Né le 18 octobre 1923 à Coulombs (Eure-et-Loir), exécuté sommairement le 13 août 1944 à Villiers-le-Morhier (Eure-et-Loir) ; instituteur-secrétaire de mairie ; résistant FTPF, membre du réseau de renseignements F 2.

Ancienne plaque de l'École normale de Chartres.
Ancienne plaque de l’École normale de Chartres.
Plaque de la mairie de Le Boullay-Mivoie.
Plaque de la mairie de Le Boullay-Mivoie.
Natif de Coulombs (Eure-et-Loir), commune limitrophe de Nogent-le-Roi, Maurice Romain Glédel était le fils de Alphonse Marie Joseph Glédel (1883-1941), cultivateur originaire de Pléchâtel (Ille-et-Vilaine), et de Gabrielle Frosine Herrisson (1888-1964), native de Verneuil-sur-Avre (Eure), cultivateurs originaires de la Sarthe, installés à Coulombs au début des années 1900. Son père (classe 1909, recrutement Rennes, matricule 728) avait participé à la campagne contre l’Allemagne du 3 août 1914 au 30 juillet 1919 dans le 1er régiment d’infanterie colonial ; fait prisonnier au premier jour des combats à Rossignol (Belgique) le 22 août 1914, il était resté en captivité à Ohrdruf (Thuringe, Allemagne) jusqu’au 16 janvier 1919. Après sa démobilisation, il s’était marié le 6 septembre 1919 à Coulombs. La famille déménagea dans la commune voisine de Lormaye (Eure-et-Loir), quand son père conjugua en 1937 le travail de la terre avec le métier de camionneur.
Entré à l’école primaire en 1930 – il portait déjà des lunettes – Maurice Glédel était à 10 ans dans la classe du certificat d’études, diplôme qu’il obtint en 1935 avec de brillants résultats. Il fut envoyé par son instituteur, M. Guillon, au cours complémentaire de Maintenon, où il reçut à partir de 1936 l’enseignement de M. et Mme Pontoire, qui tenaient aussi l’internat. Il fit honneur à son établissement en étant reçu au brevet élémentaire et admis 1er au concours d’entrée à l’École normale d’instituteurs de Chartres en juin 1939. Suite à la déclaration de guerre de la France à l’Allemagne le 3 septembre 1939, les locaux de l’École normale furent aussitôt réquisitionnés pour devenir un hôpital militaire. Les normaliens furent alors logés au n° 9 de la rue Sainte-Même. La « drôle de guerre » marqua la première année de formation de Maurice Glédel, mais tout changea avec le début de l’offensive allemande le 10 mai 1940, qui vit les troupes ennemies envahir la moitié nord de la France et contrôler toutes les côtes de la Manche et de l’Atlantique. Du 6 au 11 juin, les normaliens de 1ère et 2e année – sauf deux – furent requis par le préfet Jean Moulin pour aller à Verneuil-sur-Avre (Eure) effectuer des ouvrages de défense, afin de freiner l’avance ennemie. Partis en autobus, ils atteignirent Verneuil, furent nourris mais couchés à la dure. On ne leur fournit jamais aucun outil pour réaliser des travaux et ils furent finalement renvoyés. Le retour à pied le 11 juin, précipité par les bombardements sur la gare de Verneuil, qui firent 117 tués le 10 juin, fut difficile. Le 12 juin, le directeur de l’école normale renvoya ses élèves dans leur famille. Malgré les exhortations du préfet Jean Moulin, les Euréliens gagnèrent majoritairement le sud de la Loire autour du 15 juin. Les troupes allemandes déferlèrent sur le département, certaines se fixèrent pour commencer aussitôt l’occupation.
