers le sud de la Bourgogne.
Il rejoignit son but le 24 août à La Vineuse, au nord-ouest de Cluny, siège du PC de la Résistance en Saône et Loire. Après avoir reçu ses ordres de son chef de corps SAS, le commandant Château-Jobert dit ˮ Conanˮ, il installa son PC le 28 août à Tallant, village voisin du maquis de Corlay qu’il renforça.
Il retrouva André Jarrot délégué militaire des FFL pour la Saône-et-Loire et un détachement SAS parachuté, puis rendit visite à ses cousins, la famille Thénard habitant La Ferté, où dans sa jeunesse, il passait ses vacances.
Tous les jours il accrochait les forces allemandes en repli, à Saint-Ambreuil, Dracy-le-Fort, Charrecey. Le 30 août 1944, son détachement participa à une importante embuscade sur un pont entre Sénozan et Saint-Jean-le-Priche (Saône-et-Loire), et infligea à l’ennemi de lourdes pertes.
Le 4 septembre 1944, toujours à la tête de son détachement de 4 jeeps, il exécuta en lien avec la Résistance sa dernière et plus grande mission, lors de la bataille de Sennecey-le-Grand dont il était le fer de lance. Réalisant un authentique exploit, il parcourut en quelques minutes et dans les deux sens la rue principale de Sennecey, arrosant du feu de ses mitrailleuses les convois allemands qui y étaient stationnés, Ses mitrailleuses firent un carnage dans les rangs ennemis mais au retour sa jeep fut stoppée par une bicyclette garée le long du trottoir et l’ennemi revenu de sa surprise tua le lieutenant et huit de ses hommes.
Il fut enterré à la chapelle de La Ferté, à La Ferté-sur-Grosne (Saône-et-Loire) puis au château de Talmay en Côte d’Or.
Il fut cité à l’ordre de l’Armée Aérienne (JO du 11 février 45) et nommé capitaine à titre posthume.
Il obtint la mention « Mort pour la France » et fut homologué au grade de capitaine des FFL.
Une stèle à sa mémoire a été dressée à l’endroit de sa mort.
Il reçut à titre posthume la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur, la Croix de guerre avec palmes et la Médaille de la Résistance avec rosette par décret du 24/04/1946 publié au JO le 17/05/1946.
Son nom figure sur la stèle FFL en son hommage et le Mémorial dit ˮMur de la Résistanceˮ, à Sennecey-le-Grand, sur le monument aux morts et la plaque mémorielle apposée sur la chapelle du château de La Ferté-sur-Grosne, à Saint-Ambreuil à Saint-Ambreuil (Saône-et-Loire) et sur le monument aux morts, à Saint-Léger-Triey (Côte-d’Or).
Une rue de Marseille porte son nom, dans le 7e arrondissement.
Un Mémorial sans noms a été érigé devant l’entrée du Parc de Ruffey, à Sennecey "Aux parachutistes français du SPECIAL AIR SERVICE, britanniques et belges morts pour la liberté" avec une citation du général de Gaulle :
« Dans un raid extraordinaire en août 1944, le capitaine De Combau Roquebrune avec 4 jeeps blindées du 3e régiment des parachutistes français du SPECIAL AIR SERVICE, traverse toute la France occupée pour rejoindre ses camarades déjà parachutés en Bourgogne. Le 4 septembre un imposant convoi ennemi rassemblé à Sennecey le Grand doit faire mouvement à l’aube, alors que s’élancent paras et résistants, ses jeeps foncent, s’infiltrent dans la ville, remontent la longue file des camions allemands et tirant de toutes leurs armes, infligent à l’ennemi d’énormes pertes. Au retour, prises sous le feu des allemands qui se sont ressaisis, les 4 jeeps seront anéanties. Seize de nos camarades, leur capitaine en tête, trouveront une mort héroïque dans ce combat inégal et fantastique. »
« Pour les parachutistes, la guerre ce fut le danger, l’audace, l’isolement. Entre tous, les plus exposés, les plus audacieux, les plus solitaires, ont été ceux de la France Libre. Coups de main en Crête, en Lybie, en France occupée, combats de la Libération en Bretagne, dans le Centre, dans l’Ardenne. Avant-garde jetée du haut des airs dans la grande bataille du Rhin. Voilà ce qu’ils ont fait jouant toujours le tout pour le tout, entièrement livrés à eux-mêmes, au milieu des lignes ennemies. Voilà où ils perdirent leurs morts et récoltèrent leur gloire. Le but fut atteint, la victoire remportée. Maintenant, que la bassesse déferle ! Eux regardent le ciel sans pâlir et la terre sans rougir ».
Charles de Gaulle
Voir monographie Sennecey-le-Grand bataille du 4 septembre 1944
Sources

SOURCES : Service historique de la Défense, AVCC, Caen, AC 21 P 47754 (nc) et SHD, Vincennes, GR 16 P 138973 sans homologation et 177138 (nc).— Sites Internet : Mémoire vive de la Résistance, Résistants, Personnalités liées à la Résistance.— "Maison de la Résistance et de la Libération du Chalonnais Musée SAS" : Épopée SAS - Guy de Combaud, "Fondation de la France Libre" Les SAS du débarquement en Provence à Sennecey-le-Grand (1944), "Le Monde en Guerre" Libération de Sennecey-le-Grand.— Colonel Flamand Paras de la France Libre, Presses de la Cité Paris, 1976.— Geneanet.— Mémorial Genweb.— État civil (acte de naissance n° 3143 et de décès n° 65).

Jean-Louis Ponnavoy

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