Né le 10 août 1876 à Choques (Pas-de-Calais), exécuté le 26 mai 1940 à Marquillies (Nord) par les gendarmes français  ; mineur de fond ; militant communiste ; maire-adjoint de Bouvigny-Boyeffles (Pas-de-Calais)

À pas confondre avec Maurice, Louis Patou, syndicaliste de la région de Valenciennes (Nord), ni avec le comédien Maurice Patou (qui joua notamment dans la pièce de Robert Hossein, Seznec : un procès impitoyable, 2010).

Fis d’Henri Patout, alors terrassier âgé de trente-cinq ans, et d’Élise Laroche, âgée de trente-trois ans, Maurice Patout naquit au domicile de ses parents, au 6 Grande-Rue à Chocques (canton de Béthune). Il se maria le 16 août 1902 dans la même commune, avec Florine, Marie Vasseur. Le couple eut quatre enfants : trois garçons et une fille.

Orphelin de père et exerçant alors la profession de mineur, Maurice Patout fit son service militaire au 110e régiment d’infanterie, affectation qu’il rejoignit le 13 novembre 1897 (matr. 8010). Soldat-musicien, il fut renvoyé dans ses foyers le 23 septembre 1900 et classé dans la réserve le 1er novembre suivant. On le rappela néanmoins pour une période d’exercices au 73e régiment d’infanterie de Béthune, du 22 août au 18 septembre 1904 ; il fut dispensé pour la suivante, en 1907.
Il demeurait alors à Sains-en-Gohelle (Pas-de-Calais) depuis le 1er juillet 1903, au n° 139 de la fosse n° 10 (où il travaillait très probablement).

Maurice Patout fut mobilisé, et arriva à son corps de réserve le 3 août 1914. D’après l’historique publié après l’armistice, le 73e RI appartenait à la Ve armée commandée par le général Lanrezac. L’unité débarqua le 5 août à Hirson (Aisne), à proximité de la frontière belge, et se dirigea dans le secteur de Rocroi (Ardennes) avant de rejoindre Couvin (Belgique). Le 13 août 1914, le 73e RI eut à interdire le franchissement de la Meuse, en défendant plus précisément les ponts de Dinant et Bouvignes (Belgique, prov. de Namur) à partir du 15 et pendant toute la semaine suivante. Il se replia progressivement vers Saint-Gérard, dans le secteur de Charleroi, et participa ainsi à la bataille dans cette région. Le 23, un nouvel ordre de repli le fit refluer vers Dinant, puis Rocroi (26 août). L’unité fit alors mouvement vers l’ouest et gagna le département de l’Aisne, vers Sains-Richaumont et Puisieux (29 et 30 août), où l’armée allemande fut un moment arrêtée par la Ve armée qui défendait le passage de l’Oise, dans le secteur de Guise (Aisne). À la fin du mouvement de retraite sur la Marne, le régiment se battit dans les marais de Saint-Gond (Marne), près de Fère-Champenoise, entre les 5 et 9 septembre 1914. Il reprit Esternay (7 sept.), puis entra dans Reims (12 sept.). Il s’installa dans le secteur de Bétheny et Witry-lès-Reims, au nord de la ville, avant d’être dirigé à l’ouest, entre Craonne et Berry-au-Bac.
Compte tenu de son âge, Maurice Patout passa au 5e régiment d’infanterie territoriale le 29 octobre suivant, dont les éléments furent placés dans le Pas-de-Calais, entre Leulinghem et Béthune.
Son âge n’empêcha qu’il soit dirigé le 31 décembre 1914 vers une unité combattante (comme d’autres), au 42e bataillon de chasseurs à pied, dans le secteur de Carency (Pas-de-Calais), à quelques kilomètres au sud de Sains-en-Gohelle. Il fut détaché (sans autre précision) à partir du 8 février 1915, avant de rejoindre à nouveau une unité territoriale le 12 avril 1917, le 47e régiment d’infanterie, alors dans le secteur de Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle). Débarquant à Longpont (Aisne), le régiment rejoignit alors le front en arrière du Chemin des Dames, en juillet, pour être employé à divers travaux d’aménagement (réfection des voies ferrées et chemins, installation de lignes téléphoniques…) et aux besoins du ravitaillement.
Le 21 septembre 1918, Maurice Patout fut condamné par le conseil de guerre de la région militaire du Nord, qui se tint à Boulogne-sur-Mer, à un mois de prison avec sursis et cinquante francs d’amende. Il avait été reconnu coupable d’outrages à agents, mais avec des circonstances atténuantes (non précisées). Cette peine fit l’objet d’une amnistie ultérieure.
Démobilisé, Maurice Patout fut envoyé en congé illimité le 16 juin 1919. Il déclara se retirer à Sains-en-Gohelle. Il reçut la médaille interalliée et la médaille commémorative.

Maurice Patout fut secrétaire de la cellule communiste de Bouvigny-Boyeffles (Pas-de-Calais), commune où il avait pris sa retraite. Il fut élu adjoint au maire de cette commune à l’issue des municipales partielles de 1934 et réélu en 1935. Ayant refusé de dénoncer le Pacte germano-soviétique, il fut déchu de son mandat le 1er octobre 1939 et interné le 6 mai 1940 à Seclin. Lors de l’avancée allemande vers le littoral de la Manche, l’exode des régions septentrionales s’amplifia et même temps que les suspicions. C’est dans ce contexte que le 26 mai 1940 des gendarmes abattirent les prisonniers communistes qu’ils étaient chargés de convoyer.
Aucun élément n’a permis, pour l’instant, de reconstituer la liste des victimes, d’en connaître le nom et même leur effectif. On sait seulement que Maurice Patout en faisait partie, ainsi que François Süe. Aucun monument particulier dans la commune ne permet de rappeler l’événement. Le nom de Maurice Patout apparaît cependant à Bouvigny-Boyeffles (Pas-de-Calais), sur le monument aux morts et une plaque commémorative 1939-1945 dans l’église Saint-Martin de la localité. Il a été donné par la municipalité à la place principale de la commune (place Patou), sur laquelle donne la mairie.
Sources

SOURCES : Arch. dép. Pas-de-Calais, registres matricules, 1 R 8138 (cl. 1896 ; matr. 3014) ; M 5142. — Yves Le Maner, « L’invasion de 1940 dans le Nord-Pas-de-Calais », Revue du Nord, tome 76, n° 306, juillet-septembre 1994. p. 467-486 (p. 475 pour le fait concernant Marquillies). — Historique du 73e régiment d’infanterie pendant la guerre 1914-1918, éd. Berger-Levrault, s.d. (consulté en ligne le 27 avril 2022). Historique du 5e régiment d’infanterie territoriale pendant la guerre 1914-1918, impr. Dumoulin, Paris, 1920 (consulté le 27 avril 2022). 42e BCP, libr. Chapelot, Paris, s.d. (consulté le 27 avril 2022). Historique du 47e RIT, éd. Berger-Levrault, s.d. ([consulté le 27 avril 2022-#https://argonnaute.parisnanterre.fr/ark:/14707/a011403267963XXO1pp/f74985bd80]). — Site Internet : Mémorial GenWeb. — État civil de Chocques (Arch. dép., 5 MIR 224/4, f° 1106). — Notes de Céline Stryve, son arrière-arrière petite-fille, avril 2022. — Renseignements fournis par la mairie de Bouvigny-Boyeffles.

Claude Pennetier, Frédéric Stévenot

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