Né le 20 août 1913 à Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône), mort le 29 juillet 1944 à Banne (Ardèche), probablement tué par un tir de résistant, acte de décès établi à Berrias, aujourd’hui Berrias-et-Casteljau (Ardèche) ; chauffeur de camion ; victime civile.

Adrien, Joseph, Roch Carlhan était le fils de Joseph, Cyprien Carlhan et de Marie, Marguerite, Zoé Chaud, son épouse.
Adrien Carlhan fut adopté par la Nation par jugement du tribunal civil d’Alais, aujourd’hui Alès (Gard) en date du 3 juin 1921.
En 1936, la famille habitait rue d’Arles à Bellegarde (Gard). Adrien, célibataire, était l’aîné d’une fratrie de six. Il exerçait la profession de cultivateur. Son père, Joseph, était cantonnier.
D’après son acte de décès, on peut supposer qu’il habitait en 1944 la région du Vigan, à l’extrême ouest du département du Gard, et était chauffeur de camion.
Le 29 juillet 1944 au petit matin, un très important convoi allemand en provenance d’Alès arriva dans le secteur de Banne (Ardèche). Le convoi, guidé par un avion de reconnaissance, était fort de 400 hommes environ transportés par 19 camions, protégé à l’avant par une chenillette blindée, et disposait d’une auto mitrailleuse avec un canon de 75 mm.
Vers 10 heures, trois compagnies de FFI attaquèrent la colonne alors que sa tête venait de passer le pont sur le ruisseau Le Granzon.
Le soir la colonne allemande, sous la protection d’un blindé venu en renfort, se retira vers Alès, en abandonnant sur le terrain douze véhicules et en emportant ses morts et ses blessés. Côté FFI, on déplora un mort, l’adjudant Jean Cornier, et plusieurs blessés dont deux graves.
C’était la première grande victoire remportée en Ardèche par la Résistance armée au cours d’un affrontement qui dépassa quelque peu le stade de guérilla.
C’est au cours de cet affrontement qu’Adrien Carlhan trouva la mort. L’acte de décès n°11 établi à Berrias, aujourd’hui Berrias-et-Casteljau (Ardèche) le trente juillet 1944 en explique les circonstances.
« Le trente juillet mil neuf cent quarante quatre à treize heures s’est présenté André Marceau, âgé de trente-trois ans, aide chauffeur, domicilié à Dourbiès (Gard) qui nous a déclaré avoir été réquisitionné par l’armée allemande avec son camarade Carlhan Adrien, Joseph, Roch, né à Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône) et le camion Renault 3202 FN 5, appartenant à l’entreprise Serrano à Le Vigan (Gard) pour transporter des troupes. Arrivé entre Les Lèbres de Banne et l’ancienne gare du tramway le vingt neuf juillet mil neuf cent quarante quatre vers dix heures son camarade fut tué.
Dès qu’il le put le déclarant est monté à Banne pour faire inhumer son camarade. Banne était entièrement évacué. Ne voulant pas laisser pourrir sur place son camarade, André vint demander secours au Maire de Berrias. Étant donné que le mort n’appartenait à aucun parti et était une victime innocente des événements, le Maire de Berrias crut du simple devoir d’humanité d’aller avec une équipe de volontaires chercher le cadavre pour le faire inhumer décemment au cimetière de Berrias, renvoyant à des temps meilleurs la légalisation d’un tel geste.
 »
Il est probable qu’Adrien Carlhan fut tué par un tir provenant des FFI dans le but d’immobiliser le véhicule qu’il conduisait.
Il n’existe pas de dossier à son nom au SHD.
L’acte de décès ne porte pas de mention « Mort pour la France ».
Adrien Carlhan est aujourd’hui enterré au cimetière communal de Bellegarde dans une tombe actuellement en déshérence.
Son nom figure sur le monument aux morts et les plaques commémoratives de l’église, à Bellegarde et sur le monument commémoratif de La Lauze, à Banne (Ardèche).
 
Malheureusement le village de Banne dut subir de lourdes représailles. Dès le matin du 30 juillet, l’aviation mitrailla les villages du secteur. La Wehrmacht entra dans Banne et appréhenda le maire Paul Maës qui fut emmené comme otage à l’issue de la journée. La poste et la mairie furent incendiées. Pendant deux jours les hommes de troupe se livrèrent aux actes habituels de destruction et de pillage. Des civils furent assassinés : Élie Bauzély fut massacré au Grand-Châtaignier, un lieu-dit à la limite des communes de Gagnières et de Saint-Paul-le-Jeune (Ardèche), Raymond Bouchet abattu à St Paul-le-Jeune, Marius Manifacier tué dans son champ. À Chassagnes (aujourd’hui Les Vans, Ardèche), le 31 juillet Joseph Aubert et sa sœur Marie-Thérèse furent abattus sans explication, de même que Gaston Fabre, aux Vans.


Voir : Banne (Ardèche) et environs, juillet, août 1944.
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Gard, Recensement, Bellegarde, 1936, p. 17. — Mémorial GenWeb. — ANACR-Ardèche. — Geneanet. — État civil, acte de naissance n°32, acte de décès n°11.

Jean-Luc Marquer

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