DOMERGUE Charles, Eugène
Né le 22 janvier 1897 à Entraygues, aujourd’hui Entraygues-sur-Truyère (Aveyron), guillotiné après condamnation à mort le 25 août 1943 à Cologne (Allemagne) ; employé au ministère des Pensions ; résistant Armée des Volontaires.
Contacté par René Lhopital, il rejoignit la Résistance en juillet 1940. Sa première activité consista à venir en aide aux prisonniers évadés. En octobre 1940, il participa à la création de l’Armée des volontaires en collaboration avec le commandant Lhopital, Marcel Lamboley, Maxime Belleville et André Donnay. Ils commencèrent immédiatement un travail de recrutement. Il participa également à la création et à la diffusion du journal Pantagruel tout en continuant son aide aux prisonniers évadés par la fourniture de faux-papiers. Adjoint de René Lhopital, Charles Domergue fut nommé chef de l’Armée volontaire pour Paris avant de devenir le chef de la centrale du mouvement à partir d’avril 1941 à la suite de l’arrestation de Lhopital. Sous sa direction, le mouvement prit une nouvelle orientation comme le souligne le procès-verbal du jugement rendu par le Tribunal du Peuple (Volksgerichtshof) siégeant à Trèves : "Sous son influence s’est développé dans le mouvement une forte tendance anti-allemande et un net penchant pour de Gaulle. Ce penchant prit une telle dimension que tout en restant tout à fait anti-communiste l’Armée volontaire modifia néanmoins fondamentalement son caractère dans la mesure où elle devint en même temps clairement un mouvement de résistance contre l’occupant allemand." (Bundesarchiv, R 3017 / 77)
Arrêté une première fois le 27 septembre 1941 par la police française pour aide aux prisonniers évadés, Charles Domergue fut libéré le 25 novembre 1941 et reprit aussitôt ses activités clandestines. La plupart des principaux dirigeants parisiens de l’Armée des Volontaires furent arrêtés en janvier 1942. Charles Domergue arrêté une seconde fois le 24 janvier 1942, par la Gestapo cette fois-ci, fut interné à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne). Le 9 octobre 1942, 45 membres de l’Armée des Volontaires dont Charles Domergue, destinés à être jugés ensemble en Allemagne, furent déportés dans le même transport, le convoi N° I.56., parti de la gare de l’Est à destination du SS-Sonderlager Hinzert. Il fut ensuite interné à Wittlich, près de Cologne, lieu de détention préventive des hommes ""Nacht und Nebel"" venant d’Hinzert et devant être jugés par le Tribunal du peuple. Le 27 mai 1943, un premier groupe fut jugé par le 2e Sénat du Volksgerichtshof siègeant à Trèves. On reprocha à Charles Domerguer d’avoir fait de l’espionnage militaire et notamment d’avoir arrangé une rencontre entre Belleville et un certain Deschamps qui lui remit le dessin d’un compresseur pour un moteur d’avion provenant d’une usine allemande. Le tribunal lui reprocha également d’être venu en aide à des aviateurs évadés de centres d’internement et d’avoir favorisé leur passage en zone libre.
Charles Domergue, André Lalanne-Picard, Philippe Bonny, Marcel Le Pape, Raymond Cousin, Maxime Belleville et Raymond Deiss furent condamnés à mort. André Donnay fut condamné à sept ans de réclusion et René Lhopital à un an de réclusion. Les condamnés à mort furent transférés à la prison de Rheinbach, puis les exécutions par guillotine eurent lieu à la prison de Klingelpütz à Cologne. Charles Domergue, André Lalanne-Picart furent guillotinés le 25 août 1943.
Il obtint la mention « Mort pour la France » et fut homologué Résistant au titre des F.F.C. (Forces Françaises Combattantes) avec le grade de commandant. Il obtint le statut Déporté – Interné – Résistant (DIR). Il reçut à titre posthume la Médaille de la Résistance avec rosette par décret du 23 février 1959.
Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Sainte-Geneviève-sur-Argence dans l’Aveyron.
SOURCES : SHD-AVCC, Caen Cote AC 21 P 122799, SHD Vincennes, GR 16 P 188599 et SHD Vincennes, 1 K 875, carton 3 (Archives de liquidation de l’Armée volontaire, dossiers individuel de Charles Domergue) — Arch. Dép. Aveyron et Paris (état civil, registre matricule). — Musée de la Résistance en ligne, photographie et notice de Fabrice Bourrée. — Musée de la Résistance et de la déportation de Besançon, fonds de l’Abbé de la Martinière (synthèse du procès des membres de l’Armée volontaire devant le tribunal du peuple réalisée par Olga Wormser). — Bundesarchiv, Berlin, R3017 / 77 (Tribunal du Peuple. Acte d’accusation contre dix membres de l’Armée volontaire). — Base Léonore des membres de la Légion d’honneur dossier LH/786/49. — Site internet de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation. — Mémoire des Hommes. — Mémorial genweb.
Fabrice Bourrée, Michel Thébault