Né le 30 septembre 1913 à Gauchin-Le-Gal (Pas-de-Calais), fusillé par condamnation le 13 septembre 1943 à Arras (Pas-de-Calais) ; mineur ; syndicaliste CGTU ; militant communiste du Pas-de-Calais.

Julien Hapiot
Julien Hapiot
Julien Hapiot, recueilli par l’Assistance publique, fut placé à l’âge de six ans chez des parents nourriciers habitant Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais). Dès sa sortie de l’école primaire, il devint ouvrier mineur et adhéra immédiatement aux Jeunesses communistes et à la CGTU. Homme d’action, Julien Hapiot partit en Espagne pour combattre avec les Brigades internationales ; nommé lieutenant de la brigade « La Marseillaise », il fut sérieusement blessé au poumon sur le front de l’Èbre, regagna la France et fut par la suite réformé. Domicilié à Liévin, il était, en 1939, secrétaire de l’Amicale des volontaires de l’Espagne républicaine de la localité et membre du comité central des Jeunesses communistes.
Mais le personnage de Julien Hapiot prit une grande dimension pendant l’occupation nazie. Entré dans la clandestinité dès les premiers mois de 1940, il y mena une double tâche d’action et d’organisation. Identifié après l’incendie de camions allemands à Vimy en novembre 1940, il mena dès lors une vie d’homme traqué. À la fin de 1940, il était, avec René Camphin, le responsable du PCF clandestin pour le Pas-de-Calais, chargé plus particulièrement de l’organisation militaire.
Placé avec Gustave Lecointe et Nestor Calonne à la tête de la Fédération clandestine du PCF du Pas-de-Calais, il fut l’un des principaux organisateurs de la grève des mineurs de mai-juin 1941. De plus en plus activement recherché, il quitta le Pas-de-Calais pour échapper à la Gestapo et à la police française, mais fut arrêté à Blois (Loir-et-Cher). Interné à la prison de la Santé à Paris, il y fut torturé, puis ramené dans le Nord de la France pour une série de confrontations dans les prisons de Béthune, Cuincy et Arras. Il fut condamné à la peine de mort par contumace par la Section spéciale de Douai dès 1941, puis par le tribunal allemand FK 670 d’Arras le 26 août 1943, pour être fusillé le 13 septembre 1943 à Arras.
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Dernière lettre
 
[Extrait de sa lettre d’adieu du 27 août 1943]
 
A quelques jours de mon exécution, je veux clamer une fois de plus mon amour du grand Parti Communiste. Je remercie tant celui-ci de m’avoir éclairé et donné les connaissances satisfaisantes pour me permettre d’être utile à mes concitoyens. Grâce à lui, mon existence n’aura pas été inutile ; c’est pour moi une réelle satisfaction de savoir que depuis mon adhésion au grand Parti de Lénine-Staline, je n’ai ménagé aucun de mes efforts pour contribuer à l’abolition du régime capitaliste, générateur de guerres et de misères.
Dans la lutte que mènent actuellement le peuple et la jeunesse de France, j’ai conscience d’avoir posé ma brique à l’édification d’une société nouvelle qui libérera socialement notre pays.
Oui, je suis fier, quand je regarde en arrière, d’avoir suivi le chemin tracé par notre glorieux Parti.
Et c’est ce passé que lés tortionnaires de la police vichyssoise, et les bourreaux de la Gestapo m’ont proposé de trahir, comme si la mort n’était pas beaucoup plus douce que la trahison. Si ces scélérats oppresseurs n’ont pas craint de me déclarer que les communistes sont leurs ennemis principaux, les tortures qu’ils m’ont infligées n’ont fait, que renforcer ma conviction que les communistes sont les
champions de la lutte libératrice.
Si je n’ai pas la joie de voir la victoire finale qui est assurée, j’ai tout au moins la satisfaction d’assister aux brillants succès de l’Armée rouge .Tous les
patriotes emprisonnés se demandent pourquoi les Anglo-Américains n’ont pas encore créé un véritable second front européen, mais chacun est certain que l’hitlérisme ne survivra pas longtemps au fascisme italien. Pour ma part, j’affirme à nouveau
mon admiration pour les, combattants et les peuples de l’Union Soviétique...
Un brave camarade de Roeux, Robert Henri, a été-condamné à mort ce matin pour avoir hébergé un courageux partisan. Son attitude est exemplaire, ;
je lui fais repasser les, couplets dé la Marseillaise, car c’est au chant de nos aïeux que nous irons au poteau. d’exécution...
J. : H.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII 4. – Arch. AVER. – Arch. Dép. Pas-de-Calais, M 5221. – Arch. André Marty, D VIII, photographie de sa lettre d’adieu, août 1943. – J.-M. Fossier, op. cit. – Alb. Ouzoulias, Les Bataillons de la jeunesse, op. cit.Lettres de fusillés, Éditions France d’abord, 1946, p. 110-111. — État civil, Gauchin-Légal.

Yves Le Maner

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