Né le 3 janvier 1895 à Tain (Tain-l’Hermitage, Drôme), massacré en représailles par un milicien le 22 août 1944 à Baix (Ardèche) ; employé SNCF ; victime civile et résistant des Forces françaises combattantes (FFC), réseau Résistance Fer.

Joseph, Pierre Bobichon était le fils de Pierre, Joseph Bobichon, employé des chemins de fer, et de Marie, Mélanie Grange, son épouse.
Appelé sous les drapeaux, il fut incorporé le 16 décembre 1914 au 159e RI. Il effectua toute la guerre dans différents régiments d’infanterie, fut blessé le 30 juin 1916 à Thiaumont (Meuse). Cité à l’ordre du régiment, il fut décoré de la Croix de guerre avec étoile de bronze.
Revenu au front, il fut victime de gaz de combat (ypérite) le 6 septembre 1918.
Classé affecté spécial comme employé des chemins de fer le 31 janvier 1919, il fut dirigé sur le PLM à Valence (Drôme).
Il fut décoré de la Médaille militaire avec traitement le 31 décembre 1937.
Il épousa Antoinette, Julienne, Hélène Bourret le 14 juin 1919 à Crozes-Hermitage (Drôme). Veuf en 1922, il épousa Honorine, Henriette Bourret, sœur de sa défunte épouse, le 12 avril 1923 à Crozes-Hermitage. Il était alors employé des chemins de fer. Le couple eut six enfants.
Joseph Bobichon s’engagea dans la Résistance, rejoignant les Forces françaises combattantes, au sein de ce qui fut appelé après la guerre, le réseau Résistance Fer.
En 1944, il était facteur enregistrant à la gare de Baix (Ardèche).
Le 22 août 1944 vers 9h30, un fort groupe de soldats allemands et de miliciens français qui se repliait depuis le sud de la France passa par Baix.
Attaqués par les Forces françaises de l’Intérieur et par l’aviation alliée, Allemands et miliciens s’en prirent en représailles à la population du village.
Honorine Bobichon témoigna pour le Mémorial de l’oppression : « Le 22 août 1944, je me trouvais à mon domicile en compagnie de mon mari, Bobichon Joseph, âgé de 49 ans, de mon fils Henri âgé de 17 ans et de mes deux fillettes, Marie-Thérèse 15 ans et Lucette 12 ans.
Les Allemands enfoncèrent la porte de notre domicile et au nombre d’une dizaine, armés de revolvers, nous traitèrent de terroristes, nous menaçant de nous abattre. Ils nous ont fait sortir. Ils ont conduit ma fille Marie-Thérèse et mon mari devant le mur de l’immeuble voisin et les ont fait mettre face au mur. Quelques instants après ils nous conduisaient à une centaine de mètres au sud du village. Nous marchions devant les allemands, ma fille Marie-Thérèse à côté de mon mari. C’est alors que nous marchions qu’un milicien s’est approché de mon mari et l’a abattu avec son revolver tiré à bout portant dans la tempe gauche.
Un instant après j’ai vu abattre M. Pascal alors que dans les mêmes circonstances on le faisait sortir de chez lui. Mon fils marchait devant nous à quelques mètres. Je ne l’ai pas vu tuer. Nous avons été conduits comme otage dans un jardin. C’est dans ce jardin que j’ai vu amener M. Léopold Philippon frappé sauvagement par ceux qui le conduisaient. Il a été conduit près d’une petite colonne au fond du jardin. D’autres Allemands sont venus et l’ont abattu contre un mur à coups de mitraillettes. Par la suite ils ont tiré à plusieurs reprises sur son cadavre. Une femme milicienne française nous menaça de nous tuer elle-même si nous n’indiquions pas où se trouvaient les terroristes.
Vers les 16 H., les Allemands étant partis, j’ai retrouvé mon fils assassiné sur la route, mort de plusieurs balles. Pendant ce temps tout a été pillé dans ma maison.
 »
Joseph Bobichon obtint la mention « Mort pour la France » et fut homologué résistant, membre des Forces françaises combattantes, mais il figure sur le site Mémoire des hommes au titre de victime civile.
Il fut cité à l’Ordre de la SNCF et décoré à titre posthume de la Médaille de la Résistance par décret du 18 octobre 1946 paru au JORF du 5 décembre 1946.
Il fut enterré dans la tombe familiale au cimetière de Baix au côté de son fils.
Son nom figure sur le monument commémoratif 1939-1945 de Baix.
Sources

SOURCES : AVCC, Caen, AC 21 P 314689 (nc). — SHD, Vincennes, GR 16 P 65887 (nc). — Arch. Dép. Rhône et Métropole, Mémorial de l’oppression, 3808 W 153. — Arch. Dép. Drôme, RMM, 1 R 329, p. 850 à 852. — Mémoire des hommes. — Geneanet. — Mémorial GenWeb. — État civil, Mairie de Baix (décès).

Jean-Luc Marquer

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