Le 21 mai 1944, les troupes de la division de blindés SS "Das Reich" exécutèrent 15 civils à Frayssinet-le-Gélat, village soupçonné d’accueillir à tort une réunion de maquisards.

Monument de Frayssinet-le-Gélat en hommage aux victimes
Le 21 mai 1944, vers 17 heures, deux colonnes de la Division de panzers SS "Das Reich" venant de Villefranche-du-Périgord (Dordogne) traversèrent le village de Frayssinet-le-Gélat (Lot) et s’arrêtèrent sur la route de Cahors.
A 18 heures 30, une troisième colonne arrivant de Fumel (Lot-et-Garonne) stoppa au cœur du bourg. Toutes les maisons furent fouillées et les hommes rassemblés sur la place du village, les lignes téléphoniques furent coupées. Un soldat allemand ayant été abattu dans une maison, un ultimatum fut lancé. Si dans les dix minutes suivantes la coupable n’était pas dénoncée, tout le monde serait abattu.
La femme de 80 ans Agathe Paillé, trouvée dans la maison où le soldat fut tué fut finalement pendue puis jetée dans les flammes. Les deux nièces de Madame Paillé, Juliette Balet et Marguerite Badourès, furent pendues à leur tour.
Une femme considérée comme folle fut dénoncée par un milicien, Wagner, habitant le village et fut alors abattue par les Allemands.
L’interprète affirma qu’une réunion de "terroristes" devait avoir lieu le soir même au village et attendait des dénonciations sous peine de voir tout le monde fusillé.
Si les habitants connaissaient l’existence de maquis aux environs, maquis Raoul à Caniac-du-Causse, réfugiés FTP de Dordogne à Moncabrier et maquis de guérilleros espagnols à Marminiac, il n’y avait pas de camp de maquisards dans ce village.
Un tri fut fait parmi les hommes.
Dix hommes furent désignés et devaient être fusillés par groupes de cinq à côté de l’église. Ernest Gaston Mourguès, voyant son fils Guy Christian Mourguès, membre des FUJP, dans les désignés, demanda à prendre sa place. Les soldats refusèrent et il fut abattu comme son fils. Dans l’intervalle des deux fusillades, Georges Lafon tenta de s’enfuir. Il fut abattu et son corps mutilé.
Les femmes durent alors rentrer chez elles tandis que les 52 hommes restant allèrent enterrer les victimes dans une fosse commune sous la menace des Allemands. Tous les survivants furent enfermés dans l’église pendant que le pillage du village se poursuivait toute la nuit.
Les trois mouchards du village dont un GMR, furent exécutés peu après par le maquis tandis que le capitaine SS Otto Erich Kahn fut condamné à mort par contumace en 1949 pour ce massacre.
Deux monuments en hommage aux victimes furent ensuite érigés près de l’église.
Liste des victimes :
COUDRAY Edmond
DELMAS Édouard
LAFON Georges
LEMAÎTRE Henri
LUGAN Juliette
LUGAN Marguerite
MARMIER Gaston
MENDES DA COGNA
MOURGUÈS Ernest
MOURGUÈS Guy
MUSQUI Élisée
PAILLÉ Agathe
SOULIÉ Gabriel
VERLHAC Georges
VIDILLES Yvonne
Sources

SOURCES : Ombres et espérances en Quercy, 1940-1945 : les groupes Armée Secrète Vény dans leurs secteurs du Lot, Toulouse, Privat, 1980. — Guy Penaud, La "Das Reich", 2° SS Panzer-Division, Périgueux, La Lauze, 2005. — Mémorialgenweb. — Quercy.net.

Eric Panthou

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