HAFFNER Hans
Né le 14 mai 1885 à Zurich, mort au combat d’Estang (Gers) le 3 juillet 1944 ; professeur de mathématiques à l’université d’Heidelberg (Bade-Wurtemberg) ; secrétaire du comité Mattéoti ; résistant de la 1e compagnie du bataillon de l’Armagnac.
La déclaration de guerre du 3 septembre 1939 fit de lui le ressortissant d’une nation en guerre avec le pays d’accueil et le candidat tout désigné pour l’internement. Ainsi le retrouvons-nous au camp de Gurs (Basses-Pyrénées) en septembre 1940, comme « indésirable » mais plus vraisemblablement dans le troisième groupe arrivé au camp avec les juifs étrangers. Il fut un des cofondateurs du réseau Freideutschland. C’est un autre réseau, celui de « L’Amitié chrétienne » de l’abbé Glasberg et de son frère Vila Glasberg qui utilisaient la couverture semi officielle des Centres d’accueil agricoles (CAA) pour l’extraire de Gurs au profit du Centre installé au château du Bégué à Cazaubon (Gers). Là, Hans Haffner, très au fait des manœuvres policières avait tôt fait de mesurer la précarité de son statut d’assigné à résidence : il demanda à travailler dans une ferme : ce fut celle de madame et monsieur Glise, maire de Monclar d’Armagnac qu’il rejoignit à la saison des vendanges jusqu’en juin 1944. Le Centre du Bégué avec lequel il resta en contact administratif fut en relation avec la résistance locale par l’intermédiaire du curé de Panjas, l’abbé Talès, du contrôleur du ravitaillement, Léon Malandin et du directeur Gaston Luino.
Le 7 juin 1944 Hans Haffner fut volontaire avec vingt-sept autres pensionnaires du Bégué pour rejoindre le bataillon de l’Armagnac. C’est le plus âgé certes, mais pas le moins intrépide « avec son physique athlétique, sa jovialité, sa volonté de communiquer avec tous, ses parties de bras de fer avec Simon Wurtz, un trapéziste de cirque viennois » écrit monsieur Péré dans ses notes. Au sein du 2e groupe de la première section du bataillon de l’Armagnac, Hans Haffner fut tireur au FM Bren. Le 3 juillet 1944 c’est en quittant sa position de tir pour couvrir un repli de son groupe dans un champ de blé qu’il fut mortellement blessé à l’épaule gauche. Une garde d’honneur en armes procède à son inhumation le 6 juillet à Maupas village des environs d’Estang. Sa tombe longtemps fleurie reçut la visite de sa famille. En 1962 il fut réinhumé dans la nécropole nationale de Chasseneuil-sur-Bonhieure en Charente. Son nom figure sur le monument aux morts dédié aux martyrs de la Résistance, nom loin du lieu du combat et de l’exécution des otages.
Estang, 3 juillet 1944 par Jacques Fitan.
SOURCES : Gilbert Badia, Les bannis d’Hitler, accueil et luttes des exilés allemands en France 1933-1939, 1984— Le camp de Gurs wikipedia.org—Pierre Cames, Chronique des années de guerre à Cazaubon 39-45, Auch, 2002. —Jacques Fitan, « Le Centre du Bégué » dans Familles juives dans le Gers, SAG, Auch, 2008. —Pierre Péré, « La saga d’un homme brave » dans Familles juives dans le Gers, SAG, Auch, 2008.
Jacques Fitan