Né le 6 octobre 1919 à Limersheim (Bas-Rhin), exécuté sommairement le 17 mars 1943 au camp de concentration de Natzweiler-Struthof (Bas-Rhin) ; cultivateur ; résistant à l’incorporation de force dans l’armée allemande.

Charles Reibel était le fils d’Aloys Reibel, cultivateur, de religion catholique, et de Marie Elise Reibel, née Lux.
Suite au décret du 25 août 1942 instituant l’incorporation de force des Alsaciens dans l’armée allemande (classes 1914 à 1919), Charles Reibel et onze autres jeunes gens furent convoqués à la mairie d’Erstein (Bas-Rhin) le 17 février 1943 devant le conseil de révision. Se présentant à la mairie d’Erstein au jour dit, ils firent valoir qu’ayant servi dans l’armée française, ils ne pouvaient être incorporés dans l’armée allemande. Mais ayant appris qu’un groupe de jeunes de Ballersdorf (Haut-Rhin), qui avait tenté de passer en Suisse pour échapper à l’incorporation dans l’armée allemande, avait été condamné à mort et fusillé, ils accomplirent les formalités d’enrôlement, tout en montrant que c’était contre leur volonté. Après avoir passé l’après-midi à errer dans Erstein, de retour à Limersheim, le groupe se retrouva à 21 heures dans un restaurant du village. Après avoir discuté, les jeunes défilèrent dans Limersheim, arborant un drapeau tricolore et entonnant des refrains français. Arrivé devant la mairie avec ses camarades, Charles Reibel monta au sommet du mât où flottait le drapeau à croix gammée et le remplaça par le drapeau français. Après avoir salué les couleurs, le groupe passa devant le bâtiment où étaient apposés les communiqués officiels allemands derrière un grillage. Le grillage fut démonté et tous les papiers furent déchirés.
Le lendemain matin, les douze jeunes gens furent arrêtés et, malgré la protestation d’une grande partie des habitants du village, conduits à Erstein pour des interrogatoires accompagnés de gifles et coups de bottes. Le 19 février, ils furent transférés au camp de Schirmeck (Bas-Rhin). Charles Reibel , dont les Allemands savaient que c’était lui qui avait remplacé le drapeau nazi par le drapeau français, fut désigné comme le « meneur » de la rébellion. Le 17 mars 1943, le commandant du camp de Schirmeck reçut du Gauleiter Wagner la décision de condamnation à mort et l’ordre d’exécution de Charles Reibel, sans qu’il y ait eu de procès. Charles Reibel fut conduit le jour même au camp du Struthof et fusillé, vraisemblablement dans la sablière du camp. Il obtint la mention « Mort pour la France ».
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Bas-Rhin, 4E 266/19. — Centre européen du résistant déporté (site de l’ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof) acte de décès du 18 mars 1943 numéro 163 X. — Charles Béné, L’Alsace dans les griffes nazies, Ed Fitzer, 1984, Tome VI, p.25-28.

Michel Roth

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