Né le 26 février 1918 à Magnan (Gers), fusillé le 6 juillet 1944 au champ de tir de Pau, Pont-Long (Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques) ; ouvrier boulanger ; résistant du Corps franc pyrénéen ou Pommiès (CFP) de l’organisation de la résistance de l’armée (ORA).

Monument à Perchède (Gers).
Fils de Modeste Duprat (Magnan, Gers, 1870), cultivateur et de Madeleine Rambeau (Bourdalat, Landes, 1886), ménagère. Au-delà des mentions professionnelles données par l’état-civil, on doit admettre ici qu’il s’agit de paysans parcellaires contraints de s’employer à la journée chez des propriétaires terriens, si bien que les deux enfants du couple, Marie (née en 1916) et Jean, sont élevés par les grands-parents. En 1920, Modeste et Madeleine Duprat devinrent propriétaires d’une petite maison et d’un peu de terre à Perchède (Gers).
De l’enfance et de l’adolescence de Jean Duprat au caractère enjoué, on retiendra la fréquentation de l’école primaire et l’apprentissage de mitron à Aire-sur-L’Adour (Landes), boulangerie Arrouy. Il trouva ensuite un emploi de boulanger à Labastide-d’Armagnac (Landes). Mobilisé au début de la Seconde guerre mondiale puis, semble-t-il, réformé, Jean Duprat travailla dans une contrée où, au fil du temps, la nébuleuse résistante ne cessa de se structurer : Organisation civile et militaire (OCM) de Léonce Dussarat, Mouvement national de résistance des prisonniers de guerre, (MNRPG), Mouvement national de libération (MLN) et groupement- ouest du CFP. Il s’enrôla à Saint-Justin (Landes), participa selon toute vraisemblance au comité de réception d’un parachutage au printemps 1944 avant de rejoindre la compagnie Maulvaux du groupement-ouest du CFP commandé par Jean de Milleret (« Carnot »). Au sein de cette compagnie, Jean Duprat appartint à la première section sous l’autorité d’un jeune gendarme de Grenade-sur-Adour, Marcel Clavé. Le 24 juin, ordre leur fut donné de rejoindre Portet (Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques), un village béarnais perché, limitrophe du Gers et des Landes. Là, de Milleret concentra entre cent-quatre-vingts et deux cents hommes : cette unité qui prit le nom de « brigade Carnot » fut exposée trop longtemps aux regards de tous, y compris du service de renseignement de l’occupant.
Jusqu’au 2 juillet, de Milleret ignorait les mises en garde que lui adressent, entre autres, le chef régional Charles Strickler du MNRPGD et André Pommiès, en personne, afin de disperser une telle concentration de maquisards. Au soir du 2 juillet la décision de quitter le cantonnement ou d’engager des effectifs de la section de destructions pour tendre une embuscade sur l’itinéraire supposé des troupes d’occupation est hélas trop tardive. Le lundi 3 juillet 1944 à quatre heures du matin un important détachement allemand venu de Pau, lourdement armé et parfaitement renseigné, encercle et isole le village de Portet. À six heures les Allemands lancèrent l’attaque  : la section Clavé fut cantonnée en haut du village. Pour les maquisards qui ripostèrent les solutions de repli sont rares hormis les granges et les bois. L’attaque violente se traduisit par un bilan humain et matériel particulièrement lourd et longtemps difficile à établir en raison des difficultés de l’identification de certains fusillés : quatorze résistants tués au combat, quarante quatre faits prisonniers, cinq habitants du village tués et neuf maisons incendiées.
Blessé grièvement puis capturé, Jean Duprat fut transporté avec ses camarades et, comme eux tous, enfermé et torturé dans les prisons de la caserne Bernadotte à Pau. Le 6 juillet, le commandant allemand prit la décision d’exécuter les prisonniers. Emmené au champ de tir du Pont-Long, au nord de Pau, Jean Duprat, fut exécuté à la mitraillette. Une de nos sources indique que les prisonniers le furent quatre par quatre ; les corps sont jetés dans quatre fosses préalablement préparées à une vingtaine de mètres de la butte de tir.
La famille de Jean Duprat resta longtemps dans l’ignorance des circonstances exactes de sa mort. Au 30 avril 1945, la préfecture des Basses-Pyrénées communique « la liste des décédés victimes de l’occupation allemande » ; il resta alors vingt-quatre corps non identifiés à Pau, six à Monein et quatre à Portet : c’est le cas de Jean Duprat. Sa mère devenue veuve en 1947, et toujours domiciliée à Perchède, reçut le 3 mars 1948 le certificat d’appartenance aux Forces françaises de l’intérieur (FFI) pour la période du 6 juin au 3 juillet 1944 et obtint pour son fils l’insigne des « Morts pour la France » au titre de la loi du 30 avril 1946.
Pau (Basses-Pyrénées, actuellement Pyrénées-Atlantiques), champ de tir du Pont-Long, 6 juillet - août 1944
Sources

SOURCES : Arch. mun. de Magnan et de Perchède. — Arch. Dép. du Gers, fonds Pierre Péré. — Le Patriote du Sud-Ouest, ed. 7, 1945. — Arch. Privées. — Marcel Céroni, Le Corps Franc Pommiès Tomes 1-2, Toulouse,2007—Cd-Rom La Résistance dans les Landes, AERI 40, 2008. — Virginie Picaut, Portet, 3 juillet 1944, de la Mémoire à l’Histoire, ed. Monthélios, Pau, 2009. — Notice CLAVÉ Marcel par Audrey Galicy, 28 octobre 2019. et monographie du Pont-Long.

Jacques Fitan

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