Au retour d’exode, Maurice Glédel trouva ses parents sans travail – sans doute restés auprès de sa grand-mère et de son arrière-grand-mère – et demanda un poste d’instituteur intérimaire, demande sans suite. Par la loi du 18 septembre 1940, le gouvernement de Vichy ferma les écoles normales au 1er octobre 1940 et prit des mesures transitoires pour les élèves-maîtres déjà en formation. Sa seconde année 1940-1941 fut occupée par la préparation du brevet supérieur, qu’il obtint le 23 juin 1941. La loi du 28 novembre 1940 organisa la nouvelle formation des instituteurs et la formation professionnelle fut précisée par le décret du 15 août 1941, créant les Instituts de Formation Professionnelle (IFP). C’est dans cette nouvelle structure, mise en place à Orléans (Loiret), siège de la nouvelle unité « région » créée par la récente réorganisation administrative de la France, que Maurice Gledel passa sa dernière année de formation 1941-1942. Il effectua au premier trimestre trois stages pédagogiques dans des classes près de son domicile, successivement à l’école de garçons de Nogent-le-Roi, dans la classe unique de Lormaye, son village, et, sur sa demande, au cours complémentaire de Maintenon, où il enseigna les mathématiques et les sciences : il fut jugé apte à y enseigner. Il perdit son père le 29 novembre 1941 à Lormaye, ceci pouvant expliquer les affectations en stage proches de son domicile. Par la suite, sa mère dut travailler et devint exploitante de carrières, à proximité d’Épernon, célèbre pour ses meules et pavés de grès. L’enseignement s’orientant sous le gouvernement de Vichy vers les applications pratiques, il effectua le stage du second trimestre à l’École pratique de Montargis (Loiret) puis prépara l’évaluation finale à l’IFP d’Orléans. Sportif, il réalisa le stage d’éducation générale et sportive à Reims pendant l’été et obtint au final le certificat de stage. Au bilan, on lui trouva « le caractère renfermé et méfiant ». Il vivait mal le régime de l’occupation et de la collaboration, ce que son instituteur de l’école primaire exprimera plus tard en lui rendant hommage : « Épris d’idéalisme et de liberté, Maurice Glédel supportait mal les contraintes et les vexations de l’occupation […]. Dès sa formation, il était entré dans une organisation de résistance ». Il pourrait s’agir du mouvement national de résistance Les Ardents. En effet, dans son dossier de résistant, on lit : entré en résistance en 1941, 1er mouvement, les Ardents. Bien que créé à Clermont-Ferrand fin 1940, on ne peut écarter l’hypothèse d’influences d’enseignants, de camarades, à l’école normale de Chartres puis à l’IFP d’Orléans.
En juin 1942, Maurice Glédel demanda à enseigner près de sa famille, dans des écoles à classe unique, peut-être intéressé par l’indemnité de secrétaire de mairie s’ajoutant au traitement de l’instituteur. L’enseignant novice de 19 ans fut affecté à l’école à classe unique du Boullay-Mivoye, village de moins de 300 habitants, cultivateurs pour la plupart, à 12 km de Lormaye, poste qu’il accepta et il prit contact aussitôt avec le maire de cette commune, manifestant sa volonté d’être le secrétaire de la mairie. Il signa le 9 novembre 1942 la déclaration sous la foi du serment de n’avoir jamais appartenu à une des sociétés non autorisées, et déclara ne pas tomber sous le coup de la loi du 2 juin 1941 relative au statut des Juifs. Avec l’avis favorable donné le 16 janvier 1943 par l’inspecteur d’académie, le maire de la commune le nomma secrétaire de la mairie. Situation la plus difficile pour un débutant, le jeune instituteur se trouva sans expérience face à une classe mixte de 32 élèves de tous les niveaux. Il découvrit la vie quotidienne de son village en temps de guerre et la vie administrative des citoyens sous la tutelle du maire, dans le régime de collaboration du gouvernement de Vichy avec les Allemands. Il était à même de sentir toute l’emprise de l’administration française sous contrôle militaire allemand par le transit des échanges entre le maire et le préfet collaborationniste Pierre Le Baube, acteur de la répression en Eure-et-Loir de novembre 1941 à janvier 1944. Selon son ancien instituteur, « pendant deux ans il mena une lutte sourde et sans merci contre l’occupant. »
Maurice Glédel tenta donc de concilier le métier d’enseignant débutant en classe unique avec celui de secrétaire de mairie novice, mais peu enclin à collaborer et par contre déterminé à mener des actions concrètes de résistance dans un secteur où celle-ci s’était développée dès 1940, notamment autour de Raymond Hélix, de Villemeux, chef du groupe de FTP de Nogent-le-Roi, qui organisait en 1942 l’évasion de prisonniers. Il fut doublement concerné par la loi du 16 février 1943 mettant en place le service du travail obligatoire en Allemagne, le STO répondant aux exigences allemandes. Il dut en effet préparer pour la préfecture les listes des jeunes de sa commune nés en 1920, 1921 et 1922 (7 jeunes gens identifiés au recensement de 1936). De plus, les instituteurs furent soumis aux mêmes exigences. Les trois premiers à partir en Allemagne pour deux ans, le 12 mars 1943, furent Jacques Douvenot, de la promotion précédant la sienne (rentré en mai 1945), Robert Maupertuis, son camarade de promotion (mort le 15 avril 1945 au camp de concentration de Mauthausen), et Raymond Joseph, promotion 1936-1939 (non retourné en Allemagne après une permission en mars 1944). Par la suite, l’hostilité de la population se développa et les actes de résistance, d’opposition se multiplièrent : les réfractaires furent camouflés en ouvriers agricoles dans des fermes ou gagnèrent les maquis. Raymond Hélix créa ainsi dès février 1943 le maquis de Rambouillet (Yvelines), proche de Villemeux. Maurice Glédel eut aussi entre les mains les cartes et tickets de ravitaillement. Comme d’autres instituteurs-secrétaires de mairie, il organisa le cambriolage de sa mairie en cartes et ticket de ravitaillement fin 1943 pour alimenter les maquis et les aviateurs alliés cachés puis orientés vers des réseaux d’évasion.
