Né le 13 octobre 1924 à Sedan (Ardennes), mort le 19 août 1944 à Pierrelatte (Drôme) [officiellement à Montélimar (Drôme)] ; résistant de Toulouse (Haute-Garonne) ; cadre de la 35e brigade des FTP-MOI de la Haute-Garonne

François Lafforgue (1924-1944)
Source : site Mémorial Verdier Forain,Toulouse
Montélimar (Drôme), gare SNCF. Plaque en l’honneur des tués du train fantôme
Grenade-sur-Garonne (Haute-Garonne)
Plaque inaugurée le 11 novembre 2021 en l’honneur de François Lafforgue et Jacques Grignoux arrêtés lors d’une action dans cette localité le 8 févier 1944.
Source : Mémorial Verdier Forain, Toulouse
François Lafforgue était le fils de Paul Lafforgue et de Germaine, Georgette Beauvoir. Il était marié avec Josette Jacarreri (?). En 1943-1944, il était domicilié 13, allée Jules-Guesde à Toulouse.
Il intégra la 35e brigade des FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans-Main d’œuvre immigrée) de Toulouse commandée par Marcel Langer. Cette unité devint ensuite la 3402e brigade des FTPF de la Haute-Garonne. Elle prit le nom de 35e brigade des « FTP-MOI Marcel Langer » après l’exécution de son chef le 23 juillet 1943 à la prison Saint-Michel de Toulouse. Cette brigade comprenait des étrangers (Juifs de Pologne, Espagnols, Italiens) mais aussi quelques Français comme Lafforgue et Jacques Grignoux. Ils avaient intégré la brigade, respectivement en mars et en mai 1943. Tous deux faisaient partie des cadres de la brigade. Ils étaient chefs de détachements et appartenaient à l’état-major régional (Haute-Garonne) de la 35e brigade des FTPF-MOI. Ils furent arrêtés, le 7 (ou 8, selon les sources) février 1944, par la gendarmerie à Grenade (Haute-Garonne). Ils furent incarcérés au quartier français de la prison Saint-Michel. Grignoux fut condamné à mort par une cour martiale du secrétariat d’État au Maintien de l’ordre et exécuté le 14 mars 1944 par des GMR. Lafforgue, quant à lui, dut passer au quartier allemand de Saint-Michel car il fut extrait de cette prison pour être embarqué, le 3 juillet 1944 à Toulouse, dans un convoi de déportés à destination de l’Allemagne qui fut connu sous le nom de « train fantôme ». Ce train eut parcours sinueux, chaotique et fort long. Dans le train, il y avait un autre « ancien » de la 35e brigade des FTP-MOI, Jacob Insel.
Lorsque le train, après de nombreuses errances et arrêts prolongés, arriva, le 19 août 1944, d’après la plupart des documents du SHD repris par le site MemrialGenWeb, à Montélimar (Drôme), il fut mitraillé par des avions alliés (britanniques — MemorialGenWeb assure qu’il s’agissait de la RAF, (Royal Air Force, version la plus vraisemblable) — ou américains). Alain Courtauly et Robert Serre disent clairement (op. cit.) que de mitraillage eut lieu en gare de Pierrelatte. Comme nous l’avons écrit, la documentation consultée indique le plus souvent que cette intervention aérienne eut lieu à Montélimar, mais Francesco Nitti, ancien interné italien au camp du Vernet-d’Ariège, passager du train fantôme expliqua, dans un témoignage publié dès 1945, qu’elle eut, en fait, lieu en gare de Pierrelatte (Drôme), à 25 km au sud de Montélimar. Ce fut en particulier depuis le wagon de Nitti que des prisonniers confectionnèrent un drapeau tricolore de fortune afin d’inciter les aviateurs à cesser leur mitraillage. Mais Nitti ne sut exactement ce qui s’était passé dans le premier wagon, plus durement atteint par les tirs des mitrailleuses des avions. Il signala que neuf d’entre eux avaient trouvé la mort et qu’environ douze d’entre eux avaient été blessés. D’autres sources indiquent que certains des passagers profitèrent de l’attaque aérienne pour tenter de s’évader et furent tués ou blessés par des tirs des soldats allemands de l’escorte du convoi. Le site MemorialGenWeb indique que les décès des victimes tuées à Pierrelatte furent inscrites sur le registre de l’état civil de Montélimar. En effet, les corps chargés dans le train furent débarqués en gare de Montélimar. François Lafforgue était l’un d’entre eux. Le SHD précise cependant que le mitraillage eut lieu à Pierrelatte et que la cause du décès de Lafforgue était dû au « bombardement » (en fait mitraillage) aérien. Sur l’acte de décès de l’état-civil de Montélimar il est signalé, d’après MemorialGenWeb, que six décédés, parmi lesquels François Lafforgue, furent « mitraillés par les Allemands sans aucun autre renseignement recueilli sur leurs identités ». Une incertitude demeure donc quant à la cause du décès de victimes parmi les « passagers » du train : tué par les soldats allemands de l’escorte lors d’une tentative d’évasion mettant à profit le mitraillage ou victimes des balles tirées par les aviateurs sur le convoi ? En ce qui concerne François Lafforgue le récit d’Alain Coustaury et de Robert Serre (site référencé dans les sources de la notice) indique qu’il fut abattu par un garde allemand, après avoir tenté de s’évader en sautant sur la voie depuis le wagon dont il avait réussi à ouvrir une fenêtre
François Lafforgue reçut la mention « mort pour la France ». Il fut homologué lieutenant des FFI (MemorialGenWeb dit capitaine). Il fut décoré à titre posthume le 7 novembre 1958. Il reçut la médaille de la Résistance et fut également fait, le même jour, chevalier de la Légion d’honneur. Il y a deux dossiers non consultés à son nom au Service historique de la Défense : GR 16 P 329124 à Vincennes, AC 21 P 583692 à Caen.
Son nom fut inscrit sur plusieurs plaques ou monuments commémoratifs : le monument aux morts des quartiers Saint-Michel, Busca, Port-Garaud de Toulouse, une plaque commémorative en gare de Montélimar, avec les noms des cinq victimes retirées du « train fantôme ». Une plaque commémorative fut inaugurée à Grenade-sur-Garonne le 11 novembre 2021, à la mémoire de Jacques Grignoux et de François Lafforgue.
Sources

SOURCES : SHD, 19 P 31/34, 35e brigade des FTP-MOI et de la 3402e compagnie des FTPF de la Haute-Garonne. — Alain Coustaury, Robert Serre, article sur le train fantôme dans la traversée de la Drôme, in Musée de la Résistance en ligne, site consulté le 24 novembre 2021. — Francesco Nitti, Chevaux 8, hommes 70, Perpignan, Mare Nostrum, 2004, 107 p. [p. 92-96], réédition ; édition originale : Éditions Chantal, Toulouse, 1945 ; préface de Jean Cassou. — Site et page Face book du mémorial Verdier Forain (Toulouse) consultés le 12 novembre 2021. — Sites MemorialGenWeb et Mémoire des Hommes (SHD) consultés le 13 novembre 2021.

André Balent

Version imprimable