À huit kilomètres au nord-est de Condom, sous-préfecture du Gers, ce village voit se dérouler le 21 juin 1944 un combat acharné entre les maquisards et les soldats allemands de la 189e Division d’infanterie de Montauban grossis du 38e Chasseurs de la garnison d’Auch qui cherchent à les encercler. En raison du lourd bilan humain (14 morts) et matériel, c’est l’unique commune du département titulaire de la Croix de guerre 1939-1945.

Dominant la vallée de l’Auvignon, ce village entre dans l’histoire au Moyen-Âge, comme nombre de localités gersoises par la forme que prend le regroupement de l’habitat sur un site élevé autour d’un château ou d’une tour : les castelnaux. D’abord « Castrum novum luparis » le Castelnau- des- Loups prend son nom actuel avec la Révolution française et regroupe environ 200 habitants en 1939, surtout des paysans.
Les principales étapes de la formation de cet épicentre de la résistance pour tout l’ouest du département sont les suivantes :
-  12 avril 1942, création du réseau « Victoire » par Maurice Rouneau, Pierre Wallerand, Jeanne Robert, institutrice, Fernand Gauchet, Roger Larribeau, maire ;
-  mi-novembre 1942, accueil et installation dans le village de George Réginald Starr qui deviendra « Hilaire », agent du Spécial Operations Executive (SOE) britannique pour tout le Sud-ouest de la France. À la tête du réseau Wheelwrigth et avec l’aide des volontaires locaux et de « Victoire », il prépare la résistance à l’occupant : contacts, recrutement, prospection de terrains de parachutages, exfiltrations par l’Espagne.
-  Août 1943 : arrivée de madame Cormeau, « Annette » opératrice-radio anglaise qui assure une liaison directe avec Londres et permet ainsi l’homologation de nombreux terrains et les parachutages d’armes et de munitions ;
-  Mi-avril 1944, rencontre entre Starr et le capitaine Maurice Parisot commandant le bataillon de L’Armagnac ;
-  Juin 1944, formation d’un maquis autour du PC de Castelnau : il est constitué de résistants des Corps francs de la Libération, de guérilléros alors commandés par Tomàs Guerrero Ortega, d’un détachement FTP-MOI de la 35e brigade Marcel Langer aux ordres d’ Enzo Lorenzi. Le 20 juin, suite à une mission à Francescas (Lot-et-Garonne) le contact avec une troupe allemande se solde par cinq morts espagnols. Depuis le 6 juin, l’activité autour de Castelnau n’ayant pas échappé à la surveillance de l’occupant celui-ci, après l’alerte de Francescas, monte une opération d’envergure le 21 juin : de l’aube à la mi-journée environ 500 soldats de la Wehrmacht munis d’armement lourd finissent par parvenir au centre du village. La population civile a pu être évacuée et la retraite des blessés et du PC sécurisée grâce à l’action retardatrice des guérilleros. L’explosion de la tour de l’ancien château remplie d’armement surprend les assaillants mais marque la fin de la résistance du village.
Le bilan est lourd :
Sept combattants espagnols sont tués : Juan Àlvarez Sanchez Salvador Hernandez Garcia ; Jesùs Herrera Miguel ; Federico Martinez Vaquero ; José Maria Ortega Fonseca ; Salvador Torres, ce dernier blessé, mort des suites de ses blessures le 19 août 1944 ; José Valiente Murillo.
Quatre résistants français sont mortellement touchés : André Coucussaute ; Étienne Florensan ; Pierre Rengade ; Pierre Sarda.
Trois victimes civiles : Charles Castex ; Constantino Quintilla ; Stanislas Piskaldo d’origine polonaise.
On dénombre vingt-cinq blessés plus ou moins atteints. Les Allemands ont fait des prisonniers amenés à Auch dont Louis Prouadère et le gendarme Bourrust qui sera extrait de l’hôpital par la Résistance.
Le village a été détruit par plusieurs explosions, la mairie-école et plusieurs fermes ont été incendiées.
En 1951, à l’ouest du village reconstruit, un monument en forme de péristyle rappelle le sacrifice des résistants de toutes nationalités pour la libération de la Gascogne. Chaque 21 juin a lieu la cérémonie commémorative.
La commune est le siège de l’Amicale des Hauts lieux de Mémoire de la Seconde guerre mondiale et de la Résistance créatrice d’un site internet original de mise en relation des lieux de mémoire du Gers.
Sources

SOURCES : Jacques Fitan, Pierre Léoutre, Le Gers en Résistance, 1940-1945, 2020, pp. 410-415. — Monique Hugon, Communes du Gers, Tome II SAG Auch, 2004. — Guy Labédan, Lieux de mémoire de la deuxième guerre mondiale dans le Gers, 1982. — Pierre Péré, "Notes sur le bilan chiffré du combat de Castelnau-sur-l’Auvignon", 1982. — [www. resistance-gers.fr], en date du 6 octobre 2021. — Note d’André Balent.

Jacques Fitan

Version imprimable