Né le 12 juillet 1885 à Biderstroff (Moselle annexée), exécuté sommairement le 3 avril 1945 à la périphérie de Weimar (Thuringe, Allemagne) ; prêtre antinazi ; résistant.

Curé d’Ancy/Moselle (Moselle annexée), Louis Jacquat dut évacuer le 5 septembre 1944 avec la population vers Metz dans le cadre de la mise en défense de la ville. Voulant mettre en sécurité son ciboire dans une église de la banlieue messine, sa pérégrination le conduisit à Woippy où il fut embarqué pour la Thuringe, loin de ses paroissiens mais avec d’autres Mosellans. Il arriva le 7 septembre à Scheibe-Alsbach (Thuringe (Allemagne).
Alors qu’il s’apprêtait à retourner en Moselle sur la demande du vicaire général car ses paroissiens y étaient restés, la police criminelle l’arrêta le 30 octobre 1944 et le conduisit à la Gestapo d’Erfurt. Selon l’acte d’accusation du Volksgericht de Berlin du 20 janvier 1945, il aurait eu l’intention de prêcher en français dans l’église évangélique de Scheibe-Alsbach. Il avait aussi tenu des propos antiallemands tel que « Hitler portait en grande partie la responsabilité de la guerre totale actuelle. C’est le Führer qui a commencé les bombardements massifs. » L’acte d’accusation retint : « tentative de désagrégation de la puissance militaire allemande. » valant condamnation à mort selon les lois allemandes en période de guerre (Reichsgesetzblatt, 1939, part. I, p. 1455-1457).
Interné à la prison de Petersberg, transféré à la prison de Weimar le 29 novembre 1944, il aurait dû comparaître devant le Tribunal du Peuple de Berlin en mars 1945 avec des réquisitions de non-lieu. Mais au cours d’un bombardement, une grande partie du dossier judiciaire fut détruit et la date d’audience fut ajournée. Le 31 mars 1945, la prison fut bombardée permettant à certains de s’enfuir. L’abbé Jacquat ne fut pas du nombre. Craignant l’arrivée des Américains, une réunion d’urgence de la Gestapo sous la présidence de l’Obersturmbannführer Hans Helmut Wolff décida que les détenus encourant la peine de mort seraient exécutés. Au total, 149 détenus furent livrés à la Gestapo, emmenés par petits groupes dans un bois à la périphérie est de Weimar, le bois de Webicht, et tués par balles. Les corps furent entassés dans trois entonnoirs laissés par les bombes. Le corps de Louis Jacquat fut l’un des derniers à être déposés dans le plus grand des trois entonnoirs. Les corps furent exhumés au début de l’été 1945 et emmenés au cimetière de Weimar. Les restes de Louis Jacquat furent incinérés le 14 juillet 1945 et l’urne fut déposée dans la chambre funéraire du cimetière municipal. Transférée en France, conservée au fort Ney à Strasbourg, elle fut inhumée le 8 octobre 1958 dans la nécropole du Mémorial national de la déportation du Struthof (Bas-Rhin) sous la tombe N°55, troisième rangée, section J.
Une rue à Ancy porte son nom qui figure également sur le monument aux morts, à Ancy-Dornot (Moselle). Une plaque commémorative est placée dans l’église avec la citation suivante : "Hommage reconnaissant à Mr l’Abbé Louis JACQUAT - curé d’Ancy 1927 - 1945 † le 3 avril 1945 dans les geôles de Weimar (Allemagne) victime de sa foie religieuse et patriotique. Le zèle pour la maison de Dieu le consumait Ps 68 R.I.P."
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Sources

SOURCES : Christine Herzog, "Vie et mort de l’abbé Louis Jacquat en Thuringe dans les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale", in Revue d’histoire de l’Eglise de France, tome 105, n°255, Paris, juillet-décembre 2019, p.331-351.

Philippe Wilmouth

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