ENGROS André [dit Roger]
Né le 21 novembre 1926 à Paris (IVe arr.), fusillé par condamnation le 1er octobre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; receveur lithographe ; militant des Jeunesses communistes du IVe arrondissement ; résistant, combattant du 2e détachement des FTP-MOI.
Au printemps 1939, lui et sa famille déménagèrent dans un appartement situé au 18 de la rue des Écouffes (Paris, IVe arr.). Ils se firent recenser comme Juifs en octobre 1940 auprès du commissariat de leur quartier et quittèrent leur logement, semble-t-il, en novembre 1941, pour aller s’installer dans un appartement au 35 rue de Charenton (Paris, XIIe arr.), peut-être afin d’éviter d’éventuelles arrestations.
Le 6 mars 1942, son frère aîné Marcel fut interpellé par la Brigade spéciale au cours d’une vague d’arrestations opérées parmi des cadres importants de l’appareil central du PCF ; remis aux autorités occupantes, Marcel Engros fut incarcéré à la prison du Cherche-Midi (Paris, VIe arr.). Deux mois plus tard, le 8 mai 1942, son frère Lucien, combattant de l’Organisation spéciale (OS), fut arrêté à son tour par la Brigade spéciale. Marcel Engros a été fusillé comme otage au Mont-Valérien le 23 mai 1942, tandis que Lucien Engros fut condamné à mort le 7 août 1942 par le tribunal allemand de la Seine pour activité de franc-tireur. Le même jour, leur mère fut internée par la police d’occupation au fort de Romainville (Seine, Seine-Saint-Denis) . Lucien Engros a été fusillé le 22 août 1942 au stand de tir de Balard (Paris, XVe arr.), alors que leur mère était transférée au camp de Drancy (Seine, Hauts-de-Seine) le 3 septembre 1942, pour être déportée, le 18 du même mois, dans le convoi n° 34 à destination d’Auschwitz, où elle trouva la mort.
Après les arrestations de décembre 1942 par la brigade spéciale parmi les FTP-MOI et dans le contexte de la capitulation de la VIe armée allemande sur le front de Stalingrad au début de l’année 1943, qui eut pour conséquence l’intensification de la lutte armée menée par le PCF clandestin, André Engros, encore très jeune, se retrouvant seul à Paris, rejoignit le deuxième détachement (détachement juif) des FTP-MOI, formant un groupe avec Raymond Kojitski et Nonique Tuchklaper, leur chef.
Pour éviter d’être arrêté par la police qui avait procédé à de nombreuses interpellations en mars 1943 dans les rangs de la sous-section juive de la MOI, André Engros alias Roger quitta son domicile du 35 rue de Charenton, où il continuait à vivre sous son véritable nom et passa dans la clandestinité. Nonique Tuchklaper lui fournit une fausse carte d’identité au nom de Gérard Larmant ainsi qu’une chambre louée, au 92 rue du Faubourg-du-Temple (Paris, XIe arr.), où il demeura dans l’illégalité. Cependant, dès le 28 avril 1943, il fut pris en filature par des inspecteurs de la brigade spéciale alors qu’il avait rendez-vous, au métro Porte-de-Vincennes, avec Mayer List , alors responsable militaire du deuxième détachement.
Au sein des FTP-MOI, André Engros participa notamment au grenadage d’un détachement allemand, rue de Courcelles, le 27 mai 1943, en compagnie de Raymond Kojitski. Le 2 juillet suivant, il fut interpellé à son domicile clandestin par des inspecteurs de la brigade spéciale, dans le cadre d’une vague d’arrestations opérées ce jour-là dans les rangs de la MOI. Remis aux autorités occupantes, il fut condamné à mort le 20 septembre 1943 par le tribunal allemand de la Seine pour activité de franc-tireur. André Engros a été fusillé le 1er octobre 1943 au Mont-Valérien avec ses camarades Boruch Lerner, Mayer List et Nonnique Tuchklaper. Il n’avait pas encore 17 ans, il est le plus jeune fusillé du Mont-Valérien.
André Engros fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 1er octobre 1943 division 40, ligne 47, n°47.
Son père, Isaac Engros, interné au camp de Rouillé (Vienne), fut transféré le 21 janvier 1944 au camp de Drancy, pour être déporté le 10 février suivant (convoi n° 67) à destination d’Auschwitz, où il trouva la mort.
Après guerre, André Engros ne fut ni homologué au titre de la Résistance intérieure française, ni reconnu comme « Interné Résistant », à titre posthume. Sa famille ayant totalement disparu, personne ne fut en mesure de déposer une demande à cet effet. La mention Mort pour la France lui fut attribuée par le Secrétaire d’Etat chargé des Anciens Combattants le 4 décembre 1997.
Le nom d’André Engros figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien
Au 18 de la rue des Écouffes une plaque a été apposée, rendant hommage aux « patriotes Marcel, Lucien et André Engros, fusillés par les occupants hitlériens. »
Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)
SOURCES : Arch. Nat., Natural. BB11 32909 X 27 Engros, BB11 81999 X 28 Engros née Getner Rosalie, BB11 24875 X 1929 Engros Isaac ; F9/5578., F9/5689/4 Fich. du camp de Drancy. — SHD BVCC dos. EC Engros André ; B7/911 ; Boîte 5 E-F fort de Rom. — SHD Vincennes GR 16 P 209703. — Arch. PPo. BS2 GB 130, BA 2298. — Site Internet Mémoire des Hommes. — MémorialGenWeb. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.
Lynda Khayat