En adhérant auprès de Georges Léger, commandant le secteur FTP de Maintenon, il entra dans la résistance active FN-FTPF le 12 juin 1943, dans l’une des cinq équipes de sabotage du département actives du début 1943 à février 1944, celle d’Épernon-Maintenon, après le sabotage du pont de Soulaires à Jouy les 26-27 mai 1943. En effet cette zone comportait un tronçon de ligne Paris-Chartres, qui desservait toute la côte Atlantique de Brest à Biarritz. L’objectif était d’interrompre la circulation des trains de permissionnaires allemands, des trains transportant matériels de guerre, munitions et carburants, ainsi que les matériaux pour la construction et l’équipement du mur de l’Atlantique par l’organisation Todt, des trains de ravitaillement prélevé en France au profit de la population allemande. Suite à l’arrestation de chefs de détachement du secteur de Dreux à Nogent-le-Roi, il fut nommé le 14 octobre 1943 commandant du secteur de Nogent-le-Roi par la commission militaire régionale FTPF siégeant à Maintenon, avec le grade de sous-lieutenant. Quelques jours plus tôt, réagissant à la multiplication des sabotages, la Sipo-SD de Chartres s’était lancée dans une grande campagne de « chasse aux terroristes » dans le secteur de Maintenon-Dreux, qui commença avec le calvaire que les Allemands firent subir au village de Croisilles, proche de Nogent-le-Roi. Ce village fut encerclé le 11 octobre 1943 par près de 300 soldats, qui procédèrent à l’arrestation de 13 résistants capturés sur place, nombre rapidement porté à 19, parmi lesquels se trouvait Raymond Hélix, chef du groupe FTP de Nogent-le-Roi, Aucun ne parla lors des interrogatoires, même sous la torture. Ils sortirent sains et saufs de prison à la Libération. Maurice Glédel lui succéda, commandant un effectif de 40 hommes. Il participa à des actions de sabotages sur des lignes électriques et téléphoniques et sur voies ferrées. Il fut chargé de créer un groupe FTP au Boullay-Mivoye et aux environs. Le 8 décembre 1943, comme à Croisilles, les Allemands, bien renseignés par des provocateurs et dénonciateurs, cernèrent le village de Saint-Martin-de-Nigelles, près de Maintenon, terrorisèrent la population par des coups de feu les obligeant à rester chez eux, perquisitionnèrent les maisons une à une, procédèrent à des arrestations au village et dans les fermes environnantes au sein du groupe FTP. Le 14 décembre, ils récidivèrent au même village et dans les environs de Maintenon. Ce fut le point de départ de l’arrestation de plus de 120 résistants FTP, dont 31 furent condamnés à mort par le tribunal militaire de la Feldkommandantur 544, Abt. B de Chartres siégeant à Fresnes, et fusillés au Mont-Valérien le 30 mars 1944 (voir liste à Maurice Dumais). À ce moment, Maurice Glédel prit conscience qu’il lui devenait difficile de mener de front son enseignement avec ses activités dans la résistance. Il se saisit opportunément d’une occasion fournie par ses relations avec les parents d’élèves, le maire, qui n’avait pas souhaité, semble-t-il, renouveler son arrêté de nomination comme secrétaire de mairie, et son inspectrice primaire, pour demander un congé de convenance personnelle sans traitement que lui accorda sans difficulté l’inspecteur d’académie pour la période du 7 février au 30 septembre 1944.
