Saumur (Maine-et-Loire). 20 août 1944.
Une unité allemande placée en défense sur la Loire, dans le secteur de Saumur, prit le 19 août 1944 onze civils en otage à Saint-Lambert-des-Levées (Maine-et-Loire). Ils furent massacrés le lendemain 20 août 1944 à Saint-Hilaire-Saint-Florent, commune aujourd’hui rattachée à Saumur.
La situation de Saumur revêtait dans le dispositif allemand une forme particulière : une tête de pont avait été maintenue au nord du fleuve dans le quartier de la Croix Verte sur la commune de Saint-Lambert-des-Levées. Cette tête de pont qui permettait aux troupes allemandes des incursions armées au nord du fleuve fut également harcelée par les groupes FFI. provoquant des réactions violentes de l’armée allemande. Celle-ci procéda à des tirs d’artillerie le 17 août sur les quartiers au nord du fleuve, puis les jours suivants en incendiant des maisons et en arrêtant et exécutant des civils. Le 19 août 1944, après avoir été vraisemblablement à nouveau harcelée par les FFI, une unité allemande prit vers 16 heures 30 onze otages (plus une petite fille de 11 ans arrêtée avec sa mère et qui fut libérée le lendemain matin) parmi la population civile de Saint-Lambert-des-Levées. Dans la soirée le groupe fut conduit en barque à Saumur où les habitants sans doute suspectés d’aider la Résistance furent interrogés par la Feldgendarmerie, la question principale étant : « Avez-vous vu des hommes porteurs de rubans aux trois couleurs ». Le lendemain 20 août dans des conditions et à une heure imprécises les onze personnes, six hommes et cinq femmes, furent conduits sur un terrain militaire en bord de Loire au lieu-dit Le Breil près de la confluence du Thouet et de la Loire (à l’époque sur la commune de Saint-Hilaire-Saint-Florent, aujourd’hui également rattachée à Saumur), et abattus dans le dos, les yeux bandés, d’une rafale de mitrailleuse, avant d’être inhumés sommairement dans une fosse de DCA. Les corps ne furent retrouvés, exhumés et identifiés que le 9 mars 1945. Une cérémonie funéraire eut lieu le mercredi 14 mars 1945.
Liste des victimes :
BOULANGER Auguste 72 ans
CHÂTEAU Jean Baptiste 60 ans
COCHIN Albert 47 ans
COCHIN Marie née NICIER 42 ans
DUBLÉ Marie née BÉAL 73 ans
FOUCHER Maurice 26 ans
FOUQUEREAU Ernestine née DUBLÉ 49 ans
FOUQUEREAU Gustave 56 ans
GUIGNAUDEAU Yvonne née DEROUARD 61 ans
LE BRETON Germaine née GUION 47 ans
PINEAU François 67 ans
Un monument commémoratif du au sculpteur Alfred Benon fut dressé en 1946 à Saint-Lambert-des-Levées, à proximité de la cité Saint-Jacques où la plupart des victimes avaient été arrêtées avec l’inscription :"Aux fusillés d’Août 1944 - Aux déportés - Aux Victimes de la barbarie Nazie" et une artère prit le nom d’Avenue des Fusillés. Une stèle commémorative fut également dressée au Breil avec l’inscription : "A cet endroit, le 9 mars 1945 a été découvert un charnier contenant 11victimes, hommes et femmes du Saumurois, Fusillés le 20 Août 1944 par le Nazisme - Souviens-toi ".
SOURCES : Marc Bergère, Une société en épuration. Épuration vécue et perçue en Maine-et-Loire. De la Libération au début des années 50, Éditeur Presses Universitaires de Rennes. 2004 — Augustin Girouard, Le Charnier de Saumur, Société des Lettres, Sciences et Arts du Saumurois, tome n° 96, janvier 1947, pages 63 à 71 — Site internet de Joseph-Henri Denécheau Saumur jadis — Mémorial genweb.
Michel Thébault