Le réseau local des FTP fut fortement ébranlé, sans que George Léger ne soit arrêté à cette époque. Avec la proximité du débarquement, les activités se tournèrent vers les parachutages d’armes, la constitution de maquis, le camouflage des aviateurs alliés tombés et leur orientation vers des filières d’évasion, le renseignement. Parallèlement à son activité comme FTP, sans doute également à des collaborations occasionnelle avec le mouvement Libération-Nord, signalées dans son dossier de résistant en troisième position, mais non homologuée, Maurice Gledel, qui connaissait parfaitement son secteur géographique, ses habitants et les occupants, fut recruté le 1er mai 1944 par le réseau F2 comme informateur avec le grade de CM3 et placé dans le sous-réseau METRO, secteur TOTO, sous-secteur AVIATION. Il s’agissait d’un réseau de renseignements franco-polonais relancé par Londres en février 1943 autour du major polonais Piatkiewicz, qui était à Nice, en liaison avec les services secrets britanniques à Londres. Le secteur TOTO, ou secteur de Paris, était dirigé par l’ingénieur Bernard Chaudé, qui créa en novembre 1943 un sous-secteur spécialisé dans l’aviation, afin de surveiller l’activité des aéroports et des camp sd’aviation. Maurice Glédel prit comme pseudonyme Lebel, enregistré sous le numéro 6047, et intervint comme agent P1 (activité permanente). Il fut chargé de former un groupe pour toutes questions concernant l’Eure-et-Loir. Parcourant en vélo tout le nord du département, il fournit d’excellents renseignements ainsi que les plans des terrains de Dreux et de Vacheresses-les-Basses, et communiqua l’ordre de bataille de la vallée de l’Eure. Il transmettait aussi les déplacements des convois militaires allemands vers la Normandie. Il réalisa plusieurs liaisons à pied jusqu’à Rambouillet (30 km aller-retour). Son chef le trouvait intelligent courageux et dévoué, mais, écrivit-il, il n’eut pas le temps de donner toute sa mesure.
En effet, alors qu’une partie du département était déjà libérée et que l’armée américaine, avec l’aide des FFI, s’approchait de Chartres, Maurice Gledel rencontra le 11 août 1944 Josiane Amiel, âgée de 18 ans, une de ses connaissances et amie de Saint-Laurent-la-Gâtine, qui travaillait comme femme de chambre chez des SS de la Sipo-SD de Chartres installés à la Maison-Blanche à Villiers-le-Mohrier, à 5 km de Nogent-le-Roi, enceinte de plusieurs mois d’un soldat allemand. Il lui demanda, selon elle, des renseignements sur un dépôt de munitions et lui conseilla de quitter les Allemands si elle ne voulait pas être tondue à l’arrivée prochaine des Américains. Le lendemain 12 juin, dénoncé aux SS par Josiane Amiel, ou, selon elle, par une certaine Marguerite à qui elle aurait présenté Maurice Gledel comme un dangereux terroriste, il fut arrêté le 12 août, porteur d’un pistolet que son père avait pris à un Allemand. Il ne chercha pas à fuir et fut emmené à la Maison-Blanche, où il fut incarcéré et interrogé en étant brutalisé, flagellé, sauvagement torturé. Selon les rapports : « Torturé d’une façon effroyable […] et mis en présence d’agents arrêtés qu’il connaissait, a nié les connaître, leur sauvant ainsi la vie ». L’inquiétude grandit dans les jours qui suivirent en l’absence de nouvelles à son sujet. Nogent-le-Roi fut libérée par les Américains le 15 août 1944. Son corps, à peine enterré méconnaissable en raison des sévices subis, au visage notamment, fut retrouvé le 26 août sous la digue qui borde la Drouette, affluent de l’Eure, au lieudit « Le Bois de la Halle ». On estima que sa mort était intervenue 13 jours plus tôt, soit le 13 août 1944. Aucun journal n’étant en mesure de paraître à cette période, sa famille envoya des faire-part pour annoncer ses obsèques qui se déroulèrent le 30 août à Nogent-le-Roi. Dans la commune du Boullaye-Mivoye, son seul et unique poste, une souscription fut aussitôt organisée « en faveur de notre camarade Maurice Gledel ». Elle rapporta 1.795 F et le nom des 47 donateurs fut publié le 6 septembre dans L’Action Républicaine, journal de Dreux reparu depuis le 23 août. Josiane Amiel, qui était recherchée par les FFI depuis la libération de Nogent-le-Roi le 15 août 1944 pour dénonciation et intelligence avec l’ennemi, fut arrêtée vers le 15 octobre 1944 par les gendarmes et incarcérée. L’affaire fut jugée par la Cour spéciale de justice d’Eure-et-Loir à l’audience du 28 juin 1945. Elle reconnut les faits et dit avoir rapporté les propos de Maurice Glédel à un sous-officier allemand qui l’avait interrogée. Le commissaire du gouvernement constata le crime d’intelligence avec l’ennemi et requit les travaux forcés à perpétuité. Après la plaidoirie de son avocat, qui avait en mains quelques lettres d’amour de Maurice Gledel à Josette Amiel et qui évoqua les tentations et erreurs de jeunesse de cette jeune femme, la Cour la condamna à 20 ans de travaux forcés et à 10 ans d’interdiction de séjour.
Le décès de Maurice Glédel fut enregistré à la mairie de Villiers-le-Morhier le 28 août 1944 à 10 heures sous la forme : « nous avons constaté le décès paraissant remonter à treize jours […]. Son corps a été trouvé sur le territoire de la commune au lieudit Le Bas de la Halle […] ».
Le cachet « Mort pour la France » y a été apposé ultérieurement, sans mention de date. La transcription sans mention marginale sur le registre d’état civil de Lormaye a été effectuée le 5 octobre 1944. Toutefois, le faire-part d’avis de service et inhumation de Maurice Glédel fut établi avec la mention « Mort pour la France ». Il a été inhumé le 30 août 1944 à Nogent-le-Roi, dont le conseil municipal décida début octobre son inhumation définitive dans l’une des tombes au pied du monument aux Morts (cérémonie du 16 octobre 1944), tandis que le nom de Maurice Glédel était attribué à l’ancienne rue d’Hérode.
On retrouva plus tard chez sa grand-mère un plan et une description du camp de munitions de Senonches portant la date du 5 mai 1944, sur lequel il avait indiqué avoir reçu l’aide d’un ouvrier ayant travaillé dans ce camp. On apprit par sa famille qu’il cachait des documents dans le mannequin de couture de sa mère. Il se cachait en changeant souvent de domicile, tantôt chez sa mère, ou chez sa grand-mère ou encore chez Mme Pontoire, l’institutrice qu’il avait connue au collège de Maintenon. Il se cachait aussi dans les bois, où il était ravitaillé par des amis de sa famille. Plus récemment, on a retrouvé un plan et la description du camp d’aviation de Dreux, avec la piste en voie d’achèvement. Selon le témoignage qu’apporta en 1945 Jules Divers, de Clévilliers, FFI responsable de Secteur-Nord, Maurice Glédel assurait la diffusion de journaux clandestins, le placement de réfractaires, la fabrication de faux papier et il procéda à la coupure d’une ligne téléphonique allemande. Il aurait donné des indications sur le parc de munitions de Maintenon ayant permis l’un des bombardements de ce site.
Maurice Glédel a été homologué FFC et cité à l’ordre de la division par le général De Gaulle, chef des Armées, le 10 novembre 1945. Le certificat d’appartenance aux FTPF, délivré à titre posthume le 8 juin 1946, confirme son adhésion le 12 juin 1943 et sa nomination au grade de sous-lieutenant, chef de détachement à Nogent-le-Roi à compter du 14 octobre 1943 et délivre un avis favorable à la reconnaissance de ses services du 12 juin 1943 au 12 août 1944. Il a été homologué FFI, grade d’assimilation sous-lieutenant, à titre posthume par décret du 14 novembre 1946 pour prendre rang le 1er juin 1944 (JO du 28 novembre 1946). Il a été reconnu Interné résistant pour la période du 12 août 1944 au 13 août 1944 avec le grade de sous-lieutenant décerné au titre des FFC (carte n° 1.20108029 du 3 février 1945 délivrée à Mme Glédel Gabrielle à Lormaye (Eure-et-Loir).
Il a été cité à l’ordre de la division par décision n° 1312 du Général de Gaulle, président du Gouvernement Provisoire de la République Française, chef des Armées, en date du 10 novembre 1945 : « GLEDEL Maurice, D.G.E.R. [Direction générale des études et recherches créée en novembre 1944 et regroupant la DGSS et tous les réseaux de résistance ayant servi à fournir des renseignements] : « Agent de S.R. [service de renseignements] en territoire occupé par l’ennemi ; a fourni des précisions remarquables sur l’ordre de bataille ennemi ainsi que sur plusieurs terrains d’aviation. Chargé de constituer un secteur dans sa région, a déployé un zèle et une activité qui forçaient l’admiration de ses chefs. Bon esprit, très courageux, avait sollicité un congé de son administration pour pouvoir se consacrer entièrement à sa tâche d’officier de S.R. qu’il menait avec une parfaite compétence. Arrêté le 14 août 1944 par les Allemands et torturé d’une façon effroyable, a résisté héroïquement à toutes les tentatives pour le faire parler, mis en présence d’agents arrêtés qu’il connaissait, a nié les connaître, leur sauvant ainsi la vie. Présumé mort des suites de ses tortures le 17 août 1944 ». Ces citations comportent l’attribution de la Croix de guerre avec étoile d’argent.
Il est titulaire de la Médaille de la Résistance à titre posthume.
Il a été nommé au grade de Chevalier dans l’ordre de la Légion d’Honneur à titre posthume par décret du 7 novembre 1958 signé du Président de la République : « GLEDEL Maurice, Sous-Lieutenant, magnifique patriote, membre des Forces Françaises Combattantes. Arrêté pour faits de Résistance le 13 août 1944 est mort glorieusement le même jour ». Cette nomination comporte l’attribution de la Croix de Guerre avec palme à titre posthume, elle annule les citations accordées antérieurement pour les mêmes faits. Elle ne comporte pas l’attribution de la Médaille de la résistance à titre posthume, l’intéressé étant déjà titulaire de cette décoration ».
Son nom est inscrit sur le monument aux Morts de Nogent-le Roi (Eure-et-Loir) car la commune de Lormaye, où il était domicilié, ne possède pas de monument aux Morts. Une plaque commémorative avait toutefois été apposée à Lormaye en août 1945. Son nom figure sur la plaque commémorative des instituteurs et institutrices d’Eure-et-Loir 1939-1945 dans l’ancienne école normale d’instituteurs, 5 rue du Maréchal-Leclerc à Chartres (ex-IUFM, ex-ESPE). Une rue porte son nom dans chacune des communes de Coulombs, Lormaye (1945), Nogent-le-Roi (1944) et Villiers-le-Morhiers. La nouvelle école maternelle de Coulombs a été baptisée « école Maurice Gledel » en 1982 par le regroupement pédagogique de Senantes, Saint-Lucien, Coulombs et Lormaye. Une place Maurice Glédel a été inaugurée au Boullay-Mivoye le 14 juillet 1990. Une stèle a été érigée à proximité du lieu où son corps a été retrouvé le 16 septembre 2017 à Villiers-le-Morhier.
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Eure-et-Loir, dossier d’instituteur 91 W51 , 68 J 49 , 116 W 54 . — SHD, Vincennes, dossier de résistant GR 16 P 259445. – Maurice Roquet (Avant-propos de), La lutte des Francs-Tireurs et Partisans en Eure-et-Loir, Éditeur Association des Anciens FTPF, Chartres, 1945 (ouvrage rare consulté à la Médiathèque « L’Apostrophe » à Chartres). –– Collectif d’anciens résistants, L’occupation et la Résistance en Eure-et-Loir, t. II, La Résistance en Eure-et-Loir, CDDP de l’Eure-et-Loir, 1982. – Abel Le Boy, "Rapport sur l’affaire des fusillés du 30 mars 1944", publié comme supplément au Bulletin de la Société Archéologique d’Eure-et-Loir, n°85, Juillet, Août, Septembre 2005, Mémoires XXXIV-I. – Jean-Jacques François, La guerre de 1939-40 en Eure-et-Loir, t. 4, Éditions La Parcheminière, mars 1998, p. 426-434 . — Jean Medrala, Les réseaux de renseignements franco-polonais, L’Harmattan, 2005. – Jean Pontoire, La Seconde guerre mondiale en Eure-et-Loir et au-delà…, Les éditions du Colombier, 2014, p. 137-139. – Documentation avec photos de Roger Tempête et discours prononcé par M. Guillon, instituteur. – Mémoire des Hommes – Mémorial Genweb. – Mairies de Coulombs, Le Boullay-Mivoye. – L’Action Républicaine : 6 septembre 1944, 9 septembre 1944, 11 octobre 1944, 30 juin 1945. – L’Indépendant d’Eure-t-Loir : 11 octobre 1944, 30 juin 1945. – L’Écho Républicain de la Beauce et du Perche : 13 septembre 1944, 27 juin 1945, 22 août 1945, 30 juin 1945.

Marie-Thérèse Grangé

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